La vie n'est pas rose. Mais il serait stupide de déclarer qu'elle est noire. Non, la vie est colorée, elle est pleine de nuances qui dépendent des journées et des sentiments que l'on ressent. Pour moi, la vie était aux couleurs claires et fades, teinte du gris de l'ennui, du bleu clair de la lassitude et du blanc des nuages qui couvraient le triste ciel insipide de ma vie.
J'avais quelques amis, bien que je sois de nature plutôt solitaire. Peut-être parce que j'étais au fond un peu timide ? Le regard des autres m'a toujours fait douter de moi et à cause de cette fuite perpétuelle du jugement, j'ai fini par m'isoler, ne supportant plus de ne pouvoir être celui que je suis. Je traînais tout le temps avec une fille du nom de Louna et son cousin, Chris. A nous trois, nous ne parlions pas beaucoup, mais ça nous allait. Nous vivions paisiblement notre solitude à 3. Ma vie morne m'allait, bien que me lassait parfois.
Malgré tout, mon monde avait tout de même une légère nuance, une petite tâche de couleur dans mon monde gris. Une petite étoile dorée, comme les paillettes de ses yeux. Ceux d'Adrien David.
Il était différent, heureux, son monde était d'acrylique, rayonnant de rires. Il était, de son regard, le pinceau qui créait un monde aux camaïeux harmonieux. Et moi je rêvais d'être la toile sur laquelle il balayerait ses iris noisette.
Mais je suis dans la vraie vie, celle qui blesse. Dans cette vie, Adrien est une étoile, une vraie. A des millions de kilomètres de moi. Mais c'était mon étoile. Celle qui brillait dans mon ciel monotone. Quand il passait devant moi, généralement en courant, il était comme une étoile filante. Et alors je ne pouvais m'empêcher de souffler un vœu à voix basse.
La première fois que j'ai rencontré Adrien c'était il y a un an. Je fais partie du club d'art depuis mon admission au lycée. Le dessin est toute ma vie, à dépit d'avoir un monde coloré, j'étalais mes couleurs sur tout ce qui me passait sous la main. Et il y a un an de ça, j'avais perdu mon inspiration. Je m'étais tellement exprimer que je n'avais plus rien à dire. Ce jour-là, je déambulais, vide, sans envie aucune d'entrer en salle d'art. Pourtant, dès que j'ai ouvert cette porte, la première chose que je vis ce fut une pluie de paillettes dorées.
« -Ha Luc, salut ! Fit la voix lointaine d'Holy, la présidente du club
-Bonjour... Chuchotai-je en un souffle »
Les iris en face de moi continuaient à me regarder, sans faillir. Ne pouvant plus supporter d'être aussi troublé par un regard. Je me mis à regarder le reste du visage, une chevelure châtain, un large sourire, une peau blanche et dans le creux de son sourire, un grain de beauté. Comme les mouches que se mettaient les femmes au XVIIème siècle. J'ai fait mes recherches depuis, celle qu'il a s'appelle l'enjouée. Ça lui va bien, c'est exactement ce qu'il est. Mais à ce moment-là je ne le savais pas, je ne savais même pas son nom. Je savais juste, à ce moment précis, que ses prunelles avaient marqué mon âme à l'encre de chine.
« -Luc ? Alors tu es un garçon. Ria légèrement sa voix grave
-C'est vrai que Luc est très androgyne. Mais c'est un peu déplacé de dire ça Adrien ! Répondit la jeune femme alors que je regardais mes pieds, rouge pivoine. »
D'aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours troublé mon entourage avec mon physique particulièrement androgyne. Je n'étais pas très grand, tout fin, avec les traits assez délicats. J'aurais fait une plus jolie femme qu'homme, malheureusement.
« -Je ne voulais pas te gêner. Excuse-moi. Fit-il doucement, sentant mon désarroi
-J'ai l'habitude, c'est rien. Lui dis-je d'une petite voix »
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Il était un bal
Teen Fiction"Et si, pour une fois, à ce bal de promo de ce lycée quelconque, tu décidais d'ouvrir les yeux, de regarder autour de toi et de voir les millions de fils qui relient tellement de destins entre eux, dont le tien. Et peut-être, verras-tu que les conte...