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En remontant au plus loin dans mes souvenirs, j'ai pu me remémorer, revivre avec précision, une scène anodine de mon enfance. Ce moment, qui pourtant n'avait de sens particulier, de fond, reste ancré dans ma conscience comme aucun autre.
J'ai 25 ans et je ne peux plus marcher. Pour guérir, je dois travailler sur ce dont je n'ai pas le sentiment d'avoir d'impact, sur ma voix intérieure, mon inconscient, mon âme, mon vrai moi. Celui qui est l'enfant dont je me souviens. La petite fille sur le point de fêter ses 4 ans, accoudée au chauffage en fonte de sa maison d'enfance. Je dois partir à la recherche des sentiments de cette fillette sage, impatiente, détendue.
Mon premier souvenir est doux, il sent bon le Dop, il faisait beau, pourtant, je fêtais mon anniversaire en novembre. La lumière était agréable et les grands simple vitrages de la chambre de mes parents laissaient passer l'air de l'extérieur. Le carrelage à damier jaune et marron vintage était chaud, je ne sais plus si j'avais les pieds nus, je ne pense pas, ma mère était protectrice, elle ne m'aurait pas laissée prendre froid. Je me répétais sans cesse "je vais avoir 4 ans", comme un mantra. J'aimerais avoir 4 ans, être pressée d'accueillir mes amis, dans l'attente de recevoir mes cadeaux, ceux que l'on fait d'usage, des Polly Pockets, des Barbies peut être. Ma grand mère m'a justement dit que cet après midi, en faisant du tri, elle avait retrouvé de vieux jouets.
Cette petite fille qui est au plus profond de moi même serait ma protectrice. De quoi cherche t'elle à me protéger ? Pourquoi me préserver ?
J'ai peur, je n'ai plus peur de ne pas marcher, j'ai peur de la décevoir. Elle ne s'imaginait pas dans cette situation, ce n'est pas ce qu'elle voulait. Il y a eu des raisons à ça. J'aimerai mettre le doigt sur ce qui a pu me conduire à une telle démarche, chaloupée anciennement, abîmée voire inexistante maintenant. Le travail sera long, difficile, mais bénéfique. J'ai rendez vous mardi chez un hypnothérapeute. Des thérapies "alternatives" m'ont déjà aidée mais je n'étais pas soignée.
La douleur est revenue plus présente que jamais ces derniers jours. Les tendons sont toujours plus rétractés et mon genou est toujours raide. Je suis raide, ou plutôt, une partie de mon corps est raide. Pourtant je suis détendue. En tout cas j'ai l'impression de l'être.
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Chroniques de la douleur
SpiritualToute sa vie, elle a été debout, elle avait même une certaine facilité à faire tourbillonner ses hanches quand la musique se faisait entendre. Elle était pleine de vie, puis, elle a perdu sa mobilité. Aujourd'hui incapable de retrouver une démarche...