Il devait se pincer pour y croire.
Cela valait une fortune. C'était le GRAAL de certains collectionneurs.
D'une voix faible et sans prêter attention à un Gregor qui le tirait par la manche,il interpella la vendeuse:
- Combien pour celui-là ?
La dame eût une moue.
- Cinq euros.
Gregor allait intervenir...
- Mais...
Sans attendre, Roland regarda le vinyle puis en le réinsérant dans la pile murmura :
- Deux ! Regardez, la pochette est abîmée. Il y a des taches sur l'étiquette du disque. Et ce nom Rosalie sur la photo...
La dame regarda son interlocuteur et après quelques secondes soupira :
- Trois.
Roland sourît et déposa trois pièces dans la paume de la Rousse.
Celle-ci lui prît l'objet de sa convoitise après l'avoir passé devant un objet bourdonnant ressemblant vaguement à un scanner.
- Comme ça, je sais que je l'ai vendu et pas égaré, vous comprenez. C'est relié a l'ordinateur ! En tout cas, Merci et bonne écoute. l
Elle porta son attention à une cliente attirée par une paire de boucles d'oreilles.
Sans prêter attention aux effluves de bière, frites et merguez, Roland gagna la sortie de la brocante rurale à pas redoublés, suivi d'un Grégor essoufflé et indigné.
- C'est dégueulasse ce que tu fais, ce disque vaut au moins cent fois plus !
Roland en ricanait encore:
- Sûrement mille et peut-être plus. Le disque doit être impeccable. Pas une rayure !
En fait, Il connaissait déjà des collectionneurs qui allaient se l'arracher. Une dizaine de milliers d'euros, pour le moins. Et comme début de mise à prix !
En se disputant, ils étaient parvenus à leur voiture alors qu'une petite brume commençait à tomber, rendant indistinctes les stands de la braderie.
- Et toi alors ces « Garry Dickson » que tu as payé 20 euros, ils n'en valent pas 40 ou 50 ?
- Harry Dickson ! Et le gars était plutôt content de me les vendre ! Je n'avais pas discuter de son prix ! Mais dans ton cas, c'est pire! La dame risque de ne pas être contente, le jour où elle s'apercevra du vrai prix de pirate !
Au même moment une robe vichy aux reflets roux leur barra le passage. Un grand escogriffe aux cheveux gris l'accompagnait.
- Escroc ! Ce monsieur m'a montré des documents ! Cela vaut au moins 30000 !
Le doigt tendu désignait le disque.
- C'est la réderie, Madame ! Vous avez accepté mon prix. Rien à redire.
Le type dévisagea les deux compères puis regarda Roland et ajouta.
- Vous avez volé cette pauvre dame. Vous avez fait de votre passion un entreprise d'estampage et de bénéfices faciles. Vous allez le regretter.
Et il ajouta en regardant Grégor.
- Et faîtes attention, vous aussi.
Ironique,Roland haussa les épaules.
- Bonne fin de journée et merci.
Son copain regarda un instant le vieux.
- Que voulez vous dire avec vos menaces ? Vous vous croyez dans un roman avec jeteur de sorts L'ancêtre pencha son visage sur son interlocuteur :
- Et vous , vous y croyez n'est ce pas ? Tous ces livres que vous accumulez, ce n'est pas une manière de vous rassurer, hein ?
Roland éclata de rire et entraîna son ami...
- Allez laisse ce cul-terreux, il est temps de rentrer !
Pour toute réponse le vieux leva un long bâton noueux vers le ciel et ajouta d'une voix égale :
- Eh bien subis le poids de ta passion ! Sois maudit! Punis soient les margoulins et les incroyants!
Grégor suivît son ami sans oser se retourner.
Ils s'engouffrèrent dans l'antique Clio et Roland en mettant le contact éclata de rire et enchaîna.
- On dirait un de tes débuts de roman à la noix. Le vieux sorcier qui maudît le citadin qui sz croit trop malin ! Il ne manquait plus que le tonnerre et les éclairs !
- Ouais, en attendant il t'a jeté une malédiction. Je n'ai pas aimé son ton !
Le copain ricana en gagnant la sortie de la petite bourgade.
- Une belle anecdote. Tiens si tu écrivais, cela ferait un joli petit début...
-Et des fantômes? Et les remords?
Roland éclata de rire en démarrant.
- Tu devrais arrêter de lire tes trucs à deux sous.
- Et toi, fais attention à la route, il y a une espèce de brume . On ne voit plus rien.
- J'y comprends rien, il faisait beau tout à l'heure ! Ah,on est bien en Picardie !
La brume avait laissé la place à une espèce de brouillard derrière lequel la lueur aveuglante du soleil matinal empêchait la vision des panneaux indicateurs. Quand au GPS, il avait déclaré forfait.
Roland faisait la grimace . Il hésita un moment puis s'engagea sur une route assez large,certes mais dont les bas-cotés étaient envahis d'herbe folles.
Il ne voyait rien. Nerveux, il alluma, l'auto-radio .
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La Malédiction ou Méfiez-vous du Rock'n'roll
ParanormalUne histoire fantastique pleine de rock et de fantômes. Un achat inconsidéré. Une ville bizarre.