Le lac est un bon endroit pour mourir. Les mots se répercutèrent dans tout mon œsophage comme si l'on avait jeté une pierre dans des flaques, et des traces rondes naquirent. Je pus alors retrouver mes sensations oubliées, lacis lancinant, lacérant tout comme la courbe de tes cils frangés de velours blond. Tu me manques.
Je vois les désastres de ma vie, mes pas s'enfoncent dans une terre humide et soupire. Tu me regardes de tes yeux brillants et je vois les vestiges de mon enfance, persuadée d'être une petite fille, clapotis clapotant les pieds trempés. Les longs cheveux, jaunes et terreux, couchées auprès du ciel, le regard ouvert comme l'éclosion d'une fleur. Mais le froid revint, le temps a avalé mes peurs, mes côtes, je suffoque. Le cœur humide et les yeux bouffis.
Je suis le visage du matin, le démembrement de l'aube, l'épine creusée, la lettre envoyée en l'air qui n'arrive jamais. Je suis une seule et même personne composée de plusieurs fragments, noir, gris perle, rose, écarlate... sous la peau d'une âme enfantine. Un peu de larmes sous l'oreiller, une peau de larmes dans la vêprée. Personne ne pense que les morts se trouvent autre part que sous terre ; et nul n'autorise à dessiner son tombeau. Mais j'ai créé le mien. Il est là, autour de vous. Chaque vide dont vous souffrez, chaque angoisse, chaque complainte. Les morts vivent, ne ressentent rien, observent le désastre. Les morts vivent sous le ciel bleu et morne. Ils habitent sous le son strident du vent sous les volets, sous les cœurs que l'on a mutilés. Les morts vivent, je vous en supplie, les morts vivent.
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Feuillages
PoetryJe n'ai pas d'histoire, juste un moment, le passage d'une vie sous vide. Baigne-toi dedans.