« Il est triste de jouer à cache-cache dans ce monde où l'on devrait se serrer les uns contres les autres.»
Jean Cocteau
Et si dans votre monde se trouvait votre âme soeur... quelque part qui vous cherche aussi. Et si votre seul indice pour la trouver serait ce tatou sur votre peau, ces arabesques et torsades qui vous émeuvent depuis toujours. Que seriez-vous prêt à faire pour la trouver ? Jusqu'où iriez-vous ?
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Dans mon monde, chaque être naît avec un tatouage sur le corps. Cette marque unique, formée de dessins, de mots ou de phrases, incrustée à même la peau, nous suit tout le long de notre fil de vie.
D'une couleur variable, l'énoncé gravé n'est visible que par le porteur à moins qu'il ne se dissimule dans un lieu obscur de son anatomie, alors... même lui l'ignore. Ceux qui ne trouvent pas l'emplacement de leur tatouage en font très vite une obsession. Certains s'en blessent ou en meurent...
Pour chacun de nous, se connaître, c'est découvrir et assister à l'évolution de ce tatouage qui déterminera l'instant le plus important de notre Vie. En effet, cette fresque épidermique, si élégante et soignée, représente les premiers instants de la future rencontre avec notre âme sœur. Dès notre plus jeune âge, avant même d'apprendre à lire et écrire, ce dessin sur notre peau nous intrigue et nous impressionne au plus haut point. Du même coup, il nous apporte paix et sérénité, car, il nous prouve que quelque part, un être est là juste pour nous.
Le mien est sur mon bras gauche. Je l'ai rapidement apprivoisé et aimé. Il a la couleur du ciel d'un matin brumeux, celle d'une nuit en forêt montagneuse et la nuance colorée d'un midi d'été ensoleillé. En fait, c'est une couleur que je ne peux associer à aucune autre. Je ne réussis jamais à la reproduire ou à la retrouver sur un autre objet. Elle est unique. Il en est de même du message que mon tatou porte. Je le connais par cœur mais je ne peux le dire, l'écrire, le chanter, le chuchoter, le dessiner, le pointer dans un livre... Pourtant, ce n'est pas faute d'avoir essayé, comme tant d'autres, de partager son message. Pour tous ceux qui ont essayé, les mots et les gestes se bloquent, se cachent en nous : rien à faire, c'est un secret absolu, caché aux autres pour toujours. Sauf pour l'âme soeur, l'unique, qui se dévoilera par lui un jour. Ou jamais...
Ainsi, chaque être dans ce monde, pourtant si vaste et si beau, ne rêve que du jour béni où il rencontrera son autre moitiée. Cette personne qui comblera ce vide qui existe dans notre âme. Car nul n'est complet, nul n'est véritablement heureux, sans son âme sœur à ses côtés. Nous sommes ainsi faits.
Le sens du tatouage est bien souvent obscur, dépourvu de logique. Il ne donne aucune réelle indication pour identifier l'âme qui nous est destinée. C'est une chose banale mais qui, venant de l'élue, sera le déclencheur, l'initiateur d'un lien solide et inaltérable jusqu'à la mort. Ainsi, faut-il la trouver avant qu'elle ne disparaisse des vivants. Sinon, le tatouage se fane et disparaît, sous nos yeux impuissants, au même rythme que l'écoulement de la vie de notre futur aimé.
Il y a, semble-t-il des êtres choyés : ils portent en leur tatouage le nom, partiel ou parfois complet, de leur moitié. Incapables de le prononcer, ils peuvent cependant, solitaires et silencieux, le chercher et ainsi provoquer leur réunion. Ils sont plutôt rares, avouons-le. Certains conservent secret cette chance alors que d'autres s'en targuent allègrement. Ils sont enviés ou respectés. Imaginez : porter sur sa peau l'identité gravée, depuis notre naissance, de celui ou celle qui nous attend !
Chacun naît ainsi avec une âme sœur... qu'il espère et cherche. Si elle est introuvable ou si le tatouage disparaît - je n'ose imaginer que ceci puisse m'arriver - et bien, c'est la plus grande douleur, un énorme malheur, un chagrin sans fin.
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Nouvelles - Les Reflets d'Étoiles
Short Story*Plume d'argent aux @X-Writor 2018, catégorie Nouvelles :)* « Les reflets qui nous renvoient l'image de ces mondes du passé. Les étoiles qui se mirent sur les surfaces de notre monde du présent. Et je ne me lasse de les contempler. Il n'en faut pas...