[Tu aurais pu éviter de te taper mon assistante !!!!]
Je me gare sur le parking du lycée environ vingt minutes plus tard, le SMS de Zoé toujours en tête. De toutes les nanas présentes dans ce fichu bar, il a fallu que je couche avec l'assistante de mon ex ! Comment j'aurais pu deviner, moi ? Je connais à peine son nom et on n'a même pas parlé de ce qu'elle faisait dans la vie ! Et puis, pourquoi cette Carla est-elle allée raconter sa nuit à sa chef ? Les femmes sont incompréhensibles !
J'ôte mon casque au moment où Tom sort de sa voiture.
— Hey ! Ça va, mec ? s'exclame-t-il en me serrant la main. Tu as l'air soucieux. Tu as peur de retomber sur tes anciens profs et qu'ils me racontent à quel point tu étais un cancre ?
— Détrompe-toi ! J'étais particulièrement brillant. La plupart du temps ! ajouté-je en riant.
Je repense avec émotion à mes années lycée. Ma rencontre avec Noé, surtout. Il est ce qui m'est arrivé de mieux dans ma vie je crois. Notre amitié est indestructible. Ma rencontre avec Zoé, aussi. Mais ça, c'est une autre histoire. Et puis, Mlle Leblanc, ma prof de français. Une jolie trentenaire qui m'a fait aimer la littérature. Faut dire qu'elle avait de sérieux arguments ! Des robes moulantes, des yeux bleus coquins et de longs cheveux blonds qui tombaient en cascade sur ses épaules. Je me demande si elle enseigne toujours ici ...
— La remise des prix va bientôt commencer, ramène-toi !
Après avoir salué un surveillant, nous passons le grand portail et pénétrons sur une allée bordée d'arbres et de fleurs, on se croirait presque dans un parc avec un cadre aussi bucolique. C'est ce que j'aimais dans ce lycée : l'impression de ne pas être à l'école, la possibilité de se poser sous un arbre avec mes écouteurs pendant une heure de libre, regarder le paysage par la fenêtre quand le prof me prenait trop la tête. Chose qui n'arrivait jamais avec Mlle Leblanc, cela va sans dire. Le paysage était nettement plus intéressant à regarder à l'intérieur de la classe.
— En tant qu'ancien, guide-moi s'il te plaît. On a rendez-vous avec la proviseure dans son bureau.
Je montre le chemin à Tom et nous arrivons devant une imposante porte en bois. Le bâtiment est ancien mais bien entretenu. La lourde porte s'ouvre sur un couloir dont le sol est identique à mes souvenirs. Un carrelage datant des années trente s'étend sur toute la surface et je peux encore apercevoir l'éclat laissé dans le coin par la chute d'une table. Je me souviens que ce jour-là, Noé et moi nous nous étions porté volontaire pour aider la jeune prof d'anglais qui remplaçait notre prof titulaire, en congé maternité. Elle avait besoin de chaises et de tables supplémentaires. Nous avions déménagé un peu de matériel tous les trois, j'en avais profité pour montrer ma musculature et ma force. Enfin, ça c'était jusqu'à ce le chemisier de la prof s'accroche à une vis. En voulant l'aider, j'ai tiré sur la table mais ça n'a pas eu l'effet escompté : les boutons ont sauté, dévoilant une des plus belles paires de seins qui m'ait été donné de voir ! Et j'en ai vu un paquet ! Ébloui par cette vision céleste, j'ai lâché la table qui s'est écrasé au sol pendant que Mme Thibault essayait tant bien que mal de dissimuler sa poitrine. Ah, le bon vieux temps...
— Beaumont ! Quelle surprise !
La voix d'une sculpturale blonde vêtu d'un pull moulant rouge et d'une jupe crayon grise interrompt ma rêverie. Ses longues jambes sont perchées sur des talons dont la taille me laisse rêveur. Mais lorsque mes yeux se posent enfin sur son visage, je peine à reconnaître mon ancienne prof de français. Où est passée la ravissante trentenaire timide et inconsciente de son charme ? Visiblement, elle a laissé la place à une cougar botoxée qui me dévore du regard comme si elle allait me bouffer sur place.
— Oh... Bonjour, Mme Leblanc ! Content de vous revoir !
— Moi aussi je suis... ravie, fait-elle en passant le bout de sa langue sur ses lèvres. Et c'est toujours mademoiselle, tu sais...
Je rêve ou elle est en train de me draguer ?!
— Enchanté, je suis Tom Lenoir ! Leblanc, Lenoir, c'est marrant, on était destiné à se rencontrer je crois !
Et moi je crois que Tom n'est pas insensible au charme de mademoiselle Leblanc. Il est rouge comme une tomate et ses yeux semblent sortir de leurs orbites.
— Alors, comme ça vous vous souvenez de Léo ? Vous étiez sa prof de...
— Français. Comment oublier Léo ? C'était un élève... remarquable, ajoute-t-elle sans me quitter des yeux.
OK, là ça devient carrément gênant.
— Ah ! Bonjour messieurs. Vous devez être les journalistes du « Quotidien du sud ». Enchantée, je suis Madame Schneider, la proviseure.
Une dame d'un certain âge, au regard franc et direct, nous serre tour à tour la main.
—Je vois que vous avez fait la connaissance de Mme Leblanc...
— Mademoiselle.
— De Mademoiselle Leblanc, reprend-elle agacée. Ce sont ses élèves qui ont remporté le premier prix. Sa classe de Terminale L est une des meilleures qui m'ait été donné de voir. Je vous en prie, suivez-moi. Monsieur le Maire nous attend.
Nous suivons l'enseignante et la chef d'établissement dans le dédale de couloirs pour rejoindre la grande salle commune où se déroule la cérémonie de remise des prix. Je prends quelques clichés des gagnants en feignant d'ignorer les œillades sans équivoque de mon ancienne prof, et les regards mi aguicheurs, mi amusés des lycéennes. Je n'ai jamais vraiment bien compris pourquoi j'attire autant la gent féminine. OK, je suis plutôt pas mal et je m'entretiens mais je suis loin d'avoir un physique de top model. Mes conquêtes louent mon corps musclé, ma mâchoire carrée et mon regard translucide, Zoé me parle de l'aura mystérieuse que je dégage et de mon côté sexy, et Noé me dit que c'est à cause de mes cheveux longs qui me donnent un côté sauvage. Mais lui, je crois qu'il se fout juste de ma gueule. Je vais pas me plaindre mais aujourd'hui je m'en serais bien passé. Je commence à me sentir légèrement mal à l'aise. Je donne ni dans le détournement de mineurs ni dans la cougar sur liftée et siliconée. Je préfère les beautés plus naturelles, les bombas latinas notamment. Je craque complètement devant Jennifer Lopez et Catherine Zeta Jones depuis des années. Et quitte à se taper une cougar, je choisis JLo.
Nous finissons enfin par partir, non sans mal car Mlle Leblanc – Camille, de son prénom – a insisté pour que nous échangions nos profils Facebook afin que je lui envoie les photos de ses élèves que le journal n'utilisera pas. Mouais, un simple adresse mail académique aurait suffi, mais je n'ai pas réussi à m'en défaire et Tom a sauté sur l'occasion pour échanger, lui aussi, son Facebook avec elle. Et quelque chose me dit qu'il n'y a pas que sur l'occasion qu'il aimerait sauter. Ce con l'a même invité à son pot de départ à la retraite, dans quinze jours.
J'enfourche ma moto et prends la direction d'une brasserie où j'ai mes habitudes, près du siège du journal. Il est presque midi et demi et mon estomac commence à se manifester. Je gare ma moto devant et m'installe en terrasse. Il fait encore bon en ce mois d'octobre et le soleil automnal réchauffe rapidement mon corps. Après avoir commandé mon éternel steak frites à Ninon, la patronne, je sors mon smartphone. Le nombre de notifications Facebook me saute aux yeux. Cent quatre-vingt-dix ! Et trois messages privés. Au moins, j'ai de la lecture en attendant mon repas. « Cam SexyTeacher » a liké toutes mes photos et laissé un petit commentaire sur presque chacune d'elle. Ça va de « Waouh ! Quel talent, Léo ! J'ai toujours su que tu avais un don » à « Cette fossette, c'est craquant <3 », en passant par « Huuuummm, sexy à la plage... ». Son dernier comm' sur une photo d'un étal de bananes prise lors d'un voyage au Costa Rica m'achève : « Ça m'ouvre l'appétit tout ça... ;-) ». Je pense à tous mes contacts qui vont lire ça et j'ai juste envie de mourir.
Je consulte ensuite mes messages. Tom me questionnant sur les goûts de ma prof – qu'est-ce ce que j'en sais moi ?! –, Mlle Leblanc me confiant à quel point elle est ravie de m'avoir revu – j'avais pas remarqué – et le dernier venant de Zoé.
[Parce qu'en plus tu te tapes Leblanc maintenant ?!]
Putain, elle avait pourtant bien commencé cette journée !
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Wild&Free [Sous Contrat D'édition]
Romance**Spin-off de "Juste une photo de nous" (ex "C'était écrit", la lecture de cette histoire n'est pas indispensable à la compréhension de Wild&Free)** Lui, c'est Léo. Drôle, charmeur, regard brûlant et voix de velours. Il aime les femmes. Toutes les f...