Mogo

I.

Il faisait encore jour. Le soleil illuminait ce qui était maintenant la miniature des États-Unis. Sacha avançait à travers les ruelles, impressionnée sans vouloir se l'admettre. Elle arriva à un croisement, sur sa gauche, Manhattan. Ou du moins, les lieux les plus mythiques de ce quartier new-yorkais. Un panneau indiquait qu'on pouvait rejoindre LA en empruntant la nationale sur la droite. Elle continua sa balade, à la recherche d'un café. Le monde autour d'elle semblait complètement insouciant, les jeunes gens se promenaient main dans la main, faisaient du lèche vitrine tandis que les petits enfants tentaient de fuir leurs nounous respectives.

Sacha passa la main dans son chignon mal fait, ses boucles s'échappaient sans retenu du vieil élastique censé les retenir. Elle haussa les épaules avant de mettre ses écouteurs dans ses oreilles, tant pis. Elle entra dans le centre commercial et ne put s'empêcher de marquer un temps d'arrêt. L'édifice s'étendait sur plusieurs étages, uniquement composé de magasin de toutes sortes, de salon de coiffure, de spa et tout autre lieu fait uniquement pour dépenser son trop plein d'argent. Elle se laissa porter par la foule, sans but précis. Elle atterrie au troisième étage, en face d'une crêperie, au moment où elle posa les yeux sur le restaurant, son ventre grogna allègrement. Elle enfonça son poing dans son ventre pour faire taire se traitre avant de s'avancer et de commander un chocolat chaud. La caissière lui sourie et lui demanda d'attendre sur une table au fond de la salle que sa commande arrive. Elle la remercia et se dirigea vers la table désignée. Sacha qui ne prête généralement pas attention aux gens autour d'elle eu un frisson et se retourna vivement. Elle pencha légèrement la tête sur le côté, les sourcils froncés. Non, elle ne rêvait pas, c'était bien Miley Cyrus et une de ces mannequins connues. Elles étaient simplement assises, en train de boire leur smoothie et rigolant ensemble. Sacha se ressaisit et commença à scruter la salle des yeux. Elle reconnu l'acteur du film Le Majordome assit face à un café, concentré sur son téléphone et un peu plus loin Shemar Moore et une petite fille qui devrait être la sienne. Quelqu'un de plus au fait de l'actualité des peoples en aurait reconnu beaucoup d'autres mais Sacha qui ne trouvait absolument aucun intérêt à tout ce cirque médiatique, était incapable de nommer les autres personnalités autour d'elle.

Elle se rendit finalement à sa table où elle s'assit. Elle retira un écouteur afin d'entendre la serveuse arriver avant de s'appuyer sur son bras et de fermer les yeux. Son moment de répit dura environ trois minutes avant qu'elle ne se sente observée. Elle ouvrit un œil, puis l'autre. Il y avait un petit blond qui la dévisageait. Elle savait qu'elle l'avait déjà vu quelque part, sans se rappeler où exactement. Il ne la lâchait pas du regard alors elle continua de le fixer.

- Je sais qui tu es, dit-il finalement.

- Ah oui ? Personnellement je n'ai absolument aucune idée de qui tu es et je le vis très bien, répondit-elle en haussant les épaules.

Il était assis sur la table en face d'elle, accompagné de deux autres garçons aux cheveux châtains. Celui de gauche sourit à sa réponse tandis que le blondinet commençait à rougir.

- Tu as participé aux Élections, reprit Blondi.

Sacha fronça les sourcils et fixa Blondi plus intensément. Pour savoir qu'elle y avait participé, il devait probablement y être aussi. Ils n'étaient qu'une vingtaine mais furent séparés assez rapidement et il ne faisait pas parti de ceux qu'elle avait retrouvés. Il portait de la marque et sentait le fils de riche à des kilomètres. Son visage s'éclaira quand elle se rappela enfin qui il était.

- En effet, répondit-elle simplement.

- Ah oui ? s'étonna le châtain de gauche.

- Difficile de ne pas la reconnaître avec ses cheveux sauvages et son air supérieur inapproprié, expliqua Blondi.

D'un geste, elle passa sa main dans ses cheveux ce qui n'arrangea rien. Elle leva les yeux au ciel, ces garçons l'embêtaient plus qu'autre chose. Châtain de droite tendit le bras vers elle et lui caressa la jambe d'un doigt.

- Tu devrais nous rejoindre, dit-il d'une voix basse.

-Je n'y tiens absolument pas. Et ne me touche plus jamais, ajouta-t-elle en lui frappant la main.

- Votre commande Mademoiselle, dit la serveuse en déposant mon chocolat sur la table.

- Merci, je passerais payer directement à la caisse.

- Besoin d'aide peut-être ? demanda alors Blondi.

Elle l'ignora royalement, ramassant ses affaires et s'apprêtant à partir.

- C'est quoi ton nom du coup ? demanda châtain de gauche.

- En quoi ça t'intéresses ? répliqua Sacha, à bout de patience.

Aucun des trois n'eut l'occasion de répondre, une femme de forte corpulence s'installa à leur table au moment où Blondi ouvrait la bouche. Elle sentait la richesse à plein nez elle aussi. Vêtue de fourrure et de soie, elle avait les yeux pleins de mépris. Sacha s'enfuit, comprenant que la mère serait pire que ses oisillons. Elle alla faire la queue à la caisse en soupirant, pourquoi fallait-il qu'on la reconnaisse dès les premiers jours ? Par ailleurs, ce Blondi l'agaçait plus que tout. Ses origines lui assurait une place sur la Miniature, il avait pourtant participé aux Élections. Probablement par pure plaisir. Elle sentait la colère monter alors elle s'obligea à arrêter d'y penser. Elle s'avança à la caisse et s'apprêta à donner sa carte à la caissière quand une main sortie de nulle part tendit la sienne avant.

- On peut savoir ce que tu fabriques ? demanda Sacha, énervée pour de bon.

Châtain de gauche haussa les épaules avant de récupérer sa carte à la fin du paiement.

- Ils ont été odieux avec toi, j'imagine que c'est une manière de nous racheter et peut-être de t'aider un peu.

Son innocence et son trop-plein de bons sentiments dégouta Sacha.

- Ouvre tes oreilles et soi sûr de le répéter aux autres : je n'en ai absolument rien à faire de vous et de tous ceux de votre espèce. Je n'ai pas besoin de votre argent ni de vos bons sentiments.

Elle se retourna et posa quelques pièces sur le comptoir afin de payer par elle-même sa consommation.

- Fais-toi rembourser, lâcha-t-elle hargneuse au garçon abasourdi.

Elle s'en alla à grand pas et dévala les marches des escaliers à toute vitesse. Elle avait besoin de courir pour se calmer. S'il y a bien une chose qu'elle ne supporte pas, c'est qu'on la ridiculise ou lui manque de respect. Ces trois garçons avaient réussi ce combo ultime en une poignée de minute.