Chapitre 1, Partie II

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Une fois re-rentrée à la maison, je me fais à manger sur le pouce, et vais ensuite m'allonger. Il faut que je me repose, ça serait quand même stupide de ma part de gâcher mon énergie pour être fatiguée lors de mon éclosion. Il faut que se soit parfait. Ce sera tout de même l'apparition de ma Fança et ma première transformation en mon Totem!

L'excitation et le stresse m'empêche de dormir. Je compte les minutes. Au bout d'un moment, je n'y tient plus et enfile ma tenue. Je me jete un coup d'oeil dans le miroir. Mes longs cheveux blonds tombent en cascades sur mes épaule et font ressortir le blanc pur de ma robe. Mes yeux verts brillent et mettent en valeur mes traits fins, et sont en harmonie avec les noeuds parsemés sur ma tenue. Le tout forme un ensemble qui me satisfait. Je regarde mon Connecteur, qui m'affiche 15h45. Je vais être en retard! Je sors en vitesse et marche d'un pas pressé vers le fameux jardin d'Entara. Plus j'avance et plus je stresse. Et si je ma Fança n'apparaissait pas? Et si mon animal Totem était un que je n'apprécie pas?

Au bout d'une dizaine de minutes, j'arrive au Jardin. Il est plus grand que dans mon imagination, bordé par des haies de roses. Un peu à droite, je vois un jeune homme assis sur l'herbe qui a l'air plongé dans ses pensées. Il est en tailleur, les coudes posés sur ses genoux et les poings sur le bas du visage, devant ses cheveux blonds. Un détail attire mon attention: ses pupilles vertes. Je ne l'avais jamais vu avant aujourd'hui, et la couleur de ses yeux et cheveux me faisait étrangement penser à mes propres yeux et cheveux. Son éclosion devrait être sans doute proche de la mienne pour qu'il soit là aussi, oui c'est très probable. Je sais que nos deux Fanças ne peuvent apparaître en même temps puisque mes Afents me disaient que ça ne se produit jamais, mais ça me fait quand même une drôle de sensation de me dire que je ne vais pas attendre seule, ne serait-ce que pour très peu de temps. D'un coup, une espèce de douce aura chaleureuse m'attire vers l'endroit où le garçon est posé. Je me laisse guider par la sensation de bonheur et d'apaisement qui commence à me monter à la tête, mais ne suis malgré tout pas très rassurée par la proximité de cet étranger. Soudain, je le vois tourner la tête dans ma direction, et une lueur de surprise surgit dans ses yeux. Quand il se rend compte que je me suis arrêtée de marcher à cause de son geste, il laisse un sourire s'épanouir sur son visage et incline la tête sur le côté comme pour m'inviter à venir le voir. J'hésite quelques fractions de secondes, mais la curiosité d'en apprendre plus me pousse à aller le voir.

-Salut, me lance-t-il d'une voix posée, comme si il était là depuis des heures.

-Salut, je répond en m'asseyant près de lui. Alors comme ça, toi aussi tu as 16 ans aujourd'hui?

Je m'étonne moi-même de mon assurance, surtout que je n'ai jamais été vraiment douée à discuter avec les gens de mon âge, et particulièrement avec les garçons. Mais étrangement, celui-ci m'inspire confiance et me donne envie de le connaître.

-Faut croire. Alors, tu parierais sur quel Totem toi?

-Heu je t'avoue que j'y ai pas trop réfléchit. Et toi, tu dois bien avoir une idée?

-Je me verrai bien le lévrier je pense, car j'aime énormément courir, me répond-t-il très sérieux.

-Donc tu serai un animal de la Terre si je comprends bien, sous le règne de la Licorne c'est bien ça?

On m'avait enseigné depuis toute petite que les animaux Totem étaient répartis en quatre grands groupes, les quatre éléments chacun sous le joug d'un Dieu animal. Pour l'Eau, il s'agit du Kraken, pour le Feu c'est le Phénix, pour l'Air le Dragon et pour la Terre donc la Licorne. Ces divinités seraient apparues au moment de la fin de la guerre contre la Nature, pour créer un nouveau début de l'humanité. C'est à ce moment qu'ils ont décidé de faire don des Fanças et des Totem à chaque enfant lors de ses 16 ans, dans des jardins de paix et de sérénité.

-Bah évidemment, c'est le Dieu le plus classe franchement, non?

-Ca dépend du point de vue. Le Phénix est superbe tout de même, mais c'est pas le même style.

-Donc toi tu serai plus Feu? Hum, je ne sais pas si c'est la première catégorie à laquelle j'ai pensé en te voyant, dit-il avec une lueur d'amusement dans les yeux. Tu sais bien qu'ils sont réputés pour être assez... virulents, et je ne sais pas si ils se décideront à accepter dans leurs rangs une poupée toute sage et calme.

-Laissez moi vous dire, monsieur, que ce n'est pas parce qu'en apparence j'ai l'air fragile qu'il ne sommeille pas en moi un feu brûlant, je lui répond en essayant de réprimer un sourire.

-Veuillez me pardonnez mademoiselle, rétorque-t-il avec le même ton, j'admets que c'est commettre une erreur en vous jugeant dès le premier regard. Comment puis-je me faire pardonner?

-En commençant par me donner votre nom je crois, car cela fait bien dix minutes que nous discutons et je ne sais toujours pas comment vous nommer très cher.

-Je m'appelle Rélis. Et toi?

-Sadla...

Je m'interrompe brusquement. Devant nous, au milieu de l'herbe verte, deux taches marrons viennent d'apparaitre. Je me sens comme hypnotiser par celle de gauche, et en me forçant à lever la tête vers Rélis, je m'aperçois qu'il a le regard entièrement capté par celle de droite. Je repose mes yeux sur la petite tache, qui forme à présent une petite bosse. Puis, petit à petit, émergent deux petites fleurs fermées qui grandissent lentement du sol. Emerveillée et attirée incontestablement par ce spectacle, je continue à observer cette si petite plante prendre de la hauteur, comme si elle avait besoin de s'étirer. Lorsqu'elle arrive à la hauteur de mon genou, elle se stoppe et je peux constater sur la bordure de mon oeil qu'il en va de même pour la Fança de Rélis. Le temps paraît se figer. Tout d'un coup, les deux Fanças commencent à ouvrir leurs pétales, et tout mon corps me semble comme étranger. Je ressens comme une force qui me pousse de l'intérieur, qui veut sortir et qui fait quand même partie de moi. Mes muscles se contractent de partout. A travers ma vision complètement brouillée, je constate que ma Fança continue inlassablement de s'ouvrir. A présent ma tête me tourne à une vitesse hallucinante, et je ne contrôle plus mon corps qui me tire de partout. Je souffre tellement, je veux que ça s'arrête! Tout mon corps me semble en flammes et je sens que je risque de perdre conscience d'une seconde à l'autre.

Soudain, la douleur s'estompe, et je commence à revenir peu à peu à moi. Outre le fait que j'ai comme la sensation qu'un tracteur m'ait roulé dessus, je me sens toute bizarre, comme si mon corps n'était plus le mien. Il ne réagit plus du tout de la même manière. J'ai l'impression de me trouver sous une couverture toute chaude. En ouvrant les paupières, une chose me saute immédiatement aux yeux: j'ai un museau poilu entièrement couleur neige qui est dans mon champ de vision. Mes muscles et 5 sens me sont totalement différents de d'habitude. Mes membres ne sont plus du tout pareils qu'avant. J'essaie de me relever un peu, et essaie de m'observer. Je pousse un petit glapissement de surprise. Mes mains sont couvertes de poils blancs et dorés aux extrémités, mais en fait c'est plus des sortes.. pattes animales. Je suis ces derniers et vois qu'ils recouvrent la totalité de mon nouveau corps. Ils sont principalement blancs avec par-ci par là des poils couleur or. En essayant de faire un bilan rapide, une chose me choque plus que tout. Au bout de mon arrière train, je possède un tas de poils de même couleur que les autres d'une dizaine de centimètres. Une queue. J'ai une queue. Tout s'éclaire soudain. Je suis ici pour recevoir ma Fança... et avoir mon Totem. Et je sais quel animal je suis. Toute cette musculature, cette masse de poils, cette taille. Je suis le loup! Je tente de mettre tant bien que mal debout, et il me faut utiliser mes quatre pattes pour cela, ça m'est si inconnu que je galère et me concentre bien pendant une minute. A la fin, j'arrive à peu près à tenir en équilibre sans tomber. Je lève alors la tête tout en restant debout, et là je reste tétanisée. Je veux bouger, crier, dire quelque chose mais j'en suis incapable. Mon cerveau me dit danger, mes sens me disent danger mais je ne peux réagir.

Devant moi, se dresse un immense cobra orné de blanc et d'or aux yeux verts.

SadlasWhere stories live. Discover now