Chapitre 12 - Camila

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Il est vingt-heures passé, Lauren devrait déjà être là depuis de longues minutes. Je fixe le campus sous mes yeux dans l'espoir de la voir sortir du gymnase mais rien n'est présent à part la neige couvrant encore un peu le sol.

Elle me manque. Ses bras me manque, comme sa présence et ses étreintes rassurantes. Je me laisse tomber sur son lit, son odeur est partout. Je serre un oreiller contre mon cœur, l'oreiller sur lequel elle s'est couchée quelques heures plus tôt. Il sent bon. Lauren a une odeur exceptionnelle. Lauren est exceptionnelle.

Je me recroqueville sur son lit en plongeant ma tête dans ce coussin. J'ai si peur qu'elle m'ait quitté. Elle m'a promis de rester, elle m'a fait une promesse en me regardant droit dans les yeux. Elle était sincère. Je l'ai vu et je l'ai sentie. Elle n'est pas partie. Je dois m'en persuader. Mais l'abandon est une peur incontrôlable.

« Ma puce, que fais-tu là ? » me demande mon père doucement.

Je sais qu'il a toujours cette crainte de me faire peur. Il parle avec une voix douce et chaleureuse quand il s'adresse à moi. Mon père est mon meilleur ami. Je sais que je peux tout lui dire. Mais je ne dis jamais rien. Il sait tout ce que j'ai traversé, il connaît mes peurs, il sait que je ne suis pas prête à en parler ouvertement. Je crois que je ne le serais jamais. Pourtant, avec Lauren c'est différent. J'ai pleuré dans les bras d'une personne pour la première fois. C'était Lauren. Je me sentais si bien dans ses bras qu'une partie de la pression que j'accumule s'est libérée.

« J'attends qu'elle revienne. »

Mon père vient s'asseoir au bord du lit. Il me regarde quelques instants avec son regard paternel. J'aime énormément mon père. Je me redresse avec le coussin contre moi, continuant à le serrer.

« Papa, parle moi de la connexion. »

Certaines familles comme la nôtre possèdent quelque chose en plus des autres : la connexion. On m'a souvent expliqué ce en quoi ça consistait mais j'étais si jeune que je l'ai oublié. Désormais je souhaite savoir.

« C'est une attraction qui se produit entre deux personnes. Tout le monde la ressent mais pour nous c'est beaucoup plus fort, c'est une évidence, nous ne pouvons pas la rater. »

Je baisse les yeux sur ma main. Cette connexion je l'ai ressentie. Cette attraction je l'ai ressentie en touchant les doigts de Lauren la première fois. C'était tellement intense. J'avais les doigts qui me brûlaient. Ça faisait mal et pourtant j'avais l'impression de flotter dans une bulle protectrice. Quand je touche la peau de Lauren la mienne me brûle de toute part. Quand je touche son corps le mien se rempli de frissons. Quand le bout de mes doigts entre en contact avec elle, avec sa peau si douce il me picote. Et quand elle me prend dans ses bras je me sens immédiatement apaisée et protégée.

« Tu l'as ressentie ? » interroge doucement mon père.

J'acquiesce très lentement.

« Je l'ai vu pour la première fois et j'ai su qu'elle était différente. Je sens sa présence sans même me retourner, ma peau me brûle quand je la touche, quand je suis dans ses bras tout s'envole, il n'y a plus qu'elle qui compte. Quand elle n'est pas là je me sens vide, quand elle est près de moi je me sens bien. »

Je raconte en gardant les yeux sur ma main. Lauren serait-elle ma connexion ? Et si je me trompais ? Tout est si confus. Une connexion n'est pas forcément liée à l'amour comme pour mon père et ma mère, elle peut être liée à une grande et forte amitié. Une connexion c'est une attraction entre deux personnes qui ne se quitteront jamais, qui seront toujours là l'une pour l'autre, quoi qu'il arrive. Cette attraction je la ressent avec Lauren, que ce soit physiquement ou de l'intérieur. Je ressens ce qu'elle ressens. Quand elle se sent mal ou qu'elle est bouleversée je le sens dans mon cœur, dans ma tête. Et je pense à elle, je pense à elle depuis que je l'ai vu la première fois. Et lorsque ses doigts se sont collés aux miens c'était encore plus présent, encore plus intense.

« Prend ton temps pour être sûre qu'elle est ta connexion. Tu n'es absolument pas pressée. »

Mon père me rassure. Et il a compris que je parlais de Lauren. Cette jeune femme est la première, la seule qui a pu me prendre dans ses bras. Elle est la seule que j'ai permise d'entrer dans mon refuge. Elle est la seule qui, dès le début j'ai su qu'elle était différente, qu'elle était une bonne personne. Je rêvais de quelqu'un qui, comme Lauren avec ses amis, m'offre des sourires, des étreintes, des paroles douces et des gestes réconfortants. Et c'est Lauren en personne qui m'offre toutes ces merveilleuses choses.

« Lauren est là, à table. »

C'est ma mère qui crie depuis le salon. Tout ce que je retiens c'est la présence de Lauren enfin à la maison. Mon père se lève et je le devance. Il me suit. La table est dressée, ma petite sœur pousse le fauteuil de Lauren jusqu'au salon.

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