Chapitre 53

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Mercredi 13 janvier 2016

Aujourd'hui était une journée étonnamment ensoleillée pour une mi-janvier. Le vent, qui soufflait, faisait voleter les petites branches des arbres et les cheveux de la trentaine de personnes, qui étaient réunie et qui fixaient le prêtre qui officiait. Parmi ce groupe se trouvait un jeune homme, qui aurait préféré se trouver n'importe où que dans ce lieu si funeste. Il était debout, à coté de son frère, qui était près de lui en ce triste jour, ainsi que la femme de celui-ci. Sa fille, qu'il tenait dans ses bras, pleurait depuis presque une heure. Mais il lui était impossible de la consoler, puisqu'il était dans le même état qu'elle. Il pleurait de douleur d'avoir à enterrer son âme sœur : la mère de son enfant. Le prêtre venait de terminer son office et le jeune homme, qui tenait sa fille d'un bras et deux roses rouges de l'autre, s'avança vers le cercueil en bois clair. Il déposa les deux fleurs sur le couvercle, en maudissant l'être supérieur, pour lui avoir retiré la personne qu'il aimait le plus au monde. Il se recueillit une dernière fois devant sa défunte petite amie, avant de tourner les talons et de partir en direction de sa voiture. Il voulait quitter ce terrible endroit au plus vite et ne plus jamais y mettre les pieds. Tandis que les autres personnes se recueillaient, il déposa la petite, qui n'avait toujours pas cessé de pleurer, sur son siège auto, tout en essayant de la calmer avec des mots doux. Il l'attacha et referma la portière arrière, avant que son frère ne le serre dans ses bras. Le jeune homme enfouit sa tête dans le cou de son grand frère, qui resserra son étreinte pour le soutenir du mieux qu'il pouvait.

-COUPÉ, hurla le réalisateur dans un mégaphone.

L'acteur, qui jouait le frère de Joe, le lâcha, tandis qu'une assistante récupérait la fillette, qui jouait le rôle de la fille de Joe dans le film. Le chanteur essuya ses larmes et se réfugia dans sa caravane pour s'y enfermer. Il avait étonné le réalisateur quand il s'était mis à pleurer sans aucun truquage. Il n'avait pas eu de mal à ressentir la tristesse de son personnage sachant qu'il y avait une chance, ou plutôt, un malheur, sur deux, qu'il se retrouve dans la même situation que son personnage dans très peu de temps. Il essayait de cacher ses états d'âmes, du mieux qu'il le pouvait, depuis maintenant trois jours. Trois jours que Lena se trouvait dans le coma suite à sa crise cardiaque, juste après la naissance de leur fillette. Il se changea et après avoir passé de l'eau sur son visage, pour atténuer ses yeux rougis, il récupéra son sac de voyage et sortit de sa caravane. Il avait fini le tournage du film et avait prévu de passer du temps à Sacramento, auprès de sa fille et de Lena qu'il n'avait pas vues depuis qu'il avait été rappelé d'urgence à Los Angeles pour finir le tournage du film. Il avait, au début, refusé de quitter les deux femmes de sa vie, mais il avait convenu avec Alexandra, qu'elle veillerait sur sa fille et sur Lena pendant son absence. Il réussit même l'exploit de s'éclipser du lieu de tournage, sans que personne ne le remarque et surtout pas Abby, qui était toujours, officiellement, sa petite amie. Comment aurait-il pu expliquer qu'il partait retrouver sa fille et la mère de celle-ci ? Alors que personne n'était au courant que d'un, Lena et Joe avait été ensemble un temps ; que de deux, Lena venait de mettre au monde sa fille ; que de trois, il était le père de l'enfant et que de quatre, Lena avait failli y laisser sa vie et qu'elle était toujours entre la vie et la mort ?

Personne n'aurait compris et cette histoire se serait retrouvée étalée dans la presse à scandale, chose qui le répugnait au plus haut point. Il était hors de question que cette bande de vautours se fasse de l'argent sur leur malheur.

Il arriva devant le Medical Center, alors que la nuit était déjà bien entamée, mais cela ne l'empêcha pas d'entrer dans le bâtiment et de se diriger vers la secrétaire. Il demanda à voir Alexandra, qui, après l'avoir rejoint, l'emmena à l'étage des soins intensifs. Ils s'arrêtèrent devant la chambre de Lena, qui se trouvait dans la section VIP de l'hôpital. Seuls les médecins, qui s'occupaient de la mère et de la fille, étaient au courant de la présence de la chanteuse dans l'établissement. Grâce à la vitre, ils avaient vue sur l'intérieur de la pièce. Cet endroit n'avait pas changé d'un pouce depuis qu'il était venu voir la mère de sa fille, après qu'Alexandra soit venue le chercher dans la nursery.

Lena était toujours allongée, les yeux clos, branchée à de nombreuses machines et sous assistance cardiaque et respiratoire.

-Pas d'évolution ?, demanda-t-il, sans détourner le regard de Lena, qu'il fixait en espérant qu'elle se réveille.

-Aucune, malheureusement, répondit Lexie. Et je doute qu'il y ait une quelconque évolution tant qu'elle ne sera pas transplantée. Elle a besoin d'un nouveau cœur.

-Qu'est-ce qu'on peut faire pour qu'elle en obtient un ?

-Absolument rien, malheureusement. J'ai noté sur son dossier qu'elle venait d'avoir un bébé et comme elle est jeune, elle sera sûrement classée dans la liste prioritaire, mais je ne peux rien te promettre.

Les deux adultes regardèrent, avec tristesse, la patiente toujours inconsciente, en essayant de garder espoir. Seulement, plus les jours passaient et moins sa chance de se réveiller se faisait grande. Alexandra avait, à de nombreuses reprises, voulu contacter sa tante pour la mettre au courant de l'état de santé désastreux de sa fille, mais Lena lui avait fait promettre de ne contacter Emilia sous aucun prétexte. Elle ne voulait pas que sa mère se fasse du souci pour elle. Lena se sentait adulte et elle voulait que sa mère s'occupe de ses deux sœurs, qui en avaient plus besoin qu'elle.

-Joe, dit Lexie après un silence, je sais que tu ne veux pas prendre de décision sans Lena, mais demain est le dernier jour légal pour déclarer la naissance de votre fille. Il faut que tu lui choisisses un prénom.

-Je ne peux pas, dit-il, la voix enrouée de sanglots. Elle n'avait donné le prénom qu'elle voulait pour la petite à personne. Elle n'a eu le temps que de dire « So », ça peut correspondre à tellement de prénoms. Comme Sophie, Solange, Solène, Sonia...

-Ou Sofia, dit Alexandra.

-Tu crois vraiment qu'elle voudrait lui donner le prénom de sœur ?, lui demanda Joe perplexe.

-Tu es au courant ? Tu connais l'existence de Sofia ?, demanda la médecin abasourdie.

-Elle m'a tout raconté. Même après tant d'années, elle la pleure toujours.

-Il faut que tu choisisses. Cette petite a besoin d'un état civil, dit-elle en lui posant une main sur l'épaule et en lui souriant tristement.

Elle partit laissant le jeune homme seul dans ses pensées. Il n'aimait pas ça. Il n'aimait pas devoir prendre cette décision tout seul. Il n'avait pas pensé qu'il y aurait une si terrible conclusion à ce jour. Quel idiot de ne pas en avoir parlé avec elle ! Elle allait lui en vouloir dans tous les cas. Il le savait et le redoutait. Quelque temps plus tard, il entendit à nouveau des pas et se tourna vers le bruit.

-Regarde qui est là, ma puce, dit Alexandra à sa petite cousine, qu'elle tenait d'un bras et qu'elle avait amené à son papa ainsi qu'un berceau.

Le jeune homme récupéra sa fillette, qui le regardait avec de grands yeux chocolats, son petit pouce gauche dans la bouche et fut surpris de voir qu'elle était encore plus belle, que quand il l'avait quittée. Elle agrippa l'index de son père avec son autre main, tandis qu'il lui embrassait le front. Alexandra s'éclipsa, après avoir mis le berceau dans la chambre de Lena, alors que le jeune homme entrait avec la petite. Il s'installa tout près du lit et déposa le nourrisson à côté de sa maman. La petite lâcha la main de son père, pour attraper le doigt de sa maman.

-Lena, lui dit Joe, tenant la petite d'une main et caressant le front de la mère, il faut que tu te réveilles, mon amour. J'ai besoin de toi. Notre fille a besoin de toi. Il faut que tu me dises quel prénom tu voulais lui donner. J'ai besoin de plus qu'un « So ». Est-ce que tu voulais l'appeler Sofia ? Il faut que j'aille déclarer sa naissance demain, je ne peux plus le repousser. S'il te plaît, réveille-toi.

Il récupéra la petite et la déposa dans le berceau, quand il vit que sa fille s'endormait. Il mit le lit de la fillette juste à côté de lui et fixa son regard sur le visage blême de la chanteuse. Toute la nuit, les seuls sons, qui résonnèrent dans la chambre, furent la respiration lente du chanteur, celle de la fillette, ainsi que les bips incessants des machines et le bruit de la respiration artificielle de la chanteuse. Les deux derniers bruits étaient du genre irritant, mais c'étaient les seules choses qui prouvaient au chanteur que sa bien-aimée était toujours en vie.

Cette nuit-là, il ne dormit pas, malgré la fatigue qu'il avait engrangée depuis trois jours, entre sa nuit blanche et ses deux jours de tournages intensifs. Seulement, il avait peur qu'il lui arrive quelque chose et s'il venait à ne pas être près d'elle, il le regretterait. Il en avait profité pour s'occuper de sa fillette et lui donner ses biberons nocturnes.

Une Nouvelle StarOù les histoires vivent. Découvrez maintenant