Chapitre 28

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Alex était toujours enfermé dans l'obscurité du frigo. La porte s'ouvrit. Alex était affalé au sol, il n'avait aucune idée du temps qu'il venait de passer là-dedans. En face de lui se tenaient Daniel Jacquier et son ravisseur.

— Bonjour Alex, dit le patron d'Aurore. Il est difficile de vous mettre la main dessus...

Encore engourdi par le temps qu'il avait passé ici, sans manger, sans comprendre, sans trouver véritablement le sommeil, Alex resta muet.

— Qu'est-ce qui n'a pas fonctionné ? Je vous ai offert un labo' tout neuf, un salaire conséquent, je vous ai fourni de précieux documents... Pourquoi est-ce que vous avez pris la décision stupide de démissionner ?

— Vous me cachiez quelque chose, c'était évident, répondit Alex effrayé. D'où viennent les photocopies que vous m'avez fournies ? Quel usage comptiez-vous faire de matière pensante ? Pourquoi ne pas tout m'expliquer depuis le début ?

Alex prit soin de ne pas évoquer ''Le Soldat De Glaise'' devant son ancien patron.

— Les secrets se méritent.

— La vérité n'a pas besoin d'être cachée.

— Vous êtes un idéaliste Alex... Et contrairement à ce que vous pouvez penser, moi aussi j'en suis un. La seule différence entre vous et moi c'est que je suis également un homme d'action. Alors que vous restez coincé dans des boulots minables ou à ruminer dans votre chambre, des gens comme moi s'impliquent et ont le courage d'affronter les réalités de ce monde. Vous êtes comme ce médiocre Hervé Losserand. Aucune ambition, aucune vision, un vulgaire gardien de musée.

Alex ne disait rien, mais on pouvait lire le mépris dans son regard.

— Vous me trouvez extrême... mais moi je vous trouve lâche. Votre idéal social ne verra jamais le jour si vous n'êtes pas capable de vous impliquer dans le champ de l'action. C'est dommage parce que vous êtes pourtant exceptionnellement intelligent. Et croyez-moi quand je dis ça, je sais de quoi je parle. C'est la raison pour laquelle je vais vous donner une seconde chance.

— Une seconde chance ?

— Parfaitement. Je vais vous laisser du temps pour réfléchir. Je reviendrai vous chercher dans 24h. Si d'ici là vous acceptez de vous remettre au travail pour notre compte, j'accepterai d'oublier ce petit différend que nous avons eu. Sinon... sinon... j'aimerais mieux ne pas être à votre place.

Ses deux adversaires se tenaient dans l'entrebâillement de la porte du frigo rendant impossible toute tentative d'évasion. Pris de panique, à bout de force, Alex tenta pourtant de forcer ce barrage. Mais l'homme au couteau l'arrêta dans son élan d'une simple tape sur l'épaule.

— Pas de geste stupide, dit Daniel Jacquier. Alors c'est entendu ? Vous avez 24h pour me donner une réponse.

Puis les deux hommes fermèrent la porte et Alex fut à nouveau plongé dans le noir.

Matière qui songeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant