Prologue Élias

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Élias Collin

Lundi 22 mai 1967.

16e arrondissement de Paris.

Assis sur un tabouret, accoudé à mon plan de travail, j'ouvre mon journal préféré : le mien, celui qui j'ai créé. Soudain, j'ai un haut-le-cœur quand Fabien Manzo, mon associé, mon ami... Ou plutôt celui que je considère comme mon frère, débarque en trombe, sans toquer.

— Bordel Fab ! Tu veux me rendre cardiaque ! ?

— Oh, je t'en prie. Ne fais pas ta chochotte.

Je ne bronche pas, depuis le temps qu'il arrive de cette façon, je suis surpris que ça puisse encore me choquer. Je reprends ma lecture sans faire attention à sa réflexion.

— Élias, dis-moi que c'est une blague ? M'interroge-t-il ironiquement.

— Quoi encore ?

— Tu es là, à traîner stupidement alors que tu devrais...

— Non-pitié, pas de leçon de morale !

— Laisse-moi finir, reprend-il un ton au dessus, il est sept heures du matin, dans à peine quatre heures tu décolles pour les États-Unis. C'est la première fois de toute ta vie que tu vas aussi loin afin de concevoir un article qui promet d'être époustouflant sur les derniers Nazis et leurs cachettes depuis la fin de la deuxième Guerre Mondiale. Mais toi, es-tu excité ?... Non ! Tu sirotes ton café dans le calme comme si tout était normal.

— Chut, tu es malade de crier les raisons de mon voyage comme ça !

— Pourquoi...

— Je ne suis pas seul, J'attends que Jeanne finisse de se laver pour la virer d'ici. Et puis, pour ta gouverne : mes valises sont prêtes.

Intrigué, il regarde la porte de ma chambre, il sait que je parle de la salle de bains qui se trouve dans ma chambre. Je ne peux m'empêcher de sourire, au moment où ses yeux se braquent de nouveau sur moi, c'est bien évidemment pour m'accuser. Je lève les épaules en guise de réponse, je sais que ça ne suffira pas mais je tente le coup. Ce que je viens de lui dire a fait son effet puisqu'il me chuchote :

— Je vais sûrement regretter ce que je vais te demander mais je tente : pourquoi cette fille, qui est aussi la comptable de notre journal, fait dans ta douche ?

— Elle a beaucoup transpiré alors je ne peux pas lui refuser...

— Stop, je savais que je ne voulais pas savoir !

— Détends-toi, je termine ma tasse et je vais me préparer.

— Je ne te comprends pas...

— Il n'y a rien à comprendre. Tais-toi, je peux tout expliquer.

— Épargne-moi les détails je t'en supplie ! Je vais sortir, aller au café à deux pas d'ici pour éviter la gêne de cette situation. Je t'attendrais à huit heures trente dans ma voiture afin de te ramener à Orly. N'oublie pas que ton avion est à onze heures précise et que tu dois être à l'aéroport au minimum deux heures à l'avance.

Je le regarde prendre sa veste puis sortir sans un mot de plus. Au fond, je sais qu'il a raison cependant en ce moment, j'ai une chose bien plus grave à régler : Jeanne la comptable.

Ex-aequo ( Sous Contrat D'édition) Où les histoires vivent. Découvrez maintenant