« Je veux découvrir le monde entier ! »
Cette phrase résonnait dans la tête de Théo comme une promesse qu'il nepouvait oublier.
Chaque jour qui passait, il se remémorait ces mots. Et chaque jour qui passait, ceux-ci devenaient de plus en plus insistants dans son esprit, à tel point que Théo pensait chaque jour à partir à l'aventure. Il quitterait sa maison, sa famille,son travail, et tout ce qui avait fait de lui l'homme qu'il était aujourd'hui. Mais c'était trop difficile. Il ne pouvait se résoudre à abandonner tous ces êtres chers avec qui il partageait sa vie. Que deviendraient ses vieux parents sans ses visites régulières ? Et qu'adviendrait-il de sa femme et de sa fille s'il ne rapportait plus d'argent pour continuer à les nourrir et les loger ? Mais d'ailleurs, comment pourrait-il s'en sortir lui-même sans revenu ?Serait-il contraint de mendier pour espérer survivre ?
Tant de contraintes se présentaient à lui, et c'était elles qui le retenaient à sa vie. Et pourtant, son rêve grandissait un peu plus,à chaque nouvelle aube. Théo imaginait de somptueux paysages de contrées inexplorées, il espérait aussi rencontrer des populations reculées et cachées dans des lieux exotiques. Ses pensées étaient toujours plus folles, toujours plus riches, toujours plus belles. Et plus il pensait, plus il souhaitait s'en aller. Et plus il souhaitait s'en aller, plus il pensait. Il était prisonnier d'un tourbillon de rêves et d'espoirs entremêlés mais qu'il ne pouvait saisir.
Théo avait déjà entendu toutes les histoires de son village concernant ces endroits qu'il n'avait jamais vu. Les anciens et les nouveaux arrivants avaient toujours des tas d'expériences intéressantes à partager et Théo les écoutait avec attention, et passion. Si vous leur demandiez ce qu'ils avaient pu voir dans les yeux de ce jeune,ils répondraient tous avoir observé un désir ardent de connaître pareilles aventures en de pareils lieux. Tout le monde lui souhaitait de réaliser un jour son rêve fou mais celui-ci restait, trop soucieux des gens qu'il aimait.
Une fraîche matinée d'automne,le village s'anima et une agitation se fit rapidement sentir.Claudia, la femme de Théo se réveilla seule dans son lit, inquiète. Elle se précipita sur la place où toute la population s'était rassemblé. Des mains se levaient et pointaient le clocher de l'église. Accroché à celui-ci, un grand drap blanc pendait, au grès du vent. Dessus, on pouvait lire des mots écrits en noir, à la peinture. Ces mots, les voici : « Je pars explorer notre monde, mes amis. Je vous remercie tous pour votre soutien et votre gentillesse. A ma femme Claudia et à ma fille Odelyne, je vous aime plus que tout, mes chéries. Théo ».
Claudia s'effondra en larmes sur le sol. Alors que quelques gentilshommes l'aidaient à se relever et à s'asseoir sur une chaise, la petite Odelyne s'approcha de sa mère.
- Maman, pourquoi pleures-tu ?
- Parce que ton père est parti ma chérie, lui répondit Claudia entre deux sanglots.
- Il reviendra un jour ?
Claudia enlaça sa fille bien-aimée entre ses bras et lui murmura à l'oreille : « Il reviendra, je te le promets. »