Prologue

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Une semaine. Les vacances d'été avaient commencées il y a déjà une semaine et Mélinore trouvait déjà le temps long. Elle habitait dans un petit appartement juste au dessus d'un kebab ou flottait toujours une odeur d'huile et de frites, qu'elle partageait avec sa meilleure amie Lin. Avec ses cheveux noir de jais et ses yeux espiègles elle attirait tous les garçons. Elle avait d'ailleurs, rencontré il y a environ un mois, un jeune surfer australien incroyablement beau et bronzé qui lui avait proposé de passer l'été avec lui en Californie et elle avait évidemment accepté avec joie. Elle était partie la veille, laissant une Mélinore déprimée manger des chips et pleurer devant Bambie.

        Aujourd'hui elle voulait changer de genre de films. Après les films d'action, à l'eau de rose et les Disney, elle voulait essayer un autre genre. Son regard se posa sur les films indiens dont son amie raffolait. Les films Bollywood romantiques un peu comédie musicale où les filles passent leur temps à danser et à exhiber leur ventre plat, bronzé bref parfait.

L'instant d'après, elle était confortablement installée dans le canapé et avait déjà mangé la moitié du popcorn qu'elle avait préparé. Elle soupira d'aise et se mit à siffloter sur la musique.
Une fois le film terminé, elle mit la musique à fond et après avoir retroussé son T shirt tenta tant bien quel mal de se déhancher comme les indiennes sans succès. Ridicule. Elle se trouvait ridicule et elle éclata de rire. Elle était à des années lumières de la grâce et de la sensualité des actrices. Toujours en sautillant, elle alla chercher le courrier qui venait d'arriver.

       Entre toutes les lettres d'amour adressées à sa colocataire, elle en trouva une qui lui était destinée à elle, Mélinore Guéman. Elle l'ouvrit et la parcourut des yeux. Lorsqu'elle acheva la lecture, elle sauta au plafond et poussa un cri de joie. Elle n'allait plus se morfondre au fond de son canapé jusqu'à la fin de l'été. Elle était prise pour un stage au zoo de Sangré. C'était son rêve le plus cher depuis qu'elle était petite. Elle adorait les animaux et le métier de vétérinaire la fascinait. Gamine, comme toutes les petites filles, elle avait rêvé de soigner les chiots et de guérir les plaies des chats, mais alors qu'en grandissant, toutes les petites filles abandonnaient l'idée au profit d'un autre métier comme astronaute ou caissière, Mélinore avait continué à en rêver. Folle de joie, elle se décida à sortir pour fêter cela.

       Elle fila dans sa chambre, troqua son pyjama pour un chemisier et une jupe, se maquilla légèrement, attrapa son sac à main et ses yeux se posèrent sur un pendentif sur sa table de chevet. C'était un cadeau que lui avait fait sa mère, peu avant sa mort. Alors qu'elle était à l'hôpital, elle avait demandé à voir sa fille une dernière fois et lui avait offert ce pendentif en lui demandant de toujours le porter et de l'offrir à son tour à sa fille aînée plus tard. Mélinore, le lui avait promis, les larmes aux yeux et depuis elle ne sortait jamais sans ce pendentif. Sa mère lui avait bien fait comprendre qu'il était particulier et très précieux mais elle ne savait pas pourquoi. Elle était morte avant d'avoir pu le lui dire. Les yeux de la jeune fille s'embuèrent tandis qu'elle adressait une pensée silencieuse à sa mère.

         Il faisait très froid dehors. Trop pour un mois de mars. Elle s'emmitoufla dans sa grosse écharpe et frissonna. Soudain, des couleurs vives de l'autre côté du boulevard attirèrent son attention. C'était le musée juste à côté de chez elle. Il y avait une exposition de tableaux sur les princes indiens. Étonnée, Mélinore s'arrêta. Une exposition sur les princes d'Inde ? Cela lui rappela les abdos de l'acteur du film de Bollywood qu'elle venait de voir et elle pouffa. Elle était vraiment irrécupérable.

     Elle arriva au café mais lorsqu'elle voulu entrer, elle fut surprise de voir la porte fermée. Bon sang mais qu'elle était stupide! C'était un dimanche, évidemment tout était fermé. Se maudissant de sa bêtise, elle s'apprêtait à rentrer chez elle lorsqu'elle eu une idée. Et si elle passait voir l'exposition sur les beaux gosses indiens? Elle était dehors alors autant en profiter, se dit-elle.

      Elle se retrouva dans un long couloir tapissé de tableaux éclairés par des lampes artificielles qui lui donnaient mal à la tête. Quelque chose l'attirait mais elle ne savait pas quoi. C'était comme si elle allait attendre sa meilleure amie à l'aéroport et qu'elle ressentait cette impatience de la retrouver après de longs mois de séparation. Elle soupira et son regard se porta sur un nouveau tableau qui semblait pourtant identique à tous les autres de la galerie. La famille royale était représentée et l'on voyait à l'arrière plan un magnifique palais ou un magnifique salon. Mais ils n'avaient rien de naturel, tout était figé, sombre, mort. Ils tiraient tous des têtes de six pieds de long ou des têtes d'enterrement. Sympa, se dit Mélinore. Finalement, elle ne trouvait pas cela si amusant étant donné qu'aucun des princes ne semblait beau ou à son goût.

       Dépitée, elle alla s'asseoir sur une des banquettes ou s'agglutinaient déjà tous les enfants. Elle sortit son portable et après plusieurs tentatives pour le débloquer, pu admirer le nouveau teint bronzé qu'arborait son amie Lin après seulement quelques heures sur la plage. Au moins une des deux s'amusait, soupira t'elle.

    Elle se résigna à finir le tour du musée et arriva dans une grande salle circulaire. Elle était seule. Un immense tableau trônait au milieu. Il représentait le prince Rajah comme l'indiquait la légende sur le côté et avait été peint par un artiste inconnu. Le prince Rajah avait fière allure dans son costume traditionnel qui laissait apparaître ses muscles saillants. Il était bronzé mais pas trop. Il portait les cheveux courts, enfin pour l'époque, et Melinore en déduisit qu'il était aussi un guerrier. Ils paraissaient si soyeux qu'elle mourait d'envie de les caresser. Ses lèvres s'étiraient en un sourire fin et séducteur qui avait sûrement dû en faire craquer plus d'une et qui dévoilait une parfaite dentition blanche. Mais ce n'était pas tout. Il avait les yeux d'un bleu azur dans lequel semblait se refléter son âme. Ses pupilles étaient comme deux billes noires perdues dans l'océan.

     Waouh. Juste waouh. C'est la seule chose que pensa Melinore. C'était impossible qu'un tel homme ai pu jamais exister. Il était juste parfait. Bronzé mais pas trop, musclé mais pas trop, beau mais pas... Ah bah si en fait. Elle dégaina son téléphone. Elle avait bien l'intention de le partager à sa meilleure amie sur leur album spécial beau gosse. Il méritait largement sa place et si cela ne tenait qu'à elle, elle lui descernerait immédiatement  le titre de Mister Univers et du BG de l'histoire de l'humanité.

Alors qu'elle prenait la photo, elle sentit une douce chaleur au niveau de son cou et vit son pendentif scintiller.

FAUVEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant