Les voyageuses venaient tout juste de partir. Il y avait comme de l'électricité dans l'air, c'est vrai que cette solution n'avait pas été facile. C'était du suicide, mais cela pouvait peut-être sauver notre peuple. La porte se souleva et se ferma avec un claquement sec. Je restai face à la porte, la tête haute. Mes conseillers commencèrent à partir, ils rejoignaient leurs habitations. Après m'être assuré que tous étaient parti, je pleurai, la tête entre les mains, ma queue fouettant les airs. J'essuyais mes larmes, laissant une trace rougeâtre sur ma peau verte, cette peau que je détestai, je me détestai. Pourquoi avoir éclos le jour du Ryld, le jour de l'alignement des astres ?! et de plus avec cette couleur de peau verdâtre ! A cause de cela, ils avaient fait de moi la nouvelle Shar, ils m'avaient élevé très durement pour que je devienne la plus puissante la plus résistance et surtout la plus apte à régner. J'avais été fouetter, tabasser, étouffée, brûlée par des gens de ma propre espèces, ils m'avaient obligé à commettre des actes que je ne pourrais jamais oublier... Tout cela parce qu'ils voulaient que mes pouvoirs se renforcent le plus vite possible et selon de vieilles croyances, la douleur faisait éclore les pouvoirs. J'avais subies d'horrible tortures, à cause de ces croyances stupides. Quand j'étais arriver au pouvoir j'avais fait abandonner cette idée pour que plus jamais cette méthode ne soit appliquée. Mais cette décision n'était que minime, celle d'aujourd'hui l'était beaucoup moins. J'avais réfléchie de long mois avant de prendre cette décision. Elle changerai à jamais notre vie. J'avais choisie de le faire même si cela entrainerai la mort de centaines de Nyms, l'élite des voyageuses. Mes conseillers avaient, avec une très faible majorité, adopté la décision. Nous avions décidé de n'envoyer que les volontaires, mais elles s'étaient toutes proposer. L'honneur de servir le royaume était tellement fort qu'aucune n'avait hésité. Je me mis en marche. Je rentrai dans le palais, saluait les gardes et me dirigea vers ma capsule personnelle. Le seul endroit du vaisseau où je serai tranquille. En passant devant mon miroir, je me stoppai net. Mes cheveux blancs pendaient mollement dans mon dos. Je les attachais, et me détailla dans la glace. Ma peau verdâtre brillait faiblement. Ma tunique tombait sur mes épaules, ce qui laissait entrevoir le haut de mes épaules, elles étaient striées de cicatrices blanches et irrégulière. Ces marques réveillèrent en moi des souvenirs douloureux et je me dépêchais de les cacher. Mon corps était assez allongé, longiligne. Ma queue hérissée de pique, dansait dans mon dos. Mon visage lui était plutôt rond. Mes yeux, étaient de couleur blanche, seule la pupille, une fente verticale, était d'un noir profond. J'arrêtais ma contemplation et continuai mon chemin. Arrivée à ma capsule, je me dévêtis et mis une tenue moins formelle. Je pris écouteurs et enregistreur, et mis le son à fond. Allongée sur ma couchette, j'ouvris grands les yeux et contempla l'espace d'un noir d'encre. Les étoiles brillaient avec intensités. La voix des Enés berçait mes pensées. Ma peau frissonna et émit un halo lumineux. Des signes en langue ancienne commencèrent à s'imprimer sur mon corps. D'abord mes jambes, ensuite mon bassin, ma queue, mon dos, mes épaules, mon cou et enfin mon visage. Mes sens étaient affinés, je voyais, j'entendais, je sentais tout. Je voyais chaque détail d'une particule de poussière, j'entendais le chahut provoquer par une bagarre à l'autre bout du vaisseau, je sentais le parfum de ma gouvernante qui dormait dans une chambre au sous-sol. Ce pouvoir était un de mes nombreux secrets. J'avais réussi à le dissimuler aux yeux de tous car il était trop dangereux. Il me permettait d'affiner mes sens mais aussi de posséder les pouvoirs de dieux anciens, des pouvoirs bien trop néfastes et destructeurs pour que quiconque se les approprient. La musique s'arrêta brusquement, c'était surement mon promis qui l'avait coupé. Il voulait que je me couche et que je dorme. Il ferma mes fenêtres et verrouilla ma porte. Depuis qu'il avait été désigné comme mon promis il contrôlai chacun de mes faits et gestes. Il ne venait pas non plus lui-même pour m'enfermer, il le faisait à distance ! J'étais si remonté contre lui que mes tatouages se retirèrent d'un coup. Cela m'arracha un cri de douleur. Je reposais écouteurs et enregistreur. Me tourna vers les fenêtres maintenant obstrué par des volets. J'imaginais les étoiles, lumineuse et éclatante de beauté qui flottait là, dans l'espace. Une larme coula sur ma joue.

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Le royaume d'Eärë
خارق للطبيعةVoulez-vous découvrir l'histoire d'Eärë ? Cette reine d'un peuple, vivant dans un vaisseau-monde, au fin fond de l'espace ? L'histoire d'un peuple, d'une société, se dirigeant doucement vers l'extinction ? Une menace plane, Eärë sera-t-elle assez fo...