seth

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     Seth

CHAPITRE 1

C’est une certitude, je hais les lendemains de soirée.
Mon réveil me sort d’un sommeil loin d’être réparateur. J’ai l’impression d’avoir à peine fermé les
yeux que c’est déjà l’heure de sortir de mon pieu.
Les notes stridentes de la sonnerie viennent torturer mon pauvre cerveau qui tente de survivre aux
atrocités qu’il a subi la veille : l’alcool, la musique à fond, l’odeur âcre du tabac sont les résultats
d’une soirée encore trop arrosée. De plus, à en croire les gémissements qui résonnent à mes oreilles,
mon lit deux places est squatté.
Je tends la main vers ma table de chevet pour éteindre mon maudit portable. À tâtons, je fais tomber
des objets qui n’avaient rien à foutre là et qui font un bruit sourd en atterrissant sur le sol, ne
manquant pas de me réveiller un peu plus et d’alimenter ma future migraine post-cuite.
Parce que, qui dit alcool, dit forcément cuite, l’un ne va pas sans l’autre et je suis devenu le roi de la
gueule de bois du dimanche dans la baraque.
Un corps totalement nu et féminin – heureusement, je crois que j’aurais vraiment touché le fond si
jamais je me réveillais à côté d’un mec… n’ai-je pas déjà touché le fond ? – vient se frotter contre
moi. Des mains fines et délicates décident de me montrer leur intérêt. Je les sens glisser le long de
mon torse, s’approchant dangereusement de mon entrejambe.
Je soupire. Je ne suis pas du matin, ce matin, et la gueule de bois ne me donne pas envie d’user des
bons soins de la miss que j’ai ramené dans ma chambre. Même si mon corps me dit le contraire, ma
queue, avec sa routine du matin, ne dirait pas non à un coup vite fait bien fait.
Sauf que la soirée est finie et le devoir m’appelle. Si mes souvenirs sont bons, j’ai des choses à faire,
la baise devra être remise à plus tard.
Sans même regarder la demoiselle que j’ai baisée cette nuit – ouvrir les yeux me ferait comprendre
que la journée est déjà bien entamée et que les dimanches sont des jours pourris où il faut lutter
contre les excès de la nuit passée – je lance d’une voix endormie et rocailleuse :
— La nuit est finie. Rentre chez toi, ma belle.
Je sens un regard lourd sur moi, elle a cessé tout mouvement. Je crois qu’elle est surprise de
m’entendre dire ça vu ma réputation, je ne suis pas censé repousser des avances aussi directes.
J’ouvre les yeux pour la dévisager, histoire de bien lui faire comprendre que je ne blague pas. Je
redécouvre par la même occasion mon coup d’un soir, une petite blonde aux yeux gris, les chev�euxen pétard et son maquillage coulant. Elle est plutôt mignonne, dans la catégorie plus que baisable.
L’expression qu’elle affiche sur son visage est franchement contrariée. Aïe.
Voyant que je ne coopère pas, l’inconnue d’une nuit – car oui, je cherche encore son prénom depuis
deux minutes et il ne me revient pas – sort de mon lit sans délicatesse, tentant de me broyer les
couilles au passage.
Typiquement féminin comme réaction.
— OK !
Sa voix ne cache pas sa contrariété, tant pis.
Je ne me gêne pas pour la mater alors qu’elle se rhabille. Elle est vraiment bien foutue, bien que
maigrichonne, elle se laisse regarder. Mon sexe ne reste pas indifférent à la vue de ses formes
féminines et je remue sous les draps pour ne pas montrer mon excitation matinale. La blondinette
cherche ses fringues à travers le foutoir de ma chambre. Elle tombe sur son string rouge et son jean,mettant fin au spectacle.

— Y’a quoi sous la couverture noire ? demande-t-elle, en attachant son soutien-gorge rouge vif.

La nana me montre l’énorme cage près de mon bureau, j’entends déjà les bruits qui proviennent de
l’intérieur. C’est l’un de mes plus beaux trésors qui s’y trouve, un trésor qu’elle ne connaîtra pas
malheureusement.
— Des objets de torture, je réponds avec sérieux.
La petite blonde se met à ricaner. Dieu, ce que certaines nanas sont stupides au réveil ! Je me demande où je vais les chercher.

Justement, je ne les cherche pas, je prends tout ce qui me tombe dans les bras. Pas besoin de faire le
tri dans ce cas. Bien que souvent, ce soit toujours le même type de filles qui m’accueillent entre leurs cuisses.
La nana termine sa chasse aux vêtements, je reste stoïque dans mon lit, je me réveille tranquillement
en remerciant le ciel de n’être pas accompagné d’un mal de crâne. Je suis crevé et savoir que je ne
retrouverai pas mon pieu avant plusieurs heures me désespère. La semaine s’annonce super longue.
Mais il paraît que j’adore cette vie de dingue, donc bon, je ne me laisse pas dominer par mon humeur morose.

Mon coup d’un soir vient s’asseoir près de moi pour mettre ses talons aiguilles, elle, par contre, elle pète la forme.
— Bon, c’était chouette, hier soir, Seth. On remet ça quand tu veux. Tu m’appelles ?
Elle finit par me faire face, un feutre à la main qu’elle a dû trouver dans mon bordel. Sans rien dire,
je la laisse écrire sur ma poitrine son prénom et son portable. Elle a l’air ravie que je ne la repousse
pas. Il faut dire que Seth Shelton n’est pas réputé pour avoir une petite amie qui dure, mais plusieurs
copines qui défilent dans son lit à tour de rôle, et les places sont chères. Être dans le tableau de chasse
d’un SAP, et plus précisément de Seth Shelton, est devenu à l’Université un passage presque
obligatoire pour toutes les nanas des sororités du campus. Et comment résister à la tentation
lorsqu’on est jeune, con, et que les hormones du sexe nous bouffent le cerveau ? Justement on ne peut pas. On dit amen à tout. Je dis amen à tout. À chacune de mes envies, sans résister.

addicted to you[ Version Française]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant