Sur le côté droit, la route défilait, son bitume noir contrastant avec la mer en contrebas.
Les clapotis bleus formaient un doux bruissement qui se mêlaient à la douceur du vent. Les vagues, remarquables griffes d'écumes, lacéraient le ventre sans fond de l'océan.Sur le côté gauche, la verdure s'étendait à perte de vue, dorée par le soleil qui planait au dessus de l'asphalte en se coulant dans les plaines désertiques.
Au milieu, la voiture grise qui filait sur la route comme une bille luisante de reflets argentés. Ses pneus crissaient sous le poids de deux valises, entassées à la va-vite à l'arrière.
Derrière, l'horizon glorieuse qui formait une ligne azure, piquée par les jeux de couleurs rosées du matin.
Les deux jeunes filles étaient parties en pleine nuit. L'une à pied jusque chez l'autre, puis deux petites silhouettes quittant leur nid sans un mot.
Elles avaient ouvert le coffre de la voiture, entassé leurs affaires à l'intérieur, et roulé dans le noir sans dire au revoir, phares éteints.Ce soir là, la ville leur était apparu presque irréelle, alors qu'elles la traversaient pour la dernière fois.
Il était six heures du matin. Sur l'autoroute, la voiture continuait de filer sans s'arrêter.
07: 30
Pour voler de l'essence, il ne faut pas avoir froid aux yeux.
C'est ce qu'Ellen se disait, alors qu'elle écrasait son pied sur l'accélérateur de la Chevrolet grise de Catherine.
Catherine, qui s'était jetée sur le siège passager au moment où son amie démarrait, claquant la porte avec empressement.
Les cheveux ébouriffés et les joues rouges, elle se laissa glisser sur son siège, tandis qu'Ellen tournait violemment le volant pour sortir le plus vite possible de la station d'essence dans laquelle elle s'était garée.
Derrière elle, Ellen aperçut le patron de la station qui sortait en trombe de sa boutique, un poing levé, sa bouche grande ouverte crachant des injures.
Ellen accéléra pour rejoindre le plus vite possible l'autoroute. Les pneus crissèrent. La voiture s'ébranla à pleine vitesse, sortant en trombe du parking.
Elle jeta un coup d'œil dans le rétroviseur et aperçut la station qui s'éloignait avec une rapidité effrayante. Son pied s'écrasa un peu plus fort sur l'accélérateur.Catherine rejeta ses cheveux en arrière avec un sourire, et avança sa main qu'Ellen frappa d'un grand coup, roulant à toute allure sur l'autoroute de San Francisco.
- Alors ? dit Ellen en accélérant pour s'éloigner le plus vite possible. Comment t'as fait ?
Encore tremblante d'excitation, Catherine retira les sangles de son sac à dos en répondant, essoufflée :
- J'ai demandé où étaient les toilettes d'un air naturel. Le type me les a montré, j'y suis allée et je suis revenue dans le rayon tout doucement ,pour ne pas qu'il m'entende. A partir de là j'ai pu prendre ce que je voulais, et je me suis barrée quand tu m'as donné le signal.
La jeune fille sourit, et sortit de son sac à dos plusieurs boîtes de sandwichs aux olives, accompagnés d'une bouteille de Jack Daniels. Ellen jeta un coup d'œil au butin et sourit à son tour.
La voiture ralentit doucement.
- C'est pas un peu risqué de prendre de l'alcool ? demanda-t-elle en gardant les yeux fixés sur le volant.
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General Fictionjuste le voyage au bout de la nuit de quelques légendes personnelles