Los Angeles

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C'est Catherine qui se réveilla la première, le lendemain matin.

Allongée au travers des sièges avant, son corps gracieux calé sur une tonne d'oreillers, elle ouvrit les yeux.
À l'arrière, Ellen dormait encore.

La cadran de la voiture, à quelques centimètres de ses yeux, indiquait 08:00.
Des boîtes de sandwichs aux olives à moitié entamés traînaient sur le tableau de bord. Sur les fenêtres de la voiture grise, des gilets et des pulls faisaient office de rideaux.

Catherine tourna la tête et observa le ciel.
Un avion traversait l'azur.
Si elle se concentrait bien sur les nuages, elle pouvait deviner toutes les formes de l'univers.

Elle repensa à une phrase qu'elle avait entendu parmi les musiques de ses cassettes, où un amant dessinait les traits du visage de l'être aimée avec des morceaux de nuages.
Il n'y avait aucun amant dans les formes du ciel.

En revanche, Catherine aperçut dans un petit nuage duveteux un oiseau élégant qui prenait son envol, tandis qu'un autre nuage se transformait en arbre biscornu.
Ses yeux verts se promenaient sur le pare brise sale, à la recherche de grâce, d'émotions.
Ellen se réveilla.

- On s'en va ? demanda Catherine en se tournant vers elle. Il commence déjà à faire chaud.

Ellen hocha la tête en s'étirant. Les deux filles étaient pleines de transpiration, dont l'odeur âcre se répandait dans chaque centimètres d'espace de la Chevrolet pleine à craquer.

Ellen se redressa, et chercha à l'arrière un sac à dos rouge qu'elle tendit à Catherine.
Elles sortirent toutes les deux sur le bitume brûlant, pieds nus. Seul le courant d'air qui passa dans les cheveux d'Ellen lorsqu'elle claqua la portière la rafraîchit légèrement.

C'était sans doute un des points négatifs à retenir de leur voyage improvisé : elles se lavaient dans des Aires d'Autoroute, dans des piscines gratuites, n'importe où.

Les deux filles entrèrent dans le minuscule bâtiment sale du parking, ou s'alignait une rangée de toilettes en face de quatre douches dénudées.
Les murs étaient tapissés de carreaux grossier gris et bleus, couverts de taches.

- C'est parti, dit Ellen en tendant à Catherine une serviette et un gel douche.

Leurs pieds nus claquaient sur le carrelage froid et boueux.
Ellen grimaça.
Cela faisait partie de l'aventure. Elles entraient dans des douches côte à côte, se déshabillaient et laissaient l'eau glacée rencontrer leur peaux meurtries, les envelopper, les soulager enfin. Elles ne parlaient pas, elles écoutaient simplement le goutte à goute qui perlait sur le silence.
Ce rituel ne devait jamais être brisé par des mots.

*

9:40

Ce jour-là, la route était beaucoup moins dégagée que la veille.
Ellen le constata alors qu'elle doublait une voiture trop lente, faisant crisser ses pneus sur l'asphalte.
Tels des milliers d'insectes, les voitures se succédaient à l'infini, emportant les Angelinos qui rentraient de vacances vers leur ville natale.

Catherine, assise sur le siège passager, observait les enfants endormis dans les voitures voisines, des enfants qui allaient bientôt devoir retourner à l'école, au collège, au lycée.
Les parents assis à l'avant, retournaient sûrement travailler, s'occuper de leur maison, chercher leurs enfants à l'école...
Les parents qui retournaient faire tout cela, y ajouteraient leurs efforts pour ne pas se sentir vieillir trop vite, ne pas se laisser envahir par le stress, l'ennui d'une routine devenue écrasante...

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⏰ Dernière mise à jour : Jul 02, 2021 ⏰

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