chapitre 3 : Une nouvelle maison

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Nous montâmes dans une grande limousine noir. Le monstre qui avait tué nos parents devait être très riche. Ondine tremblait contre moi. Le garçon partit, nous laissant seules avec une femme d'une vingtaine d'années. Elle conduisait la voiture. Elle portait de longs cheveux noirs, pareils aux miens, bien qu'ils soient plus courts. Je ne la voyais que de dos mais elle semblait magnifique malgré ses aspects sévères.

Le trajet durait une éternité, le soleil finit par se lever, nous avions roulé toute la nuit. Les questions se bousculaient dans mon esprit. Peut-être que mes dernières heures arrivaient. Soudain, la jeune femme m'interrompit dans mes rêveries :
- Ne vous inquiétez pas, Loan n'a jamais tué d'enfants.
Loan... Ce devait être le prénom du  jeune homme ensanglanté. Entendre que ce monstre en portait un me perturba. 

- Que va-t-il nous arriver ? me hasardè-je. 
- Loan vit dans une des plus riches familles d'Europe. Elle comporte une vingtaine de personnes différentes mais il en est l'héritier légitime. Seulement, il y a cinq ans de cela, ses parents sont morts d'une cause mystérieuse. Depuis, il s'amuse à emprisonner des esclaves enfants et les force à lui obéir. Vous allez sûrement rester en prison jusqu'à ce que sa folie finisse. 

Elle se tut un moment pour nous laisser le temps de digérer puis reprit :
-  Il m'est important de connaître vos âges pour vous classer dans une catégorie.
- J'ai 17 ans, et ma soeur 14, répondis-je.
- Très bien, vous serez sûrement séparées. Chaque esclave a une tache qui lui est propre.

Cette affirmation eut sur moi comme l'effet d'une balle. Je ne permettrais à personne de m'enlever Ondine. Je voulus protester mais la voiture s'arrêta net, ce qui me coupa dans mon élan. La dame nous montra un chemin avant de nous laisser entre les mains d'un jeune enfant. Il devait avoir la quinzaine. Maigre, triste, il portait des cheveux blonds en désordre. Sa mine était telle que j'eus peur de ce qui allait nous arriver. Il semblait avoir été battu. Ses yeux fatigués devaient être magnifiques avant qu'il n'arrive ici. Il ne portait qu'une veste sale et un vieux pantalon. Pieds nus, ceux-ci gardaient des traces de sang. 

Il nous pria de le suivre. Une gigantesque allée de fleurs se dressait devant nous. Derrière, trois grands châteaux se faisaient face. Nous nous dirigeâmes vers le dernier. Les murs décorés de toutes sortes de matériaux ressortaient sur la façade. Une multitude de vitraux couronnait le tout. A l'intérieur, tout était somptueux. Nous arrivâmes dans une sorte d'accueil où se tenait une jeune fille du même âge qu'Ondine. 

- Vous devez être les nouvelles, s'exclama-t-elle. Voici vos numéros. 

Elle nous tendit deux papiers, portant le numéro 643 et 644. Puis, elle pointa une direction du doigt :

- Numéro 643, ta place est en bas, m'indiqua-t-elle. Quant à toi, poursuivit-elle à Ondine, suis-moi. Il manque du personnel de chambre.

Je voulus retenir Ondine mais la jeune fille la prit par le bras avant de l'emmener. Le garçon se tenait toujours derrière moi, il m'ordonna de descendre un escalier. Celui-ci, raide, menait à une vielle porte. Le garçon prit une clef et l'ouvrit. Il attendit tout en me fixant. J'entrai alors et il referma la porte, me laissant seule dans l'obscurité. 

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