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   En fait t'avais tout compris, Solène-plus-si-solaire. T'avais pigé que l'âge adulte était un choc, alors t'as mis tes airbags de tristesse et de défaitisme et t'es restée entière, alors que tous les autres et moi-même sommes partis en cendres avec la forêt.

   Dix-huit ans et huit ans d'amitié à fêter, dommage que ça soit si triste de vieillir. Dommage que la vie soit une forêt qui brûle. Dix-huit ans et dix ans d'enfance, c'est si vite consumé. Dommage qu'on nous éduque en nous martelant de «pensez à votre futur», «travaillez pour avoir un bon métier plus tard», «anticipez»... c'est si dommage qu'on nous dise pas à l'école qu'il faut profiter de notre vie, parce qu'une fois adulte on s'fait chier.

   On s'emmerde et pourtant on a le temps de rien: une soirée? J'ai pas l'temps, mais putain qu'est-ce que j'mennuie pourtant. On devrait nous expliquer qu'on a d'la chance d'avoir une enfance, pas qu'il faut vite devenir adulte pour gagner de l'argent et être heureux avec si peu.

   En fait, nan, t'avais tort, Solène, fallait pas être triste avant de vieillir, parce que t'auras bien le temps et l'occasion d'être triste plus tard. T'aurais juste dû te casser la gueule à l'âge adulte, et te relever après, plutôt que de t'alourdir d'airbags.

   Faut juste vivre, profiter d'avoir le temps, et avoir le temps de profiter.

SOLAIRE |os|Où les histoires vivent. Découvrez maintenant