La vie est un combat perpétuel. Exprimer le souhait d'un avenir spécifique demande de te battre. T'acharner en travail, haïr une concurrence, et surtout avoir un moral d'acier sont les clés d'une possible réussite. Possible parce que les places ont un prix et ça ne se joue pas seulement au mérite. La mémoire visuelle, l'intelligence dite « écolière » qui consiste à t'abrutir devant des bouquins pour les recracher bêtement est une qualité requise. Tu n'y trouves aucun intérêt, tu ne perçois pas le rapport entre ton projet d'avenir et ce cours sur la physique quantique : tu es au bon endroit.
Ce qui devrait être source de plaisir devient un fardeau pour quiconque rentre chez soi. Combien de temps passons-nous assis sur une chaise, écoutant déblatérer un individu qui ne se sent pas plus concerné que nous ? Et pour quel résultat ?
Aujourd'hui, un travailleur sur deux n'occupe pas la fonction assignée à ses études.Avant, il fallait « garder le rythme » pour ne pas être en retard sur le programme scolaire, plutôt que de tenter de s'y intéresser ou pire, de le comprendre. Aujourd'hui, il faut être le meilleur. Le meilleur en toutes ces matières qui n'ont pas plus d'intérêt les unes que les autres. « Comprenez bien qu'il faut en éliminer le plus possible ». Il n'y a pas assez de place pour tout le monde. C'est une autre forme de combat. « Il y a ainsi plus de mérite dans la réussite ». Est-ce réellement du mérite d'être parvenu à écraser les autres et briser, par la même occasion, leur rêve de réussite ? « Tant pis pour eux, j'ai été meilleure ». Nous pensons tous la même chose, c'est humain, si ce n'était pas moi, un autre penserait exactement pareil. C'est vrai. Et c'est cette culpabilité qui nous pousse à aider nos anciens concurrents, une fois que l'on s'est assuré d'être à l'abri. Puis on crie l'égoïsme aberrant des grandes puissances, on crie les inégalités alors que nous les avons depuis bien longtemps acceptées. Pourquoi est-ce délirant d'entendre « tant pis pour eux » lorsque l'on parle de SDF mais normal lorsque l'on parle d'une concurrence ? Les problématiques de la pauvreté sont certes plus importantes mais s'écraser les uns les autres pour parvenir au sommet ne devrait pas tomber dans l'indifférence générale. La méritocratie est un symbole de la république française : l'égalité des chances et le gain d'une place désirée par les moyens que l'on se donne. On peut travailler pendant des heures, des mois, des années pour se retrouver devant une porte close. Parmi 1200 candidats, seulement 20 gagneront une place. Parle t-on toujours de méritocratie ? Le premier a-t-il plus de mérite que le 21ème ? Pourtant l'un gagne, l'autre perd. Il est seulement question de chance, ici, non de travail.
Comment avoir la motivation requise dans de telles conditions ?
VOUS LISEZ
Projet
Non-FictionMélangez, remuez, mixez. Vous obtiendrez une pâte non homogène, un fouillis de pensées.