Un brin de vérité

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Le jeune garçon ouvrit les yeux d'excitation lorsqu'il entendit le majordome tourner la clef dans la serrure. Désormais âgé de dix ans, ses parents avaient jugé qu'il était enfin en âge d'accéder à la pièce.

Après de longues minutes ou le valet tenta tant bien que mal de déverrouiller la porte, cette dernière céda enfin. L'enfant pris une grande inspiration qui permis à cette délicieuse odeur qui lui avait tant manquée de s'infiltrer dans les moindres parcelles de son esprit. Il pouvait maintenant l'affirmer, l'odeur du vieux papier était de loin celle qu'il préférait !

Il s'empressa d'entrer. Là, assis à la seule table de la petite pièce, il était là, baignant dans la douce lumière matinale, un livre dans les mains, et cet éternel sourire confiant, un brin provocateur, accroché aux lèvres. Son maître était de retour. Le visage du garçon s'illumina d'autant plus lorsqu'il aperçut le livre que ce-dernier lisait. C'était celui-là, Le livre de son enfance. Sur la couverture, on pouvait encore déchiffrer le titre, bien qu'un peu écaillé, écrit en lettres dorées : « Un brin d'Univers ».

Le garçon se souvenait encore de la voix, à la fois douce et grave, de son maître lorsqu'il lui avait lu ce livre. Il se souvenait encore du bruissement des pages, de la poussière virevoltant autour d'eux, de la douce lumière qui traversait alors la pièce, et surtout, il se souvenait de ces paroles lorsqu'il avait refermé le livre dans un claquement sourd.

« « Alors mon petit, tu l'as aimé ce livre ? »

Le bambin hocha la tête en serrant un peu plus sa peluche dans ses bras.

« Tu as confiance en ce que t'as appris ce livre ? »

Une nouvelle fois, il agita la tête.

« C'est bien. Un livre ne te mentira jamais. Les livres rassemblent tous les savoirs de notre monde. »

Le garçon regarda son maître d'un air interrogateur. L'homme sourit.

« Pour faire simple, mon petit, la seule chose en quoi tu dois avoir confiance se sont les livres. Seulement les livres. Les livres sont les seuls qui ne mentent pas.

- Mais moi je vous fais confiance, murmura l'enfant. »

Un sourire s'afficha sur les lèvres de son maître. Il pouffa un peu avant de reprendre :

« Et qui te dit que je ne te ment pas depuis le début ? Entre nous, je sais tout de toi mais tu ne sais rien de moi. »

A l'idée qu'il ne puisse pas faire confiance à son maître, le jeune garçon sentit ses yeux se remplir d'eau. Il leva vers l'homme un regard embué de larmes ? Ce-dernier se mit à sa hauteur et posa une main sur sa tête.

« Et surtout retiens bien, mon garçon, la vérité cache de nombreux mensonges, et dans chacun de ses mensonges se cache une parcelle de vérité.

Il se releva alors, et laissa là une nouvelle fois l'enfant en pleurs, tentant de comprendre le sens de ces paroles. »

DestinyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant