Adossée à son olivier

~

Elle était assise, allongée presque, dans cette sorte de champs, au milieu de la garrigue, adossée à son olivier. Il y avait une quinzaine d’autres oliviers autour d’elle, mais à chaque fois qu’elle venait par ici, elle s’adossait sur celui-ci. L’arbre était confortable et il y avait un tout autour comme un tas de terre qui rendait ça plus agréable. Elle s’adossait à son olivier et mettait ses écouteurs sur les oreilles, sans jouer aucune musique, pour écouter uniquement le silence. Elle sentait la brise légère sur ses mains et des avants bras nus. Elle lisait de nombreux romans et d'innombrables nouvelles, en lisant une autre dès qu’elle avait finit l’ancienne. Ses yeux défilaient sur son écran, où elle lisait sans s'arrêter des histoires d'amour, des histoires de meurtres, des histoires de violences, des histoires sans aucun sens aussi, des histoires poétiques qui la faisait voyager quelques instants. Parfois ces histoires étaient seulement des sentiments, des émotions, où elle pouvait voir et imaginer la personne qui les avait écrites à travers. D'autres étaient uniquement un plan, un minuscule univers détaillé qui lui permettaient de sombrer dedans et de voir ce petit univers vivre, l’instant d’un millier de mots. Elle trouvait toutes ces histoires belles. Plus particulièrement celles d’une certaine personne qui en écrivait des centaines de la sorte, qui avait une plume sublime. Cette personne, elle la connaissait sûrement mais ne savait pas exactement qui c'était. Pour le moment, cette personne était uniquement son pseudonyme. Peut-être que cette personne était un garçon, peut-être une fille, ou même aucune des deux. Elle aimait bien ce mystère même si elle voulait montrer à cette personne à quel point elle aimait ce qu’elle écrivait, à quel point ses histoire la faisait voyager, en dehors de son petit coin de garrigue. Elle trouvait cette tournure de phrase qu'elle venait de penser pas trop mal. Elle sourit tout en continuant à jouer avec les herbes sauvages qui se trouvaient autour d’elle et les entortillait, les tirait puis les arrachait avec douceur. Les mots occupaient son esprit et les herbes occupaient ses mains. Elle venait de finir une nouvelle, une histoire d’amour simple mais magnifique entre une photographe et une dessinatrice. L’histoire l'avait fait voyager sur une terrasse jusqu'à dans l'intimité des deux personnages, cette histoire d’un millier de mots l’avait fait connaître l'amour quelques brefs instants. Elle sourit. Elle releva la tête et admira le ciel au travers des branches de son olivier. Puis remarqua le chien. Que faisait-il sur son coin de garrigue ? Elle n’aimait pas vraiment les chiens, mais celui lui était un gros chien qui semblait tout doux comme une peluche. Elle remarqua ensuite son maître, sûrement, qui le tenait en laisse. Son maître semblait avoir même âge qu’elle. Le silence qu’elle aimait écouter continuer de se jouer. Elle avait vu qu’il l’avait remarquée également. Elle ne savait pas si elle était censée l’ignorer et continuer de lire ou bien le saluer, pour commencer une conversation ou juste paraître polie. Dans les histoires qu’elle lisait, l’un des deux personnages prenait la parole puis les deux commençaient une jolie histoire d’amour ou d’amitié. Elle hésitait. Le chien aboya une fois, deux fois, et elle continuait à jouer avec les herbes sauvages autour d’elle, à les entortiller, tirer dessus puis les arracher avec douceur. Elle jeta un coup d'œil à son téléphone. La prochaine nouvelle semblait être plutôt un poème, au vu de sa mise en page. Elle arracha une nouvelle herbe puis se retourna vers le maître du gros chien. Il n'était plus là. Un sentiment de soulagement mais aussi de déception l’envahit en même temps. Elle lut le poème. Cette personne avait tout de même une jolie plume. Elle joua avec une autre herbe sauvage, l’entortilla, tira dessus, l’arracha, jeta un autre coup d'œil sur son téléphone. Elle sourit, ouvrit une nouvelle note et commença à écrire.