La Folie

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Cela fait maintenant quatre ans que la solitude est mon amie, et les nuits mes parents. Je ne ressens plus rien depuis plus longtemps encore, depuis plusieurs années.

Je ne sais pas exactement. Mais je pense que ça a commencé au collège, je trouvais les autres différents. Je les aimais bien. Mais ils me demandaient sans cesse pourquoi j'étais toute seule. Je répondais alors que c'est parce que personne n'étais avec moi, et ils repartaient jouer au foot.

Le lycée apporta divers changement. Un des plus notable fut que lorsque je regardait parfois autour de moi, j'apercevais d'autres corps. Des gens comme moi, pour ainsi dire. Qu'ils soient du style à porter des masques, du maquillage, ou des émotions en plastique, ou ai contraire plutôt sans artifices, armés d'un livre et de leur seul regard. J'ai alors compris que j'avais connu trop tôt ce que eux, n'appréhendaient que maintenant.

Curieusement, de toute cette masse d'entités humaine sorti un garçon. Plutôt patient, plutôt prudent. Il s'est approché de moi durant de longues semaines, et j'ai finis par me laisser avoir. Je crois que je lui plaisait. Je lui ai donc donné une chance. Cette aventure a duré, longtemps, plus longtemps que prévu. Et j'ai dû l'apprécier, beaucoup, plus profondément que prévu aussi car j'ai finis par baisser ma garde.

C'était un week-end, en fin d'année, au début de l'été, après une journée chaude, lors d'une soirée agréable. On s'était donné rendez-vous chez moi. Il avait fortement insisté, et j'avais craqué. Nous étions seulement nous deux, mes parents partis à une fête organisée par le boulot.

Je passerais les détails de la soirée, mais c'était à la fois des plus agréables, et des plus troublant. J'en avais tellement appris,  mûrie tellement, et surtout j'avais la dérangeante  impression d'être plus vieille. Comme si j'avais eu trop de "premières fois" en une soirée.

Le lendemain, il était introuvable - une sorte d'autre "première fois". On nous a annoncé dans la classe qu'il avait dû déménager dans l'urgence, sûrement à cause de ses parents. Mais une ambiance sombre pesait sur la classe. Ambiance qui se dissipa plus vite que je l'espérais. Je finis, je pense, par m'y faire, et en quelque sorte à l'oublier, comme l'ensemble de la classe.

Les jours passaient alors inlassablement. Les amis s'inquiétait inévitablement. Je leur souriait obligatoirement. Au fil du temps les mois disparurent, puis vint les années, et enfin les époques.

Ce que je nomme "époques" sont en fait les "stades de notre vie". Nous avons la tendre enfance, le collège, le lycée, les études, les boulots de merde... Et je ne connais pas encore la suite. J'en suis arrivé là avec un bac économie et social en poche, quelques année dans une école de commerce de laquelle je suis ressortie trop tôt, et deux-trois histoires que je préférerais oublier.

Malgré la difficulté de la vie active, petit à petit je me suis fait une place dans cette société. J'ai trouvé un poste qui me paie assez pour vivre confortablement. Je vis dans un appartement raisonnable, en centre ville. J'ai même de quoi m'offrir deux trois folies vestimentaires.

J'ai pas d'amis, mais de collègues de confiance et efficaces. Je suis satisfaite de ma vie de célibat, avec tout les avantages qui vont avec. J'aimerais pouvoir dire que tout va pour le mieux...

Mais, malgré mes efforts je n'oublie pas. Malgré ma persévérance, pour lutter contre cette part de moi. Je n'y arrive pas et petit à petit l'araignée tisse sa toile. La folie, repoussée jusqu'alors, s'installe dans mon esprit. Les murs s'effondrent autour de moi. Les règles n'existent plus, la raison me délaisse et un imaginaire morbide prend place dans ce vaste espace vide...

C'est alors que d'un recoin sombre de mon existence j'entends de doux murmures emplis d'horreur innommable, qui s'installent, se tapissent, et me donnent envie de me délecter d'actes macabres... Je sais pertinemment ce qu'ils disent.

Le meurtre que j'ai commis il y a quatre ans ne me quittera jamais.

Tel ces questions. Toujours les mêmes, formulées parfois différemment. Elles m'assaillent sans cesse. Ainsi j'ai perdu la raison ?

Pourtant je pense clairement. Je me répète intérieurement : Pourquoi fallait-il que ce soit lui ?

Alors que la réelle question est :

Pourquoi suis-je né dans ce monde ?

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 01, 2018 ⏰

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