I - Víctor

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Lundi matin, 6h35.

Je sens que je vais tuer ce petit con. Nan mais sérieusement, pour qui il se prend ?

-Vas te faire foutre sale connard, m'enervai-je, tandis qu'il ne daignait pas bouger.
-‎Surveilles ton langage.
-‎Je m'en bat les mamelles ! Je vais mourir écrasée sous ton poids si tu dégages pas.
-‎Hep hep hep, comment tu parles ?

Voilà ce que c'est que de vivre avec un petit frère. Enfin, petit, si on peut dire ça comme ça. En réalité, on n'a que quelques minutes d'écart. Et au moins 15 centimètres.

Après plusieurs minutes passées à insulter mon jumeau, je réussi enfin à le dégager de mon lit. Nan mais sérieusement, qui l'a poussé à faire de la musculation ? Ok, c'était peut-être mon idée, mais le but était qu'il perde du poid. Pas qu'il en prenne.

Quand on était plus jeunes, il était, comment dire... Enrobé ? Bon, vous voyez le genre. Le petit gros quoi. Mais maintenant, c'est devenu une montagne de muscles. Avec son mètre 88, sa mâchoire carrée et son regard froid, il ferait peur à plus d'un passant. Pourtant c'est la personne la plus pacifiste que je connaisse. Et on a tous compris que s'il fait de la muscu, c'est juste pour baiser.

Lui et moi avons toujours été très proches. Malgré toutes les insultes que je peux lui dire, il est la personne qui m'est la plus chère. Il est la seule personne que j'ai réellement.
Notre mère, on ne l'a jamais vue. Quant à notre père, il travaille à l'étranger, en Catalogne. Je ne l'ai jamais considéré comme un "bon père".
C'est Marta qui nous a élevés, Víctor et moi. Cette femme est le parent que je n'ai jamais eu, et grâce à l'argent que gagne mon géniteur - une somme monumentale -, mon frère et moi avons toujours pu fréquenter les meilleures écoles. Bon, certes, on a failli se faire renvoyer plusieurs fois parce que, apparemment, organiser des courses de tortues ou faire poser un château gonflable dans l'enceinte de l'établissement est contre le règlement, mais au final notre père signait un gros chèque et c'était réglé.

Bref, si je continue de rêvasser ainsi, je vais arriver en retard en cours. Le jour de la rentrée c'est pas super quand même.

Comme à chaque fois, le petit-déjeuner se passe dans la bonne humeur.
On est clairement lunatique en fait. Un coup on s'insulte (rectification : Je l'insulte), un coup on rigole ensemble.

Après avoir pris le petit-dejeuner préparé par Marta, je monte enfiler une tenue. Notre établissement ne demande pas aux élèves de porter un quelconque uniforme, ou autres conneries du genre.
Une fois prêts, nous nous rendons au lycée. Le chemin se passe dans la même bonne humeur qu'au petit déjeuner. Il est vrai que la plupart des frères et sœurs que je côtoie se deteste. Nous, c'est l'inverse. Je pense que si Víctor n'avait pas été mon frère, il aurait fait parti de mes amis les plus proches.

Après plusieurs minutes passées sur la route, nous arrivons.
Une chose est sûre, ce lieu ne m'avait pas manqué. Combien de fois ai-je rêvé qu'il brûle ? Malgré tout, je ne peux pas nier qu'il fasse parti des mieux situé de l'état. Nous somme à seulement quelques minutes à pied de l'océan.
Tous les soirs, en sortant des cours, nous avons pris l'habitude de gréer nos dériveurs et de partir naviguer plusieurs heures.

Une fois garés sur le parking, je remarque les regards braqués sur mon frère et moi. En même temps, c'est dur de nous rater avec la voiture de mon frère. Nous ne sommes pas de ceux qui roulent en voiture de luxe pour se la péter ou que sais-je, nous aimons simplement les belles voitures.

Nous marchons jusqu'au bâtiment où sont affichées les listes de classes. Je repère rapidement nos noms dans la liste : Lleixà Trobat Joana - Lleixà Trobat Víctor.

Je n'ai jamais réellement apprécié mon nom -ou plutôt  mes noms- de famille. Peut être parce qu'il me rappelle que j'ai laissé mes amis et mon père en Catalogne.
Nous sommes arrivés aux Etats-Unis alors que je nous n'avions que 7 ans, nous ne parlions pas la langue et je me souviens que Víctor et moi avions du prendre des cours d'anglais. C'était une horreur.

Après avoir pris connaissance de notre classe et de notre emploie du temps, je pars rejoindre mes amis.

"Frère Jumeau"Où les histoires vivent. Découvrez maintenant