Mini Fiction OrelxGringe - Le procès.

Le début.

Guillaume se réveilla avec un mal de crâne et se dirigea avec difficulté vers la salle à manger. Il la traversa sans un regard et alla prendre la bouteille de jus d'orange dans la porte du frigo avant d'y revenir et de s'affaler dans le canapé. Il ouvrit les yeux en sentant une présence à ses côtés et avala le jus qu'il avait versé dans sa bouche sur le chemin. Aurélien était là, immobile, les yeux fixés sur son ordinateur, et n'avait pas esquissé le moindre geste quand il s'était avachi à ses côtés. Il fronça les sourcils devant l'attitude bizarre de son ami.

« Ça va, mec ? »

Aurélien ne répondit rien et baissa les yeux au sol pour toute réponse. Il se baissa légèrement pour regarder son visage et vit qu'il pleurait silencieusement. Il se releva aussitôt, troublé. Il ne le voyait pas souvent pleurer mais quand Aurélien le faisait, c'était qu'il avait une bonne raison. Car il était toujours tout sourire d'habitude, même si des fois il savait que c'était pour de faux. Ce n'était pas le genre de gars à se plaindre ou à vouloir qu'on le réconforte.

« Mec, qu'est-ce qui se passe ? » tenta-t-il.

Aurélien ne répondit pas non plus alors il lui attrapa le bras pour qu'il se redresse.

« Orel, réponds !

— C'est sur l'ordi, Gringe. » répondit enfin le plus jeune d'une voix lasse avant de se lever.

Celui-ci fit quelques pas et s'arrêta, les bras ballants et toujours les yeux baissés. Il jeta un coup d'œil à l'ordi et vit un mail de l'avocat de son ami. Apparemment, à la sortie de son nouvel album, les chiennes de garde s'étaient réveillées et voulaient lui remettre un autre procès dans les dents. Un nouveau procès pour une chanson qui était sortie il y a maintenant près de dix ans. Une chanson que le plus jeune n'avait jamais chanté sur scène et qui ne figurait sur aucun album. Une chanson qu'il avait passé des années et trois procès à défendre et à expliquer. Ces chiennes ne savaient pas quoi faire pour se mettre quelque chose sous la dent et pour l'empêcher d'avancer par la même occasion. Pourquoi elles le jugeaient encore sur cette chanson et non sur les paroles de son nouvel album ? Parce qu'elles avaient peur de comprendre qu'elles s'étaient trompées ? Il se leva à son tour et s'approcha doucement de son ami. Ce dernier n'avait jamais montré à personne à quel point cette histoire le touchait. Il l'avait prise avec nonchalance comme tout. En tout cas, en apparence. Mais maintenant, il voyait qu'il s'était trompé. Il s'était laissé faire croire cela, ou en tout cas, cela avait été plus facile de le croire. Il posa une main sur l'épaule de son ami et il le sentit trembler au contact. Celui-ci releva un visage baigné de larmes et le regarda. Il ne put se retenir de ressentir de la peine pour son ami et le prit soudain dans ses bras en le voyant aussi vulnérable.

« Orel, tout va bien se passer, ok ? Fais moi confiance.

— Je suis tellement fatigué, Guillaume. »

Il se tendit à cette phrase. Aurélien ne l'appelait que très rarement Guillaume et il semblait en ce moment si vide de toute vie. Il s'insulta mentalement de ne pas avoir compris plus tôt à quel point tout cela le pesait. Il se redressa doucement sans brusquer Aurélien et lui prit la main pour le mener au canapé. Il ferma l'ordinateur sur la table et le força à s'asseoir à ses côtés.

« Viens là. Repose-toi maintenant. » dit-il en passant un bras autour de son ami pour lui montrer qu'il pouvait reposer sa tête sur son épaule.

Après une nette hésitation, celui-ci accepta la proposition et laissa rouler sa tête au creux de son cou. En quelques instants, il tomba endormi et il lui décocha quelques petits coups d'œil discrets. Il n'était pas du genre tactile. Et Aurélien le savait. C'est pour ça que ce dernier se refusait beaucoup de choses, parce que lui, au contraire, n'avait aucun problème avec ça. Pourtant, sa tête sur son épaule, ça ne lui semblait pas bizarre. Il ressentait une drôle de chaleur dans son ventre mais sinon, à part ça, tout allait bien.
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