QUATRIÈME CHAPITRE

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Il faisait sombre dehors. Quelques fines gouttelettes se laissaient choir dans les vieux récipients, n'ayant pas atteint le quart de leur remplissage au cours de cette brève mais violente dépression atmosphérique. Pas d'arc-en-ciel pour compenser le mal. Pas de beau temps après cette pluie et toujours pas de résolution au problème.
Les individus s'activaient à transférer leur maigre approvisionnement en eau dans les bassins. Ce manque ne faisait qu'augmenter à mesure que les jours passaient. Les conduits d'eau étaient à sec et la nature prenait sa revenche contre ces terriens qui la font tant souffrir.

Des gouttes s'écrasaient au sol d'un rythme lent depuis les feuilles darbres. Quelques bestioles remontaient le long des brindilles d'herbe fraîche. Une mère poule reprenait la marche avec à sa suite ses poussins au duvet si différent de l'ordinaire, picorant et grattant partout dans l'espoir de trouver de quoi se nourrir dans la terre humide. Après une pluie il faut bien se bouger. La vie continue.

Un petit dépôt s'est vu dépouiller par la violence du vent. Les habitants ne manquaient pas de se mettre à la tâche. Ils réagissaient de manière hâtive.

Il a bien fallu que ça soit l'un des dépôts à provision, se plaignait la généralité.

Si la pluie avait été abondante, ils auraient certe collecté beaucoup d'eau mais des sacs de céréales ne seraient plus que pâte molle et sans valeur.
Le transfert des sacs se faisait d'une main à l'autre. Chaque sac se devait d'être vidé en vue d'enlever la portion imbibé d'eau. La perte n'était pas grande mais cela restait quand même au titre de perte et ça causerait, aussi insignifiante soit-elle, problème.
Rien ne leur était favorable.

« Allez, à trois on déploit toute notre force dessus pour le dégager», s'époumonait un homme face à deux autres en tentant vainement de faire bouger une branche d'arbre, pas des plus légère. Celle-ci encombrait le passage.
Après mainte décompte, rien n'y fait. Cette branche était comparable à un tronc.

« Hé, toi là! Peux-tu te bouger et aller chercher de l'aide? Ça ne bougera pas tout seul!», cria l'un d'entre eux, sûrement excédé par son impuissance face à ce bois massif, à l'encontre d'un jeune garçon.
Ce dernier ne fit pas le gros bras et mis aussitôt ses pieds au service. Il entama une course pour faire plus vite. Près de cinq minutes plus tard, il arriva à destination. Essouflé, il eut du mal à s'exprimer durant les premières secondes. Il n'était pas trop sportif.
Près de la porte, il fit appel à l'homme qui logeait les lieux, lui suscitant son aide.

« J'ai déjà du travail, Junior! Il trouveront bien d'autres personnes pour fournir de l'aide mais moi je reste ici. Je te conseil de marcher sur le chemin du retour. La vitesse ne te va pas trop, finit-il en se retournant pour reprendre son activité.

- Ils disent avoir besoin d'aide. Et tu es le seul à être disponible à ce qu'il parrait. Il y a beaucoup de dégât dehors. Tu devrais peut-être sortir un moment, histoire d'analyser les faits.

- Non, je ne suis pas disponible. Il y a bien d'autres gens par ici. Tu devrais demander leur aide.

- Tous s'active déjà à faire quelque chose et...

- Moi aussi. Maintenant il est temps pour toi de t'activer à autre chose qu'à me boucher les conduits, le coupa t-il en se retournant le visage pris d'un agacement.

L'homme se tut, pris une grande inspiration et expira fortement avant de se tirer de sa chaise, mettant sa tâche en retrait.

- Je vais voir ce que je peux faire mais toi tu restes ici pour veiller sur elle, reprit ce dernier d'un ton ferme.

Le jeune homme en question aquiesça de la tête et s'introduit à l'intérieur de la pièce. Il prit place bien avant que l'autre ne parte.

Depuis le jour de la venue de la jeune fille, Junior n'avait jamais eu la chance de la voir. Il l'avait aperçu lors de l'ouverture de la marmite, avec sa peau d'une lividité extrême et son corps inanimé. Maintenant elle reprenait ses couleurs. Tous attendaient son réveil.
Sa touffe de cheveux roux et crépu s'était fait rangé dans deux cordonettes. Une laine la maintenait au chaud.
Elle respirait calmement comme si ce sommeil constituait le meilleur du moment. Son grain de beauté au dessus de la lèvre supérieure, se faisait plus foncé. Elle ne partait plus.

Le jeune homme prenait plaisir à l'observer, tout en se demandant si elle se réveillerait un jour. Peut-être qu'elle allait finalement mourir de faim dans son sommeil paisible. L'idée de forcer son réveil lui passa par la tête. La réticence à cette idée l'immobilisa et il ne bougeait plus. Fallait-il la brusquer dans son sommeil pour qu'elle ouvre ses yeux? Elle n'avait pas émis le moindre mouvement depuis qu'elle était gardé dans la pièce. Un vrai coma. L'insouciance totale. Nombreux sont ceux de ce lieu qui auraient aimé être à sa place. Ils auraient voulu dormir. Dormir profondément sans prêter attention à quoique ce soit.

Le garçon pesait encore ses choix.
Une quinte de toux vint troubler le silence de la pièce. Il reporta son entière attention sur la fille. Elle venait de bouger dans son sommeil après avoir toussé.

***

« Allez les gars, ne vous découragez pas on y est presque», laissa sortir l'homme de tantôt, gémissant sous le poids de cette matière végétale. Il se concentrait pour mener à bien ce travail collectif. Ils étaient six à présent et ils avaient à peine déplacé la branche. Leurs corps contellés de sueur, ils n'abandonnaient pas.

Ils réussirent à le soulever au bout de quelques minutes et ils dégagèrent enfin le passage. A peine qu'ils reprenaient leurs souffles, Junior fit son apparition dans une course effreinnée ce qui alerta l'homme qui lui avait fait part d'une responsabilité.

« Je croyais t'avoir dit de rester veiller sur la fille, commença t-il.

- Elle... elle a bougé...», répondit-il le souffle court.

Une fois à son repère, il analysa la jeune fille du regard et s'approcha d'elle. Natasha avait changé de position. Elle revenait. Quelques secondes plus tard, ses iris rencontrèrent ceux de l'homme en question. Un peu perdue, elle essaya de retrouver l'intégralité de sa vue et quand cela lui revint, elle pu enfin voir les éléments des environs ou plus précisément les yeux bruns qui la foudroyaient.

« Bien dormi?» demanda t-il.

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Après ce grand retard, enfin une nouvelle partie! J'espère que je n'ai pas gâché l'envie que vous aviez de lire mon livre et j'espère surtout que cela vous convient.

Quand viendra t-il?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant