Chapitre V

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Je suis assise derrière la ferme, sur un petit tabouret, Natsume à mes côtés sur l'herbe. Nous écossons des épis de maïs. Je n'ai jamais fais ça de ma vie mais c'est plutôt sympa, j'aime beaucoup. Ça à un petit coté relaxant. Nous travaillons dans le silence jusqu'à ce que Natsume le brise.

- Alors ? demande-t-il.

- Alors quoi ? ris-je.

- C'est quoi ton histoire ?

Je garde le silence quelques minutes puis décide d'éluder sa question par une autre.

- Et toi c'est quoi la tienne ? Grincheux comme tu es tu n'auras jamais de femme, taquiné-je.

- Aie, touché, dit-il en faisant une grimace la main posée contre son cœur.

- Oh aller à d'autre, comme si tu avais été blessé par mes mots, ricané-je.

Il me fixe quelques secondes avant d'afficher un petit sourire en coin.

- Non, c'est vrai je m'en fou. Si c'est pour me taper une femme chiante toute ma vie je préfère rester seul auprès de ma mère. Ma famille est la chose la plus importante, dit-il le regard sérieux.

Mes mains se figent et laissent tomber l'épi de maïs sur l'herbe. Je me reprends vite et le ramasse avant de reprendre le travail. Ma famille à moi craint vraiment, je l'envie tellement. Je jette un coup d'œil sur ma droite et je vois qu'il fixe le bleu encore visible sur ma joue, mon cœur se serre.

- Je suis très maladroite, dis-je en souriant.

- Pourtant je ne t'ai jamais vu te cogner ou tomber depuis ton arrivé ici, note-t-il.

Je ne réponds rien, inutile de m'enfoncer d'avantage dans mes mensonges, je déteste leur mentir. Je sais qu'il ne me croit pas, et qu'il se doute de la vérité.

- Qui ? demande-t-il.

- Pardon ? réponds-je sans comprendre le sens de sa question.

- Qui te bats ?

Les mots sortent de ma bouche avant que je ne puisse les retenir. Sans doute qu'au fond le besoin de me confier est plus fort.

- Mon père, marmonné-je.

C'est la première fois que j'en parle à quelqu'un, je me sens presque soulagée. C'est douloureux de parler de ses choses là, mais mes yeux restent secs, pas de larmes à l'horizon. Je réponds à ses questions mécaniquement comme un robot.

- Depuis quand ?

- Peu de temps après la mort de ma mère.

- Tu avais quel âge ?

- Huit ans, soufflé-je.

Je sens son regard se poser sur moi mais je refuse de le regarder. Je ne veux pas voir de pitié dans ses yeux et pour une raison que j'ignore surtout pas venant de lui.

- Ce n'est rien, je m'y suis habituée, dis-je en me forçant à sourire.

- Arrête, menace-t-il.

- Pardon ? demandé-je en tournant la tête vers lui.

- Ne te force pas avec moi, ne fais pas semblant.

Un autre monde ♣  (MikanxNatsume) GAKUEN ALICEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant