La Décision

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Il y a quelques jours j'ai eu un retard de règles.

J'ai peur d'en parler à mes parents mais également à mon copain. Je pense que ce n'est rien de grave, ça met déjà arriver avant que je prenne ma pilule.

Je ne sais pas quoi faire, ma mère est totalement contre l'avortement. Moi je pense que selon la situation, on n'a pas le choix. Si on ne peut pas éduquer un enfant correctement c'est plus judicieux, même si ça reste une décision extrêmement difficile à faire.

Quelques jours ont passés et toujours aucun signe de règles, je commence vraiment à stresser. Je ne peux plus garder ça pour moi. Mentir sans cesse à ma famille, alors qu'ils me connaissent par cœur, c'est impossible. Mais je ne veux pas qu'ils aient la sensation d'avoir loupé mon éducation, ou encore qu'ils éprouvent de la honte à mon égard. Je me sens seule, tellement seule....

Bon il faut que j'en parle, plus j'attends et plus la situation devient compliquée. Si je suis enceinte, ce sera impossible d'avorter, du moins si j'y arrive. Et surtout ça va être de moins en moins supportable...Que faire? En parler, oui, mais à qui? Ma meilleure amie à qui je me confie, ma famille qui est très importante pour moi, ou mon homme qui est toujours là pour me soutenir. Je ne sais pas.

Je décide de prendre mon courage à deux mains et j'envoie un message à mon chéri. Furieux, il me balance : " pourquoi tu ne me l'as pas dit avant? Tu ne dois pas vivre ça seule et si tu dois avorter, je veux être présent."

Je ne comprends pas pourquoi j'ai eu peur, c'est une personne formidable et compréhensive.

Enfin rassurée, je le dis également à ma meilleure amie.

Mon secret avoué, je décide d'appeler ma gynécologue pour avoir une ordonnance, afin de faire une prise de sang. Ma journée de boulot terminée, mon ordonnance récupérée, je m'arrête dans un centre d'analyses pour prendre rendez-vous. La secrétaire m'explique que pour cette prise de sang il n'y a pas besoin d'être à jeun, donc je l'ai faite dans la foulée.

Enfin le jour des résultats arriva. En prenant l'enveloppe, je voulais à la fois l'ouvrir de suite mais en même temps je redoutai la réponse. Je restai un long moment assise dans ma voiture en fixant l'enveloppe encore fermée. Je la mis dans mon sac à main. je pris la décision de rentrer chez mes parents, sans l'ouvrir. Selon les résultats, je n'aurais peut-être pas pu conduire de suite.J'attendais mes résultats avec une sorte d'impatience, mélangée à une trop grande appréhension. Je ne savais pas à quoi m'attendre. Je m'étais toujours dit qu'en prenant la pilule, il n'y avait aucun risque. Mais quelque part je savais que le risque zéro n'existait pas.

En rentrant chez mes parents je pris la direction de ma chambre, sans prendre le temps de faire un câlin à ma chienne, qui pourtant aurait pu me faire du bien. Je pris l'enveloppe, l'ouvrit enfin sans réfléchir. Mes yeux couraient désespérément sur la feuille, à la recherche des mots libérateurs. Au bout de quelques secondes, un mot français apparut: ... Positif.... J'étais bel et bien enceinte, j'avais beau relire je ne comprenais toujours rien sauf ce mot perturbant. Je fondis en larmes. J'appelle mon copain. Il me demande ce que je compte faire, mais je ne pouvais pas répondre, aucun son ne sortait de ma bouche. D'un côté, je suis mature, je sais que je pourrais éduquer un enfant comme il se doit, avec, j'espère, le soutient de ma famille. Mais de l'autre, mon chéri vit loin de chez moi, à 4 heures de route. Et je refuse que ce bébé soit le fardeau de ma famille, c'est notre problème, pas le leur, et surtout, il n'y a pas de place pour un enfant.

Depuis mon retard, je ne fais que des rêves de bébé... Mon Dieu que c'est dur... Je ne fais que pleurer...Tour les soirs, je pleure en me touchant le ventre...

J'ai réussi à en parler, certes, mais à personne de physiquement présent.

Je ne veux pas être une meurtrière, mais je n'ai pas de situation stable. Dans mon couple, je suis la seule à travailler et c'est juste pour attendre de reprendre mes études.

Mon cœur se déchire en deux, mon homme ne se sent pas prêt à être papa, et moi j'aimerais élever cet enfant dans un environnement convenable avec une condition adéquate.

Malheureusement, je dois prendre une décision... Le garder ou non...

Si j'attends trop, je ne pourrais plus avorter. Mais j'ai quand même un doute, je préfère appeler ma gynécologue pour être sûre de moi.

Ma gynécologue m'explique que j'ai mal lu les analyses, le mot positif était en rapport aux hormones ou un truc du genre, je dois bien vous avouer qu'a ce moment précis je ne réfléchissais plus. Je n'étais pas enceinte.

Quel soulagement!

Certes je n'ai pas eu à prendre cette décision mais les filles qui doivent réellement la prendre, je les encourage à en parler de suite à quelqu'un qui est prêt à les aider. Ce n'est pas un choix à prendre à la légère, ce choix va changer votre vie à jamais et vous devez être sure de vous.Je suis rassurée, même si me suis fait des films et que j'ai mal compris les résultats. Mon mal-être était bien réel.

Je ne suis pas une experte dans ce domaine et je n'ai pas eu ce choix à faire. Mais penser bien à l'avenir du bébé, si vous pouvez subvenir à ses besoins, si vous vous sentez prête à élever un enfant et surtout est-ce que vous êtes sûre d'être aidé au quotidien.

FIN

La DécisionWhere stories live. Discover now