Le Castelet

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L'histoire que je vais vous raconter s'inspire du réel, de par ses personnages et son lieu d'action. Bien sûr, c'est sans le consentement de ces personnes que je me suis mise à écrire ce récit. Mais s'il venait un quelconque désaccord de leur part, et bien... cela ne changerait rien, l'histoire resterait telle quelle.

    Laissez-moi vous conter...

    Tout commença -et se termina- une longue soirée d'hiver, à la période des festivités de Noël, bien que cette année-là rien ne pouvait nous faire penser que l'homme à la barbe blanche bien fournie allait passer.

    Il n'y avait plus de guirlandes sur les maisons et les lampadaires, ni de sapins sur les places des villages, car tout ce qui pouvait égayer nos rues faisait effondrer l'économie locale ( en tout cas c'est ce que laissent entendre les maires aux alentours). L'atmosphère tant aimée des enfants comme des adultes n'existait plus désormais. Seules quelques habitations faisaient encore honneur à ces traditions.

    « Le Castelet » de Montfaucon, domaine seigneurial d'une famille parisienne était l'une d'elles. Située en hauteur sur la place du Tranchet, cette demeure décuplait les jaloux déjà bien présents en Berry. Par sa splendeur et des  travaux de grande envergure elle avait revêtu sa majesté d'antan.

    Tout le bon goût des résidents de cette maison se reflétait en chacun des détails apportés de part et d'autre de la façade : le toit était rempli de petites tuiles aux dégradés de rouge, un charme significatif du début du XXème siècle. Les volets, eux, se paraient d'un blanc typique des fermes de la région et étaient mis en valeur par une gigantesque guirlande lumineuse.

    Qui donc pouvait passer à Montfaucon sans prêter attention à la plus belle demeure des environs ? Le plus jaloux des Berrichons ? Je ne sais pas...

   

    Pour ma part, c'était impossible ! Mais j'avais une bonne raison de penser cela : j'habitais au « Castelet ». Entourée de mes parents et de mes trois frères, j'avais emménagé entre ces murs six ans auparavant, laissant derrière moi le tumulte parisien. Des regrets ? Quelques-uns, mais en parler ne ferait que chavirer ces lignes, qui sont déjà bien assez tordues. Enfin...

    Revenons plutôt au sujet central de cette nouvelle ( que je n'ai ni entamé ni évoqué d'ailleurs).

   

    Tout débuta donc lors de cette soirée hivernale dans le salon du « Castelet ».

    Ce soir là était un soir comme tous les autres, chacun faisant ce qu'il avait l'habitude de faire. Papa remplissait les verres de l'apéritif en demandant ce que chaque personne désirait boire : «  Un verre de whisky Tristan ? ». A côté, fumant sa énième cigarette sur le canapé, Maman parlait des dernières nouvelles de la campagne à Marc : « Le restaurant d'en face va fermer... C'est atroce quand même ». Karl, lui, n'écoutait que d'une oreille, préférant gérer sa dernière conversation Facebook qui traitait sans doute d'une soirée future avec ses amis tourangeaux. Thibault, étonnamment discret, devait écouter le discours politique de son frère Benoît : «  Les riches sont des cons... J 'pense pas que des gens comme ça devraient nous diriger ! ». Cela le dérangeait un peu, car son frère venu de Bretagne n'était pas là très souvent, et qui voulait en guise de retrouvailles une telle conversation.  Marc qui était d'entrain de discuter de quelques ragots paysanniers avec sa mère, assistait également au spectacle du frivole Tristan. Ce dernier, au rythme de la Bourrée de Saint Chartier, gesticulait dans tous les sens, tirant de temps à autre le bras de Marc.

    Parmi ces comportements variés je tentais d'intervenir, passant des commérages de Maman, à la folie de Tristan. C'était finalement un de ces moments que j'affectionnais tout particulièrement, entourée des miens, le sourire aux lèvres.

    Qui aurait donc pu imaginer que cette ambiance chaleureuse finirait par s 'évanouir ?

    Les heures passèrent alors, ponctuées de rires et de tensions inutiles. Puis, lorsque le repas fut dégusté jusqu'à la dernière miette, vint l'instant tant attendu de la journée, la partie de Dracula. Ce jeu semblait avoir toujours été une institution dans notre famille. Se prendre pour la plus célèbre créature sanguinaire jamais existée excitait nos esprits ; et en devenir la victime n'estompait en rien notre plaisir, bien au contraire.

    Dehors, la nuit tombée depuis quelques heures, laissait place à l'obscurité. Celle -ci enveloppait nos âmes d'une frayeur sans nom. Seule la présence d'un chandelier vieillot pouvait laisser planer une infime lueur rassurante en ces lieux. Nous découvrions alors quel sort allait être jeté sur nous . Quand nous savions tous si nos cœurs seraient assassins ou martyrs, les cloches annonçaient le réveil du mal et l'instant de nous cacher.

   Mais le maître du mal allait-il demeurer Dracula, ou bien une âme apparemment innocente ?

                            

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⏰ Dernière mise à jour : Nov 24, 2018 ⏰

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