Je connais tout de toi

25 - "Oli arrête ça !"

La tête posée contre la vitre de la voiture, je souffle en regardant le paysage défiler sous mes yeux. Il y a à peine 10 minutes de trajet entre le Clint et mon appartement mais j'ai l'impression d'en faire le double tellement j'ai hâte d'être enfin chez moi. Cette soirée m'a épuisé tant physiquement que moralement, jamais j'aurai pu imaginer une chose pareil en me rendant sur mon lieu de travail plus tôt dans la journée. Des images de moi, prise au piège dans la réserve, tournent en bouclent dans ma tête depuis que nous sommes partis et je dois lutter pour ne pas me remettre à pleurer.

Vous auriez dû voir la réaction de Wawad, j'ai bien cru qu'il allait faire un meurtre. Heureusement que Florian était là pour m'aider à le raisonner sinon il aurait débarqué dans le bar et n'en serait sorti qu'une fois mon agresseur mis hors d'état de nuire. Au lieu de ça nous avons rejoins sa voiture en silence , chacun dans ses pensées.

Je soupire de soulagement lorsqu'il se gare enfin devant la porte de mon immeuble, il est 2h00 du matin et mes yeux se ferment tout seul. Il était temps qu'on arrive. Wawad m'aide à sortir de la voiture et compose le code qui permet d'ouvrir la porte d'entrée.

_ Walid, je souffle, je peux me débrouiller toute seule tu sais.

Il me scrute et replace une mèche de cheveux derrière mon oreille.

_ Tu tombes de fatigue, laisse moi t'aider.

Je ne bronche pas et me laisse faire, la fatigue prenant le dessus. Une fois dans l'ascenseur je nous regarde tous les trois dans le miroir fixé au mur. Je fais vraiment peur à voir. Mon maquillage à coulé, mon pull est déchiré et je suis complètement décoiffée, Wawad à le visage fermé et ses mâchoires sont serrées. Quant à Florian il est aussi neutre que d'habitude. Je baisse la tête lorsque je sens la main de Wawad se resserrer sur la mienne. Je ferme alors les yeux et me repose sur son épaule jusqu'à ce que j'entende le ding nous informant que nous sommes arrivés à mon étage.

Lorsque nous pénétrons dans mon appartement, seul une faible lumière éclaire le salon. Je dépose mon sac au porte-manteaux et m'approche de plus près. Je remarque que la télé est allumé sur un programme musical et que Olivio s'est endormis sur le canapé, le téléphone en main. En le voyant comme ça je ne peux m'empêcher de le trouver adorable, on serait loin de s'imaginer les démons qui le tourmentent. Je suis sortie de ma contemplation par Florian qui arrive derrière moi.

_ Oli ? Mais qu'est-ce qu'il fout ici ? S'exclame-t-il.

Je sursaute.

_ Chuut ! Tu vas le réveiller ! Je chuchote en éteignant la télé.

Je vois les deux garçons me regarder interloqués. Depuis quand est-ce que je suis gentille avec lui ? Wawad est déjà au courant de l'histoire, du moins ce que j'ai bien voulus raconter, mais Florian, lui, ne sais absolument rien et croyez moi que ça ne va pas être le plus facile à convaincre.

_Tu m'excuseras Florian mais là j'ai juste envie de me coucher, on en parlera plus tard.

Encore une fois je fuis, j'ai l'impression de ne faire que ça depuis quelques temps. Je passe devant eux et me rends à la salle de bain me débarbouiller avant de rejoindre ma chambre quelques minutes plus tard. Wawad est assis sur mon lit et tient une photo entre ses mains.

_ Je pensais que tu l'avais jetée.

Je m'assied à ses côtés et attrape la photo qu'il fixe depuis quelques minutes et l'a contemple à mon tour. 5 amis, debout face à la mer, se tenant par la main. La beauté de la photo est amplifiée par un fabuleux couché de soleil. De gauche à droite nous avons : Olivio, moi, Wawad, Jesse et Florian. Le plus triste c'est qu'elle a été prise que quelques jours avant que tout n'éclate entre nous. Avant que je ne subisse la plus grande peine de cœur de ma vie.