Partie 1 Mia

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Chapitre 1


J'observe les employés de l'aéroport charger les bagages sur le tapis roulant à travers le hublot. Ils paraissent minuscules. Mon père et moi sommes entrés les premiers dans l'avion. En raison du surbooking de celui-ci, il est passé en première classe. Moi, je me retrouve en classe premium parce que je voulais voir le ciel. J'adore les nuages. Ils ressemblent à du coton effiloché, les observer est incroyablement relaxant. En vérité, je voulais laisser la meilleure place à mon papa. Il en a besoin. Oui, je sais. À trente ans, je ne devrais plus dire mon papa mais mon père. Je suis sortie de mes pensées par l'embarquement des autres passagers. Je feins de les ignorer, quand un homme s'approche de moi. Il place son sac à dos dans l'espace prévu pour les bagages à main. Il est à couper le souffle. Sa chemise blanche en lin laisse entrevoir ses muscles. Il porte un jean large et un bonnet gris qui dissimule ses cheveux.

Il l'ôte au moment où il s'installe à la place à côté de moi. Il est châtain avec des yeux bleus presque blancs tellement ils sont clairs. C'est possible une telle couleur ? Il doit porter des lentilles. Je lui souris gentiment et reprends mon observation extérieure. Je ne veux pas qu'il remarque que je le reluque. Je ne sais pas comment je vais faire pour ne pas croiser son regard azur pendant les quatre heures que dure le vol. Ça ne devrait pas être permis de mettre des mecs aussi beaux à côté de nanas comme moi. C'est vrai, en comparaison, je parais fade. Et puis, nous mettre sous les yeux ce qu'on ne peut espérer avoir un jour dans notre lit, c'est de la torture.

L'embarquement terminé, nous prenons rapidement la direction de la piste. Habituellement, il se passe toujours une éternité avant que l'on autorise l'appareil à décoller. On a de la chance, aujourd'hui. En plus d'avoir un surclassement, on sera à l'heure. Après cette manœuvre, nous sommes autorisés à circuler dans l'avion. Je me contente de détacher ma ceinture. Je n'aime pas me sentir oppressée. Je déteste toute forme de contrainte, même si je me plie à la majorité. Je reste une révolutionnaire dans l'âme. J'attrape alors mon livre, que j'avais posé dans le filet devant moi.

- Romance ? me demande le beau gosse assis à mes côtés.

Je le regarde un instant pour être sûre que c'est bien à moi qu'il parle. Manifestement, oui.

- Mais pas que ! C'est un livre passionnant qui, à travers une romance, traite de sujets plus graves avec humour et tente de les dédramatiser. Il aborde des thèmes comme la maladie, la froideur du système hospitalier, la bonne moralité et un tas d'autres sous couvert d'une histoire d'amour naissante entre un golden boy de l'édition et une jeune auteure en devenir, une femme charmante et pétillante, bourrée de talent. Désolée, j'aurais dû répondre plus simplement. Je suis passionnée de littérature.

- Je vois, me répond-il avec un sourire discret.

Il est éblouissant de sensualité.

- Thriller, suspense haletant. J'attends impatiemment la chute, dit beau gosse en levant son livre.

Je souris franchement. Je suis comme ça, je ne sais pas faire dans la demi-teinte. Quand je suis joyeuse, cela se voit. Et également quand je suis triste, ce qui est plus rare. Je suis persuadée que la vie est plus facile si on voit le positif dans toutes choses.

Tous deux plongés dans notre lecture, je ne me laisse distraire que par la contemplation du ciel. Jusqu'à ce que nous soyons coupés par l'arrivée du déjeuner. Ça tombe bien, j'ai faim. L'hôtesse de l'air, aussi jolie que jeune, passe mon plateau au beau gosse en lui demandant de me le transmettre. J'écarquille les yeux devant la quantité d'aliments devant moi.

- Il y a un problème ? demande l'hôtesse, gardant en suspens le repas de mon voisin.

- Je crois que vous vous êtes trompée, mademoiselle, réponds-je.

- Vous êtes en premium. Tous nos plateaux sont aussi copieux, certifie-t-elle en donnant celui qu'elle tenait en main.

Beau gosse me le confirme d'un regard. Je n'insiste pas.

- Ils sont plus généreux qu'en éco. La classe économique n'a droit qu'à un sandwich dégueulasse alors que nous avons de la pintade aux cèpes et même un filet de saumon, m'explique mon charmant voisin.

- C'est exactement cela, affirmé-je. Je m'appelle Mia, dis-je en lui tendant la main.

- Et moi, Ilan. Ravi de faire ta connaissance.

Il saisit ma main. Une poigne ferme. Je n'aime pas les mollassons ou les mains moites. Est-il parfait ?

- Idem.

Il prend ses couverts, commence à manger. Je l'imite.

- Mimi, j'ai eu un plateau royal, et toi ? demande une voix que je connais bien.

Je lève les yeux. Mon père est excité comme une puce. Je vois que la première classe lui remonte le moral. J'en suis contente.

- Moi aussi, papa. Ça va ? Tu ne t'ennuies pas, là-bas ?

- Tu parles, j'ai une télé rien que pour moi dans l'accoudoir. Je vais te laisser, je vais voir Spiderman je sais plus combien. On se retrouve à la descente, Mimi.

- Bien sûr, papa.

Il m'envoie un bisou volant comme quand j'avais quatre ans. La honte ! Ilan n'en a pas raté une miette.

- Les parents ! me lance-t-il avec un sourire en coin.

- Oui, il a le don de me taper sur les nerfs, parfois. Mais je l'adore.

- C'est réciproque, visiblement.

Je mange ma viande avec l'accompagnement puis m'attaque au trio de desserts. Ilan me scrute.

- Tu ne manges pas ton saumon ? m'interroge-t-il.

- Je ne mange rien qui vienne de la mer. Je suis allergique.

- Tu me le donnes ? m'implore Ilan.

- Prends. Je préfère que ce soit mangé plutôt que jeté.

- Tu vas en Israël pour visiter ?

- Pas exactement. J'accompagne mon père voir ma grand-mère, qui est mourante. Je ne l'ai visité qu'une fois, quand j'étais enfant.

- Je suis navré.

- Ne te désole pas pour quelque chose qui n'est pas de ton fait. Et toi ? demandé-je.

- Pour le boulot, je fais des affaires avec des start-up, là-bas. Et j'en profite pour rendre visite à ma famille.

Le repas terminé, les plateaux sont vite débarrassés. Le commandant de bord nous annonce que l'on approche de notre destination. Je n'en reviens pas, nous sommes quasiment arrivés. Le temps est passé si vite ! On nous ordonne déjà d'attacher nos ceintures. Quand les roues touchent le sol, tout le monde applaudit, comme le veut la tradition.

- Mon chef ne m'applaudit pas à chaque fois que je fais mon boulot ! lancé-je en riant, Ilan me suit.

Au moment où le voyant s'éteint, il se lève pour récupérer son sac à dos. Je le trouve bien pressé. Ai-je été de si mauvaise compagnie ?

- Bon courage à toi. Essaie de visiter un peu, si tu en as le temps. Tu verras, c'est beau, Israël.

- Merci, bon courage à toi aussi. Tu as l'air pressé de sortir ?

- Des réunions importantes m'attendent. J'en ai une très bientôt et je n'aime pas être en retard.

Nous sortons de l'avion. Je retrouve mon père sur le tarmac. Je le suis, je ne parle pas un mot d'hébreu. Je suis dépendante de lui, ici. Je parle anglais. S'il le faut, je peux me débrouiller. Je suis des yeux Ilan jusqu'au hall de récupération des bagages. Il saisit sa petite valise et m'adresse un signe de tête. Je lui souris en retour. En plus d'être incroyablement sensuel, il est gentil et plein d'humour. Il disparaît rapidement dans la foule.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 14, 2018 ⏰

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