1 - Naissance

11.4K 78 2
                                    


Ça a commencé comme ça, une nuit d'excitation à son comble, précédée d'une journée de travail éreintante, enfermé dans un bureau clos avec comme seul allègement d'un été étouffant, une petite fenêtre que je ne pouvais atteindre. Je travaillais dans cet entreprise depuis un mois à peine et mes longues journées se résumaient à attendre les appels des rares clients et à les transférer à ma supérieure. Quelquefois, un nouvel employé se présentait et je devais alors récupérer toute sa paperasse administrative, régulariser sa situation et l'affecter à un chantier. C'était alors ma seule interaction sociale de la journée.

Je passais donc le plus clair de mon temps à faire défiler sur mon portable une foison de photos, de gifs et de vidéos de femmes nues ou en plein acte, sans pouvoir y toucher. Sans pouvoir me toucher. Seul substitut de ma détresse sexuelle. Je devais me contenter pour l'heure d'un rapport frénétique entre les images et mon cerveau. Entre mes fantasmes et la réalité du web. Ce jour-ci, ma patronne me prit à part :

- Je vais quitter le travail plus tôt aujourd'hui, j'ai...ahem... un rendez-vous. Tu fermeras bien derrière toi, ok ?

Bien sûr, je connaissais bien la nature de ce rendez-vous. Mais cela m'offrait donc une opportunité : j'allais me retrouver seul dans le bureau pour l'heure à venir. Mon érection allait et venait depuis trois heures maintenant et je ne pouvais plus ignorer l'appel désespéré de mon entrejambe. Dès que j'entendis la porte claquer, je me précipitais dans le bureau d'à côté chercher des mouchoirs, me rassis devant mon ordinateur et me mis à explorer les profondeurs du porno 2.0. Je naviguais de site en site jusqu'à trouver celui me correspondant le mieux, dont la mise en page stimulait le plus mon imaginaire. Avec des miniatures de vidéos larges, un fond noir et un choix divers de scènes, je n'avais plus qu'à sélectionner celles que mon esprit déchaîné désirait. Et je parle bien au pluriel car il m'était impossible alors de ne me satisfaire que d'une vidéo. Ma consommation pornographique était soumise à un schéma bien ordonné : quatre ou cinq vidéos sélectionnées tout au plus, toutes ouvertes dans différentes pages, allant de la plus normée à la plus débridée, réservée pour le grand final.

La première était issu d'une production japonaise, où la pixellisation des parties génitales me permettait de me mettre en appétit tout en n'en dévoilant juste assez. J'aimais alors ces gémissements presque forcés et typiques des actrices japonaises, qui sonnaient à mes oreilles comme une douce mélopée du plaisir non avoué. Semblerait t-il que ce soit culturel, qu'au Japon, le plaisir de la femme doit être presque provoqué de force pour que le mec s'excite. Mais au vu de sa popularité dans le monde, il me semblait que c'était une honteuse généralité enfouie. Souvent une figure de pureté, timide, le regard fuyant, l'appréhension virginale, la voix de l'actrice tressaute mais toujours, toujours la culotte mouillée. C'est le fantasme de l'innocence volée.

La seconde, je ne l'avais sélectionné que pour le cul (et c'est le terme qui convient le mieux) callipyge de l'actrice, une Colombienne. Elle passait une bonne dizaine de minutes à nous le présenter, l'écarter, le caresser, le fesser même. Puis elle se mit à le huiler, entièrement. L'huile parcourait la rondeur excessive de ses fesses avant de s'écouler en grande partie sur le sol. Elle le gigotait dans tous les sens à présent, ce don de Mère Nature dont elle fut dotée, et des centaines de petites gouttes d'huiles giclaient un peu partout. Le clapotement du gras des fesses rencontrant les cuisses charnues de la dame, c'est ce qui m'excitait le plus. Tant de chair, de douceur, de mollesse et de fermeté en même temps. Je voulais non seulement y pénétrer, mais aussi y poser ma tête, qu'elle s'assied sur mon visage, que je sente et ressente l'humidité coulante de sa chatte frotter entre mes lèvres et ses deux énormes masses de peau caramel.

La troisième devait répondre à une envie plus salace encore, je devais aller encore plus loin dans les profondeurs de la lubricité. C'est pourquoi une vidéo d'une femme blanche bien ronde, un peu laide soumise à un grand noir musclé, au phallus inhumain et rempli de litres de testostérone et de sperme était le choix adéquat au stade de ma masturbation. Les proportions gargantuesques des deux corps s'accordaient parfaitement et aux seins lourds, opulents et laiteux venait se coller une verge énorme, veineuse, au gland gonflé et noir. La pénétration était laborieuse, les cris oscillait entre le plaisir et la douleur et je ne pouvais alors m'empêcher d'admirer la performance de l'actrice. En matière de dilatation, on fait rarement plus audacieux. Mais elle encaissait les coups, violents, et y mettait même du sien en poussant son bassin jusqu'à engloutir complètement l'organe monstrueux. Les vagues de chairs que provoquait chaque va-et-vient étaient rythmés par le bruit battant des couilles du grand Noir contre les massives fesses de la grosse qui était comme paralysée de plaisir à cet instant. C'était une lutte raciale qui était mis en fantasme, catharsis de haines et tensions transformées en jouissances.

Je ne pouvais pas tenir jusqu'à la quatrième et dernière vidéo et me mis donc à éjaculer sans crier gare. J'aspergeais l'écran de l'ordinateur, j'en foutais partout, sur mon jean, sur le bureau. J'haletais, tentant de reprendre ma respiration, ma tête tournait, je suis vidé alors de toute angoisse, de tout ce poison. Un court instant. Puis, vient la honte, la culpabilité. Qu'est ce que j'ai fait ? Qu'est ce que je viens de voir ? Qu'est ce que j'ai choisi de voir ? Ce n'est pas ça le sexe, c'est beau normalement, c'est majestueux, c'est la communication la plus intime que deux êtres peuvent avoir, c'est ce que l'on a de mieux à offrir. Ce que je viens de voir, ce que je viens de faire, ici, dans mon lieu de travail, c'est répondre à un besoin primaire, vil, c'est du vidage de couilles des plus banals. C'est lugubre, glauque et triste. C'est révélateur en tout point. J'ai pleuré alors. Tout seul. Puis la culpabilité s'est envolée, et le désir se remit timidement à regonfler.

Le Lait et le SangOù les histoires vivent. Découvrez maintenant