Chapitre I : Paris 19e

9 1 0
                                    

Un bruit fit hurler d‛effroi Lola et Sarah. Leurs mères se précipitèrent vers la pièce d‛où venaient les hurlements.

Que se passe-t-il ? demanda la maman de Lola en courant vers les fillettes.

- Mamans ! crièrent-elles en balbutiant. Nous avons.... vu le... monstre... marin !... les... monstres marins, ils étaient plusieurs !

Puis, elles se jetèrent dans les bras de leurs mères, Maria et Thérèse.

Lola et Sarah étaient des parisiennes de 10 et 11 ans. Sarah mesurait environ un mètre cinquante-huit, et Lola un mètre cinquante-cinq. Pour leurs ages, elles étaient << grandes sur pattes >>.



Quelle expression ! répliquait souvent Lola.



Nous n‛avons pas de pattes, mais des pieds Maman ! Lola était une vraie téméraire rouquine, avec des tâches de rousseur sur le corps, les cheveux crépus et hirsutes et le teint clair. Son front bien bombé était comme les montagnes du Kilimandjaro et son nez de type négroïde lui donnait "cette beauté particulière des femmes bantous", comme le répétait sa tante Maria.


Elle voulait rester root, ce qui signifie racines. Elle avait emprunté ce mot au film culte des années quatre- vingt d‛Alex Haley. Ce film qu‛elle avait vu au cinéma de la Défense à Paris, l‛avait marqué au même titre que sa famille et l‛ensemble de la communauté afro américaine.

Depuis, elle refusait tout produit défrisant les cheveux, de peur de perdre son originalité, comme James Brown,

ce grand artiste afro américain des années soixante. Sarah gardait ses cheveux naturels, et préférait ses éternelles nattes couchées, montées en chignon au milieu de sa nuque. Elle avait des traits de type Subsaharien, avec un nez fin, de grands yeux bridés, et une petite bouche bien dessinée formant un rictus.

Chaque fois qu‛elle se rendait avec sa mère le dimanche au marché de château rouge, elle était accueillie par les nâga dêf, qui veut dire bonjour en wolof, des marchands d‛étoles sénégalais qui longeaient les trottoirs. Elle répondait par magne firé, terme que lui avait appris Ndèye, sa copine sénégalaise habitant son quartier.



Sarah était d‛un tempérament réservé. Elle aimait les livres d‛histoires et d‛aventures, ainsi que les documentaires animaliers. Au contraire, Lola, très active, se passionnait pour les randonnées en montagne et les courses à vélo, en vrai garçon manqué qu‛elle était. Les deux fillettes se différenciaient l‛une de l‛autre par leur accoutrement ; pantalon jean et short pour Lola, robe et jupe pour Sarah, ce qui n‛empêchait pas leur relation fusionnelle.

You've reached the end of published parts.

⏰ Last updated: Apr 19, 2018 ⏰

Add this story to your Library to get notified about new parts!

L'étrange bruitWhere stories live. Discover now