L'américain

9 3 2
                                    

Mon père me montrait les écorces d'un arbre. Les couleurs brunes ondulaient avec le reflet du soleil sur les feuilles. Je l'écoutais d'une oreille, surveillant mon cousin et ses trois frères qui s'éloignaient dangereusement vers la rivière. Je tire sur la soutane de mon père. Il jette un coup d'oeil impatient là où mon doigt se tend. L'autre main en visière, je remarque du mouvement. Une silhouette descend en clopinant vers la rivière. Mes cousins l'ont aperçu. Ils  se taisent et se reculent précipitamment pour venir se cacher derrière leur oncle. Mon père est curieux. Je le connais. Il va s'avancer. Pourtant j'ai vu une arme. Un grand fusil. Plus beau et plus grand que celui de mon père. Des ennemis. Les diables dont parle les femmes. Ce sont sûrement eux. Mais mon père s'avance alors que l'homme saute dans l'eau. Il plonge et s'effondre brutalement dedans. Tous les six, on s'est approchés. Maintenant, on l'entend rire et souffler de soulagement. Son souffle roque et le sang qui dégouline de son menton me fait penser qu'il est blessé.
《Mon fils, mon père m'a dit "apprend à ton fils ce que je t'apprends" alors je t'apprends mon fils. Mon fils, tu aideras et protégeras l'homme poursuivit. Tu donneras un toit et de l'eau à l'homme qui est attaqué. Tu aideras.》
Les paroles résonnent dans mon crâne. J'observe. Mon père s'est approché. L'homme attrape une balle verte et la montre à mon père en s'égosillant. Il crie. Il hurle. Je ne comprends rien. Gre...h...ade. Gre...h...ade. Qu'est-ce ? Mon père lui fait signe de se calmer mais des tires et des hurlements au loin convainc l'homme d'accepter notre aide. Mes cousins restaient derrière des arbres pour se protéger mais mon père m'a apprit qu'il faut aider. Alors j'aide.

                              ***

L'homme souffrait. Il était recouvert de poussière et de sang, la respiration laborieuse. Je le fixais. Pourquoi ? Pourquoi est - il partit de chez lui? Ici, on a peur pour nos femmes mais lui. Il n'habite pas ici. Il habite loin. Pourquoi être venu ici pour souffrir. L'homme essayais de communiquer avec mon père mais celui ci lui répétais de se calmer. Un voisin et proche ami de mon frère s'est approché. Il a vu l'homme. Il a crié. Il s'est tourné vers mon père qui essayait de les séparer. Les deux hurlaient. Le voisin criait de l'abattre. Il hurlait de sauver le village en tuant ce monstre. L'homme blessé montrait encore sa balle verte. Il parlait les dents serrées. J'étais toujours là. A observer. L'homme a tendu un mot à mon père pour le transmettre aux Américains. L'homme est un américain. Pourquoi un américain est - il venu ici ? Je ne savais pas mais cet homme m'intrigueait.

                               ***

La lumière du jour m'a réveillé. A moins que ce soit l'américain qui m'appelait. Mes yeux me faisaient mal. Ranif. Ranif qu'il répétait.
- Knif ? demandais-je
- Oui! Oui! Canif !
Il était heureux. J'ai couru sur mes petites jambes pour aller chercher ce qu'il me demandait. J'ai traversé la cours extérieur et j'ai attrapé par le cou un canard blanc. Et je suis rentré le montrer à l'américain. Il était dépité.
- Non ! Pas un canard ! Un canif...
Mon père est entré et a compris. Lorsque je l'ai vu avec un grand couteau, je me suis posé des questions. Forçant mon esprit à se taire, j'ai observé. L'homme a découpé son pantalon à grandes peines. Il n'avait plus d'énergie. Je voulais l'aider mais mes jambes et mes bras ne m'obéissaient pas. Je me suis contenté d'observer. Puis il a enfoncé la lame dans sa plaie. Un morceau de métal en ai ressorti. Je commençais à comprendre. Il a coincé entre ses dents un morceaux de tissus mais la douleur devait être insupportable. Il a enlevé un autre morceau de métal mais le tissus à glissé de sa bouche. Un souffle de souffrance s'est engouffré dans la gorge. Il a pourtant enfoncé son médaillon dans sa bouche et il a planté délicatement, ses doigts tremblant dans la dernière blessure. Un petit morceau blanc remontait à la surface mais lorsque l'homme réussi à extirper ce que je devinais être une balle, il perdit connaissance. Avec mon père, on la nettoyé et habillé.

                                  ***

L'homme s'est réveillé. Mon père était là, une assiette dans une main et et grande bouteille d'eau dans l'autre. Ses yeux se sont éclairé à la vu de ce repas. Il a attrapé la bouteille que lui a tendu mon père et à bu goulument. Depuis combien de temps n'a-t-il pas bu? Il a remarqué les l'arceau de viandes et les a enfournés un à un avec ses doigts dans sa bouche. Depuis combien de temps n'avait - il pas mangé?
- Doucement, répétait mon père, doucement.
Mais il a continué à manger. Puis, il a reprit son souffle et a observé mon père avec ses yeux rempli de larmes.
- Pourquoi fais tu ça pour...
Il n'a pas pu terminer la question que le mur de la maison s'est effondré dans une explosion sourde. Je me suis précipité sur l'homme et avec mon père, on l'a traîné jusqu'à la maison de la tante. Une salle vide l'attendait. Je l'ai allongé sur des coussins mais un soldat s'est précipité sur lui pour le frapper. Alors que j'ai voulu m'interposer, j'ai reçu une paire de gifle violente. Je me suis caché derrière les décombres. L'homme hurlait de douleur. J'ai jeté un coup d'oeil et le soldat prenait un malin plaisir à le torturer. Je me suis faufilé dans la cuisine et j'ai tiré un grand couteau du tiroir. Je revenais sur les pas, baissant la tête. L'homme était plaqué au mur avec sauvagerie. L'attrapant par le cou, j'ai vu l'américain rougir. Ses yeux bleus étaient rempli de rage et de douleur. Je lui ai tendu le couteau et il l'a planté. Le souffle court, nous nous sommes regardé.

                              ***
Des hélices d'hélicoptères tournaient sur la place du village. Les tirs se sont éloignés mais des cris se sont approchés. Je me suis caché derrière un mur,observant l'entrée. Trois hommes se sont précipités sur l'américain. Ils semblaient se connaître. Je crois que c'est fini. Emmenant l'homme sur leurs epaules, je le regardais s'éloigner. Avec mon père, on a regardé les soldats l'embarquer. Mon père m'expliqueras plus tard pourquoi l'homme s'est embarqué dans la guerre et pourquoi on a bien fait de le sauver même si on mettait notre village en danger. Il s'est retourné pour nous remercier et je l'ai serré dans mes bras. Mon père l'avait sauvé. Je souris.
Dans la vie, il y a des héros. Des inconnus. Des bergers. Des enfants. Des adultes.
Toujours des héros.

Les blessures de la guerreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant