La première fois

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Aujourd'hui j'ai 25 ans et j'ai l'impression qu'une grande partie de mes années je les ai passées en enfer. Bien sûr j'ai eu de bons moments, des moments heureux, avec ma famille, mes amis, des petits copains. Mais il y a toujours eu comme ce nuage noir au-dessus de ma vie pour mille et une raison. Je crois que je n'ai pas eu beaucoup de chance dans ma vie personnelle et sentimentale.

Il est 5h du matin et non je ne me réveille pas pour une journée harassante et pleine de découverte. J'ai encore passée une nuit blanche comme tous les jours depuis plusieurs années. Mais c'est différent cette fois, je connais la cause de mes insomnies.
La peur des cauchemars.
Depuis ce fameux soir où il y a eu l'ultime tragédie. Je crois que je ne pourrai pas subir pire psychologiquement et crois moi j'en ai vécu des choses. Pour tous te dire j'ai été violée ; et ce n'était pas le pire pour moi. Le pire, c'est que ce n'était pas la première fois. Mais le plus difficile à vivre c'est de ne rien pouvoir faire contre cet homme qui a détruit ma vie, qui m'a apporté le coup de grâce.
Avant, d'en arriver là , je vais te raconter un tout petit peu mon parcours.
Je me prénomme Dayana, je suis la seule fille d'une fratrie de quatre. J'ai une position enviable ou pas selon l'avis de chacun car j'ai un grand frère et évidemment deux petits frères. J'ai donc été dirigé et j'ai dirigé. Mais avec un grand frère irresponsable qui faisait les  quatre cent coups j'ai fini par endosser le rôle de l'aînée de la famille.
J'ai eu une enfance normale. Venant d'une famille modeste ou de classe moyenne je ne manquais de rien. Mon père a toujours tenu à ce qu'on ait les meilleures formations dans des écoles privées, de beaux vêtements. Lui qui n'avait pas eu cette chance car issu d'une famille très pauvre, il était très heureux de pouvoir nous choyer et il travaillait toujours dur pour qu'on ait une vie meilleure chaque jour.

J'ai toujours été une fille timide, depuis la maternelle, où toutes les sœurs me connaissaient pour ma grande timidité. Ma mère raconte souvent, lors des repas à l'occasion des fêtes avec toute la famille, cette anecdote magnifique où elle a reçu un coup de fil de la bonne sœur en charge de nous en moyenne section lui disant :
« -Allô bonjour Maman de Dayana, ici Sœur Rose, j'ai une bonne nouvelle pour vous.
- Oui bonjour sœur rose, qu'est ce qui ce passe aujourd'hui ?
- Votre fille a parlé (explosion de rire des deux dames) elle a demandé la permission pour aller faire pipi ! »
Et lorsqu'elle dit cela. Imaginez ma honte. Tout le monde se met à rire et à me demander mais pourquoi tu as autant changé maintenant, tu es une vrai pipelette, personne ne t'arrête. Il parait que ce fameux jour j'ai reçu  des bonbons en guise de récompense. Lorsque j'y pense c'est fou d'être aussi timide et j'en ris maintenant.
Je me souviens qu'en classe de CE1 j'ai fait popo sur moi en classe parce que j'avais honte de me déplacer en plein cours, traverser la salle de classe et demander la permission au professeur. J'avais l'impression que tout le monde saurait que j'avais la diarrhée et cette simple idée me tétanisait. Mais la honte fut plus grande quand tout le monde compris que l'odeur nauséabonde qui empestait dans la salle de classe venait en fait de moi. J'ai été la risée de l'école ce jour.
Se sont finalement de beaux souvenirs. Lorsque je pense à la vie des adultes je trouve que c'est bien pire que d'avoir fait la diarrhée en salle de classe au primaire. Je l'ai vite compris trop vite je dirai.
Ma première mésaventure avec la vie, je l'ai vécu à moins de 10 ans. Je ne me souviens pas vraiment de l'âge que j'avais à l'époque mais je me rappelle chaque détaille de ce premier viol.
Mon père avait cet ami, peut être chacun connait ce grand ami de notre père qui habite le même quartier et qui fait pratiquement parti de la famille. Qui est présent au déjeuné, au diner, entre les repas et à tous les grands évènements de la famille. En gros, cet ami qui devient notre oncle, qui est omniprésent et que tout le monde aime. Et bien c'était lui le violeur dans mon cas.
Je me rappelle de sa première tentative comme si c'était hier. C'était un beau samedi, il est venu plus tôt le week-end comme à son habitude pour prendre le petit déjeuné avec nous. Je sens encore l'odeur de ces œufs que maman cuisinait spécialement que les weekends pour nous et de l'ambiance à table. Après le petit déjeuné, maman est sortie faire des courses quant à mon père il était occupé sur son ordinateur j'imagine qu'il avait un dossier à clore comme d'habitude. Il devrait être 11h à chose près et moi je jouais avec mon « oncle » il me savait très chatouilleuse et que je ne résistais pas longtemps à cela. Je ne l'avais pas compris mais il venait de trouver le point faible qui lui ouvrirait la porte à l'exécution de ses projets macabres.
Et le nouveau jeu qu'il avait trouvé était celui de la résistance. Plus je me retenais de rire à ses chatouilles plus j'aurai des chocolats ou de l'argent. Évidemment l'offre était trop tentante. C'était notre jeu et petit secret. Ce jour-là, mon père s'est déplacé pour répondre à un appel dans sa chambre c'est alors que ce monsieur s'est mis à me chatouiller les bras ensuite les pieds évidemment je résistais comme une championne. Et il remontait tout doucement par-dessus mon pantalon jusqu'à ma ceinture et là il essaya d'y glisser sa main mais les bruits des pas de mon père lui ont fait rebrousser chemin à la vitesse de la lumière et bam il avait un journal en main ni vu ni connu. Il m'a même félicitée pour ma BRAVOURE.
Après cet acte qui tout de même m'a paru étrange à l'époque ne m'a pas plus alertée que cela. J'étais une enfant et le fait de ressasser ces souvenirs me prouve une fois de plus que la protection d'un enfant est primordiale et qu'il faut prendre le temps de la réflexion avant de laisser nos enfants avec de pseudo amis à la maison.
Quelques jours se sont écoulés après ce weekend et il y a eu ce jour... fatidique. Le jour je crois qu'il attendait depuis longtemps. C'était un après-midi tout ce qu'il y a de plus normal chez moi ; les parents étaient au boulot, mon grand frère trainait surement avec ses amis dans le quartier à draguer, mes petits frères à l'école. Moi j'étais à la maison avec la dame de maison et il est arriva comme d'habitude peu après l'heure du déjeuner. Nous regardâmes la télévision, jouâmes à quelques jeux et la dame s'en alla faire des courses pour le diner du soir et lui demanda de me garder jusqu'à son retour. Ce qu'il accepta naturellement.
Quelques minutes après son départ, moi je regardais un manga et il me demanda si je voulais jouer à résister à ses chatouilles. Il me dime que si je réussissais j'aurai une grosse surprise. Il n'en faut pas plus pour appâter un enfant.
J'étais assise dans le même fauteuil que lui, vêtue d'une robe je ne savais pas que je lui  facilitais la vie plus que la dernière fois. Cette fois, il commença directement par mes pieds, il remonta tout doucement par mes mollets, faisait des allées retour entre mes pieds et mes mollets. Très vite il atteignit mes cuisses et je me souviens de ses paroles d'encouragement « tu tiens bon Dayana ! c'est bien tu te débrouilles bien, continue de résister je vais y aller plus fort dans ce cas ». C'est en prononçant ces paroles qu'il a atteint mon bas-ventre et très vite ma culotte. À cet instant,  je suis restée figée comme prise au piège. Je me rendis compte qu'on était tout seul à la maison. Et là j'ai senti ses doigts contre mon clitoris. Un clitoris d'une enfant de 10 ans. (Mon DIEU, les pédophiles ça existe vraiment et on vit avec eux !)
J'étais prise de panique intérieurement, je criais intérieurement mais aucun son n'arrivait à sortir de ma bouche, je ne bougeais pas, j'étais tétanisée et je pouvais l'entendre m'encourager comme s'il voulait me garder avec lui. Je sentais le danger et l'insanité de ce geste qu'il venait d'avoir je me sentais mal.
Je suis incapable de vous dire aujourd'hui combien de temps a duré ces frottements mais j'ai eu comme un instinct de survie. Un déclic, mon corps n'a fait qu'un bond et j'étais sur pieds. J'ai crié que je devais aller aux toilettes et j'ai couru jusque dans les toilettes et je m'y suis enfermée avec la ferme intention d'en ressortir que si quelqu'un se décidait à rentrer à la maison. J'avais peur, j'étais mal et choquée. Je n'arrivais toujours pas à comprendre ce qui venait de se passer. Une chose est sûre je savais que c'était mal et encore plus venant de sa part.
J'ai passé presqu'une heure dans les toilettes quand j'entendis la voix de la dame de maison. Elle venait de rentrer et remerciait ce généreux monsieur de m'avoir gardé.
- Merci mon oncle d'avoir gardé Dayana, vous m'avez beaucoup aidé.
- C'est normal. Je pense que je vais rentrer et revenir plus tard ou demain. Tu salueras tes patrons pour moi.
- D'accord mon oncle.
Et je l'entendis s'adresser à moi en criant.
- Dayana !
- Oui..
- Je rentre maintenant. Tu salueras tes parents de ma part !
- C'est compris.
Et la porte claqua. Il était enfin parti. Mais il n'était pas rentré seul ce soir. Il avait pris avec lui mon enfance, mon innocence, ma douceur, ma gentillesse. À partir de là, je suis devenue une enfant insolente, agressive, toujours sur la défensive. J'en voulais à la terre entière et surtout à mes pauvres parents. Je me demandais comment ils faisaient pour pas se rendre compte de cette chose horrible qui venait de se passer sous leur toit.
Bien sûr il continua de venir à la maison, à s'assoir à table avec nous, à mettre ses pieds sur la table de mes parents et à chaque fois que je le voyais mes crises s'intensifiaient. Ce qui m'attirait les foudres de mes parents. Ils ne comprenaient pas pourquoi j'étais devenue du jour au lendemain insolente, à répondre lorsqu'on me grondait. Surtout ce qu'ils ne comprenaient pas c'est que je m'en prenne principalement à ce monsieur. Crois moi, j'avais beau être la plus timide, je n'ai jamais accepté que quelqu'un me marche sur les pieds sans rien faire. En plus j'avais la langue bien pendue pour y arriver.
Cette situation dura quelques semaines. Ma mère essaya quelques fois de savoir ce qui se passait mais comment lui dire, comment lui expliquer ce qui était arrivé.
J'avais honte. Honte de moi et je ne savais pas pourquoi. Honte d'en parler. J'ai souvent pensé que cette histoire n'était qu'un cauchemar que mon esprit pensait réel. Après tout comment ce monsieur aurait pu me faire cela. En même temps chaque fois que je le voyais, j'avais cette montée d'adrénaline et cette rage qui m'étouffait.
Et honnêtement je me demandais « qui me croirait ? ».
Un soir, alors que nous étions à table avec mes parents. Je les entendis dire qu'ils se préparaient un voyage à deux et ils envisageaient de demander à ce monsieur de venir passer le weekend avec nous. À l'entente de ces paroles, j'ai instinctivement crié
- NON
Tout le monde avait les yeux braqués sur moi.
- Non quoi ? Me demanda maman
- Je ne veux pas qu'il reste avec nous.
- Pourquoi ?
- On pourrait juste aller rester chez grand-mère.
- Tu sais que ta grand-mère est seule. Elle est incapable de s'occuper de vous tous en même temps. Et depuis quand d'ailleurs tu te permets de donner ton avis ? Quelqu'un t'a posé une question ? Tais-toi et manges !
Là je savais que la seule chose qu'il me restait à faire c'était de leur avouer ce qui c'était passé. La simple idée de penser à ce qu'il pourrait me faire pendant ce week-end seul avec nous me glaçait le sang. Je n'avais plus le choix. Sois je déballais tout soit j'acceptais d'autres souffrances de ce monsieur.
J'ai longuement réfléchi à la manière de le dire. Je savais qu'un face à face je n'y arriverai pas. J'ai donc décidé de l'écrire. C'était plus facile ensuite je le collerai sur le miroir de maman avant d'aller au lit. J'aimais ce plan ; même si j'avais peur je savais que c'était la seule chose à faire. Après le repas, je suis allée dans ma chambre et je me suis mise à écrire avec toute la haine et la rage qui m'habitait. J'ai leur ait tout décrit dans les moindre détails. Quand j'eue fini, je pliai le papier en quatre et je le scotchai sur le miroir de maman, histoire d'être sûre qu'elle le trouve avant d'aller au lit.
Ce soir-là, je ne trouvère pas le sommeil. J'avais cette boule au ventre. Je voulais qu'ils trouvent ma lettre mais j'avais peur de la suite. Je ne savais pas quelle réaction ils allaient adopter. Allaient-ils me blâmer ? Être choqué ? Allaient-ils seulement me croire ? Moi une enfant. Comment devrais-je me justifier face à eux ? Et là j'entendis la voix de maman tout près de moi.
- Dayana ! réveilles-toi. Allons dans ma chambre.
Je pouvais voir sur son visage qu'elle se posait mille et une questions.

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 23, 2018 ⏰

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