babe, don't cry.

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Affreuse.
Sanglante.

Jeongguk ne trouvait aucun autre mot pour définir cette journée, qui fut l'une des pires. Nombreux étaient les jours parsemés de coups, de paroles si dures, transperçant sa peau livide, aux nuances rougeâtres et bleuâtres, son cœur qui faisait des efforts inouïs pour battre, résister. Cependant, jamais le brun n'aurait imaginé quelques gouttes venir effleurer sa joue rouge, marquée d'une trace de main, comme voulant apaiser un peu la douleur. Certes, l'effet qu'elle désirait fut ressenti, mais accompagné d'un autre sentiment, pas des moindres: la honte.

Honte de lui, honte de se laisser faire, honte de sa lâcheté, honte de la montrer à d'ignobles personnes aux âmes endiablées. Jeongguk savait ce que cela pouvait engendrer, toutes les conséquences. Son point faible allait se faire exploiter, sous les rires moqueurs du grand blond, au sourire maléfique et plaisant, créé par des lèvres appétissantes.

Il s'affala sur son lit, ses couvertures blanches, dans un coin, les jambes croisées et le cerveau vagabond.

Il réfléchissait, un peu, beaucoup, trop, de tout, de rien, de ses erreurs qui jaillissaient de vieux dossiers de son crâne, de ses défauts, de ses échecs. Le jeune n'en pouvait plus, et commença à sangloter, la tête baissée, et ses larmes s'écrasants sur son uniforme d'école sale. Tout s'entrechoquait dans sa tête, réveillait ses hormones, qui libéraient ses sentiments superflus.

L'écolier voulait décompresser, oublier ses problèmes pour quelques heures, juste quelques heures, le temps qu'il se calme. Et c'est ainsi qu'il essuya son faciès d'un coup de manche, serra ses poings et alla trifouiller dans son armoire afin de trouver quelques habits; il sortait, ce soir, et plus beau que jamais.

Un pas, deux pas. Il avançait dans la nuit noire, un peu effrayante pour le jeune, son pantalon en cuir noir reflétant les quelques réverbères des rues ainsi que les phares des dernières voitures, et son haut teinté de même, ample, laissant le souffle glaçant caresser son ventre et ses plaies. Il pénétra au beau milieu de la rue, dans un bar, au panneau "ouvert" et aux quelques tables occupées par des saouls, et quelques sobres, surveillants leurs amis.

Plus il avançait dans la grande pièce, éclairée par quelques leds colorés, à l'ambiance étrange, et au parfum piquant de l'acool, plus il se sentait libre, malgré les cris de méfiance qu'une petite voix lui criait. Gguk s'assit sur un des sièges devant le comptoir, ses mains fines posées sur celui-ci, et les pupilles se baladant entre les meubles, les humains, grattant des secrets -ou plutôt les devinant-, qu'ils laissaient paraître. Que ce soit la petite tâche blanche sur la table numéro sept, aux regards échangés entre une petite blonde aux joues bouffies, et un garçon assit à sa gauche, souriant.

"- Je peux t'aider?"

Il sursauta, et tourna rapidement sa tête vers l'origine de la voix, laissant au barman une parfaite vue sur la bouille du plus jeune.

"- Je... Un verre d'eau, s'il-te-plaît."

Panique, cœur qui bat excessivement vite, c'était la parfaite description du lycéen, qui sembla s'évanouir lorsque l'homme rit à gorge déployée, révélant des dents blanches, et un sourire angélique. Il devait être dans la vingtaine, cheveux roux, iris charbonneux et lippes ayant une forme si particulière qu'elle l'envoutait.

«- U-un verre d'eau? demanda-t-il les larmes aux yeux. « Et à qui ai-je affaire?
- Jeongguk, Jeon Jeongguk.
- Et tu as quel âge, petit? » Il fronça légèrement ses sourcils, offensé en entendant comment son hyung le qualifiait.
- Je ne suis pas petit! Et j'ai l'honneur de t'annoncer que je suis au lycée. »

Le plus vieux dit un léger "oh", qui rougit les joues du brun, fixant le sol; il n'osait point le regarder dans les yeux, son regard l'intimidait. Pendant ce temps, l'autre s'était déjà emparé d'un verre, ouvert le robinet, rempli l'objet qui était dès maintenant posé devant le jeune homme.

━ PEARLSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant