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A 8h20 pétante, je dois absolument me trouver en salle de cours. Sauf le lundi car bien évidemment, je commence par deux heures de sport, comme aujourd'hui (on est lundi). Les pieds trainants et l'esprit vagabond, je marche vers la salle de sport. J'avais vraiment pas envie de bouger, comme chaque semaine en fait mais cette fois-ci, si j'ai vraiment pas envie de bouger, c'est parce que j'ai des vraies raison. Si j'suis fatiguée c'est parce que j'ai pas beaucoup dormi et si je suis pas motivée, c'est parce que avant, le sport, je le faisais pour Matthias. Bah ouais! Moi, j'étais prête à perdre 10 kilos pour lui! Je sais que j'ai des courbes et que j'ai des kilos en trop, j'suis pas fine et alors? Matthias il m'aimait comme j'étais mais bon sang, que j'adorais voir son visage quand je lui annonçais que j'avais perdu du poids pour lui. Il était fier de moi, il était content de me voir heureuse. Mais maintenant, il ne sera plus là pour me soutenir dans mon avenir! Il ne sera plus là pour féliciter mes exploits de la semaine! Il sera plus là pour me faire rigoler ou même me faire sourire! Il est comme mort à mes yeux mais putain c'que j'aimerais qu'il revienne!

-Marceline? Tu pleures? Me demanda Laure en m'attrapant l'épaule par derrière.

Du revers de la main, j'essuyais rageusement les larmes qui venaient de couler sur mes joues en entrainant derrière elles de larges traces noires. C'était mon mascara qui venait de couler. Une rupture amoureuse, sa arrive à tout le monde vous allez me dire mais quand sa nous arrive à nous, quand le vrai amour vous frappe au visage et repart aussi violement qu'il n'est venu, nous rigolons beaucoup moins. A vrai dire, je n'ai pas mangé depuis hier soir, je n'ai pas faim. C'est de l'amour ou de la haine que je ressens? J'en sais vraiment rien.

-Nan.

-Sérieux?

-Ouais, c'est le vent.

Elle rigola. Elle a rigolé. Elle à osé. Elle vraiment rigolé! Je sais pas pourquoi mais je voulais plus lui parler rien qu'à cause de sa. Je ne pouvais pas supporter de voir les gens heureux alors que moi je ne l'étais pas.

Elle a rigolé et nous marchions toujours vers la salle de sport.

-Meuf, t'es vraiment conne. Va rigoler ailleurs, continuai-je violemment.

-Hé, calme-toi. J'veux juste savoir si tu vas bien.

J'me souviens de ce moment là. Dans ma tête, j'me répétais "Putain, quand est-ce qu'elle va fermer sa grande gueule?". En fait, ma réaction était comme celle de Justine quand elle n'allait pas bien et qu'on essayait de la remettre sur pieds. Maintenant, j'en rigole mais j'vous jure que j'avais vraiment pas envie de rire. C'est vrai que je suis un peu vulgaire, je ne devrai pas et pourtant, c'est plus fort que moi.

A vrai dire, Je n'ai plus jamais été la même depuis que lui est parti. Il s'est envolé en emportant avec lui toutes ces qualités qui faisaient de moi une fille bien.

-Laisse-moi aller aux vestiaires toute seule s'il te plait, dis-je en essayant de me ressaisir.

Je l'ai vu ralentir pour me laisser atteindre les vestiaires seule. Laure, c'est une bonne amie, elle fait vraiment partie des "vraies" amies sur qui tu peux compter mais c'était plus fort que moi, il fallait absolument que je reste seule avant de péter un câble. C'est moi qui ne suis pas une bonne amie je crois.

Quand je suis arrivée devant les portes du vestiaire, je me suis doutée que la porte était fermée car dans le couloir où j'étais, il fallait une clef pour ouvrir chaque porte de l'extérieur. C'est seulement à l'intérieur que l'on peut les ouvrir sans clefs. Bref, je me suis planquée dans un coin sombre où personne n'aurait pu me voir et je suis restée là, en fixant d'un air vide la porte qui mettait une infinité à s'ouvrir.

-Hey les filles! Je suis passée par le bureau des éducateurs! Lança Fanny du fond du couloir.

Elle venait d'arriver, visiblement essoufflée avec un paquet de clopes en main.

-Et y a quoi? Demanda une fille du groupe dont je connaissais pas le nom.

-Elle est pas là! Cria-t-elle d'un ton enfantin et enjoué. Qui vient sécher avec moi?

Laure leva la main en premier. Ouais, il faut aussi que je précise que Laure, Fanny et moi, on forme une sorte de "trio" invisible. En fait, on traine dans une grosse bande mais quand on peut on ne reste rien qu'à trois.

-Marceline ne vient pas? Demanda Fanny à Laure comme sur un ton de confidence.

-Je t'expliquerai après, lui répondit-elle. A plus les filles.

Elles nous firent signe et partirent. Alors que les autres chahutaient en gardant la ferme intention de rester dans le couloir près du chauffage, je fis quelques pas discrets en avant en prenant soin de voir si elles ne me voyaient pas et pris une sortie plus loin d'elles. Une fois à l'aire libre, je fondis en larmes. Il fallait vraiment que je me ressaisisse mais je n'y arrivait pas. Dans ma tête, c'est comme s'il y avait un mur entre moi et un espace libre qui disait "passer à autre chose". Je restait figée sur le passé comme s'il ne me restait plus que sa à faire. Nan, le suicide n'est pas une option, elle est très loin d'en être une d'ailleurs. Ce que j'ai fait avec Laure, c'est que j'ai repousser son aide alors que je ne devrai pas. J'aurai du lui dire ce qui n'allait pas, j'aurai du lui faire comprendre autrement que j'avais besoin d'aide parce que ce dont j'ai besoin, c'est juste un soutien, de l'aide, j'ai besoin de casser ce mur et de franchir le pas pour enfin "passer à autre chose" mais mon coeur ne fait que de s'accrocher à Matthias comme s'il allait m'aider à sortir de ce foutoir alors qu'il n'existait plus à mes yeux. Je ne le reverrai plus jamais ou alors, si je le vois, ce ne sera plus jamais comme avant. Il y aura toujours une voix qui dire "c'est le mec que t'as aimé et qui t'as détruite". Voilà comment je suis passée de l'amour à la haine.

Fallait que je bouge de là, si je me faisais choper par un éducateur en plein milieu de la cour, il allait m'envoyer en salle d'étude. Je ne voulais pas y aller, surtout pas quand il y a beaucoup de monde et je sais qu'il y a toujours du monde là-bas. Pour le moment, il fallait que je me cache, j'avais besoin de réfléchir seule. Sans Fanny et Laure, je ne suis plus rien. Si elles n'étaient pas là, personne ne me comprendrait.

Crime passionnelWhere stories live. Discover now