— Matricule trois-un-six-deux-six.
La voix traînante résonne dans la salle d'opération, les sangles se resserrent d'elles-mêmes autour de mes bras, de mes jambes et de ma taille. Impossible désormais de quitter ce fauteuil, volontairement ou involontairement.
— Masen Hewitt, poursuit Cole, debout devant un tableau de commande.
Il jette un bref regard au dossier qu'il tient dans les mains :
— Traître... Meurtrier...
Je baisse les yeux, incapable de rester concentré sur l'instant présent. Les souvenirs affluent, les sensations sont toujours là. Les unités spéciales qui pénètrent chez moi en pleine nuit. La porte arrachée à ses gonds. Les faisceaux des lampes des fusils d'assaut. Jasmine qui hurle...
Tout ça pour un crime que je n'ai pas commis.
— Vous avez été reconnu coupable, mais vous clamez toujours votre innocence, continue l'homme, me tirant du passé.
— Je ne l'ai pas fait ! je crache entre mes dents. Je n'ai pas tué ces gens !
Cole me considère avec amusement :
— Quoi qu'il en soit, vous êtes sur le point de connaître le vrai prix de la liberté.
Je grogne :
— Allez au diable avec vos foutaises ! Vous savez très bien que l'on m'a encore manipulé, que c'était une manœuvre de plus !
— Non, Masen, corrige-t-il en souriant. Vous avez simplement négligé de demander des détails.
Il enfonce un bouton. Un bourdonnement sourd se fait entendre, la lumière blafarde des néons devient plus forte.
— Il n'y en avait pas, je rétorque. C'était ça ou la peine de mort.
Les machines s'activent autour de moi,un bras articulé enfonce une aiguille dans mon avant-bras et y injecte un liquide bleu.
— Et vous avez estimé que votre cœur pouvait être sacrifié.
— C'était accepter ou crever, espèce de salopard !
— Masen, voyons. Pas la peine d'être si mélodramatique. La technologie fait des miracles, de nos jours. Et puis...
Cole se penche vers moi tandis que l'anesthésiant se fraye un chemin dans mes veines :
— Il n'y aura aucune douleur. Vous ne ressentirez rien... Plus rien, à vrai dire. Et ceci, parce que nous allons également prélever une bonne partie de votre cerveau.
L'obscurité envahit mon champ de vision.
— Beaux rêves, fait une voix lointaine.
Je hurle.
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Microfiction
Short StoryUne règle, une seule. Une limite. Mille mots. Les univers qui en découlent, les personnages qui y naissent... n'ont eux pas de règles. Pas de limites.