Chapitre 2

60 6 6
                                    


J'ouvris la porte de mon appartement.

Constitué d'une grande salle incluant salon et cuisine, d'une salle de bain avec baignoire, d'une chambre avec balcon et d'un petit bureau, il était plutôt grand pour quelqu'un qui habite seul.

Tim entra en écarquillant les yeux. Il regarda partout, et alla dans toutes les pièces. Je ris. Il était trop mignon, avec sa petite bouille curieuse !

Flashback

Dans la maison de l'enfant, quelques heures plus tôt :
Je voulais me tourner vers lui mais j'avais peur de ce que j'allais voir.

Finalement, j'entendis des reniflements et je me retournai vivement. Je ne vis qu'un enfant aux beaux yeux bleus remplis de larmes prêtes à couler. Alors pour le consoler, je m'accroupis devant lui et l'entourai dans mes bras. Il me regarda, me tendit la main pour m'amener devant une étagère remplit de gros livres. Il en pris un et l'ouvrit. Ce n'étaient pas des livres, mais des albums photos. Il chercha une page et me montra une photo. Elle représentait une famille de cinq personnes. Ils étaient tous barrés d'une croix rouge. Sauf un : un petit bébé avec des yeux bleus hypnotisants et une chevelure blonde et bouclée déjà abondante.

Je désignai les quatre personnes rayées - sans doute ses parents et ses deux grandes sœurs - et, bien que redoutant la réponse, je lui demandai :

- Où sont-elles ?

Le garçon me serra fort les mains. Ses larmes qui étaient presque parties revinrent et je sus que j'avais raison. Ces personnes n'étaient plus de ce monde. Je lui fis un câlin puis regardai la photo à nouveau et je remarquai quelque chose. Sous chaque membre de la famille était écrit un prénom. Edward et Camille pour le père et la mère, Louise pour la plus grande des sœurs et Eugénie pour la deuxième. Je lis le prénom écrit sous le bébé et je souris.

- Timothée ? Dis-je en le regardant dans ses yeux magnifiques.

Il hocha la tête.

-Je peux t'appeler Tim ?

Il acquiesça en souriant.

Alors je me levai, jetai un dernier regard à la photo, puis le rangeai. Je tendis ma main et il la pris.
-Viens, on va chez moi.

Fin du flashback

Tim vînt vers moi, anxieux, en se tenant l'entrejambe. Je compris tout de suite et lui indiquai les toilettes. Il couru pour y aller et je l'entendis claquer la porte.

J'en profitai pour faire ce que j'avais à faire. C'est à dire, appeler mon patron pour lui dire que j'étais malade - et que je ne viendrai pas aujourd'hui.
En sortant de mon bureau, un grand fracas résonna dans mon appartement. Je pris peur et couru vers la source de ce vacarme, à savoir la cuisine.

En entrant, ma main se posa sur ma bouche pour retenir un cri silencieux, puis je m'effondrai sur la chaise la plus proche. Devant moi s'étalait tout le contenu de mes placards. Les assiettes, les verres et les couverts, les paquets de pâtes et de céréales, les canettes de soda, les œufs, la farine, les casseroles, les confitures, le sucre et les fruits,...

Tout était cassé et éparpillé sur le sol.

Malgré le brouillard dans lequel baignait mon esprit, je perçut le bruit de la chasse d'eau puis d'une porte qu'on ferme .

Attendez. La chasse d'eau !? Tim était encore aux toilettes ?

Je me levai, puis me retournai lentement, poussé par un mauvais pressentiment.

Je me figeai.

Devant moi se tenait le garçon de cette nuit, avec ses yeux rouges, qui maintenant étaient injectés de sang. Son visage pâle était crispé par ce que j'identifiais comme de la colère et ses petits poings étaient fermés.

Il couru dans ma direction, je voyais la scène comme au ralenti, mais mon corps était paralysé par la peur. Et, toujours au ralenti, je tombai à terre quand il me poussa pour passer...
J'étais complètement ahuris.

Il arriva au milieu de la pièce, et, tout en criant, il commença à shooter dans tous ce qui se trouvait sur le sol. Puis, il s'effondra parmi des assiettes en miettes et des canettes renversées.

Moi, j'étais assise par terre, et j'observais la scène sans rien faire, comme une idiote.

Lorsque mon corps sortit de sa transe, je pu enfin me lever. Mais j'étais à peine debout que je fus prise d'un vertige, et je m'écroulais.

Je me réveillai quelques minutes plus tard et qu'elle ne fut pas ma surprise en découvrant la cuisine aussi propre et aussi bien rangée que je l'avais laissée en partant, hier matin.

À un détail près : Tim était allongé sur sur le carrelage.

Ayant peur de m'évanouir une deuxième fois, je préférai me déplacer à quatre pattes pour aller jusqu'à lui.

Je regardai son visage et vis qu'il était baigné de larmes. Alors je le pris dans mes mains et essuyai ses joues roses et mouillées. En sentant mes doigts sur sa peau, il ouvrit ses yeux - qui n'avaient pas la moindre trace de larmes - et me fixa.

Sentant ce regard plein de sincérité, d'innocence, de tristesse, et d'espoir sur moi, je pris la décision que, quoi qu'il se passe, - et quoi qu'il se soit déjà passé avant - je garderais toujours cet enfant avec moi, et je le protégerais même si je devais mourir pour lui. Il était orphelin - je ne sais depuis combien de temps - et il avait 4 ans, un âge trop jeune pour pouvoir se débrouiller et affronter la vie seul.

Après un temps qui me parut une éternité, il brisa cet instant magique en détournant les yeux.

Alors, revenant à la réalité, je me levai, et lui proposai ma main. Il la pris, et je l'aidai à se relever.

- Ça va ? Tu te sens bien ?

Il me l'affirma par un hochement de tête.

Me disant que nous n'avions pas manger depuis hier soir - comment se nourrissait-il quand il était chez lui ? - je lui demandai si il avait faim et il me répondit de la même manière.

Alors je préparai des pâtes que nous mangeâmes ensemble.

Puis, nous nous installâmes sur les canapés, et je sorti un livre que je commençai à lire :

- Il était une fois, dans un sombre château vivait une princesse...

Tim, assit sur mes genoux, était passionné par l'histoire. Voyant que je m'étais arrêté de lire, il tourna sa tête vers moi et planta ses yeux dans les miens.

Et j'oubliai tout.

L'horreur de la nuit passée dans la maison du garçon, l'album photo de sa famille décédée, le visage de fantôme de Tim aussi blanc que la neige et ses yeux rouges sang, le désastre de la cuisine quelques heures plus tôt, et la pièce elle-même.

Il n'y avait que ses yeux immenses, d'un bleu si profond que je me perdis dedans sans m'en rendre compte

Je sentis mes paupières s'alourdir, et bien que je voulais rester dans cet océan aux eaux limpides, je fermai les yeux et m'endormis malgré moi.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : May 08, 2019 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

L'EnfantOù les histoires vivent. Découvrez maintenant