Le masque tombe

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La porte s'ouvrit alors sur une personne qui, je dirais, n'a pas plus de cinq ans de plus que moi. C'est une femme d'une vingtaine d'année, de taille moyenne, à vu d'œil il me semblerais qu'elle fasse un bon mètre soixante cinq. Elle a des traits de visage assez fins, une petite bouche s'étirant dans un sourire aimable, en remontant le long de son visage je pu apercevoir un long nez fin et des yeux d'une couleur indescriptible. Ils semblaient être bleus mais tirants sur un gris lumineux. Cette femme semblait être tirée d'un roman enfantin tellement elle paraissait irréelle, ses cheveux auraient pu être décrits comme ceux de Boucle d'or, si longs, blonds et brillants. Je ne sais pas quel produit elle utilise pour qu'ils soient si étincelants mais j'aimerais bien avoir le même.

Bon revenons à la réalité et au pourquoi elle est ici me dis-je en perdant un peu mon sourire. Tout en pensant cela, elle pris la parole et se présenta.

- "Bonjour Éloïse, je suis mademoiselle Bruce, assistante sociale et aujourd'hui je suis ici malheureusement car, étant mineure, tu dois obligatoirement avoir un représentant légal. Je suis venue avec ton oncle et ta tante, pour pouvoir signer les papiers et voir si tout est en ordre pour qu'ils puissent te prendre en charge, du moins jusqu'à tes 18 ans. D'accord ? "

Maintenant qu'elle le dit c'est vrai que j'était si absorbée à la détaillée que je n'ai pas fait attention que le frère de ma mère ainsi que sa femme étaient là. Mon oncle, James, est un homme assez imposant, grand, musclé, la cinquantaine. Étant un ancien militaire il a pris l'habitude de se raser la tête, je ne suis pas sûre de l'avoir déjà vu avec des cheveux sur la tête. Ma tante, Monica, quant à elle, est une femme très douce, toujours à l'écoute et aux petits soins pour les autres. Elle a, elle aussi, une cinquantaine d'années. Elle est toute mince et toute petite.

Reportant mon regard sur ces deux là, je m'aperçu soudainement que l'une me regardait avec une extrême tendresse alors qu'à l'opposer, l'autre ne pouvait pas mieux décrire, à travers son regard, tout le... dégout? Oui c'est bien ça. Il a un regard de dégout et d'amertume envers moi. Mais pourquoi? Comme je l'ai dit précédemment, c'est un ancien militaire, il a donc toujours caché ses sentiments, sans jamais nous montrer ce qu'il ressentait bien que l'on savait qu'il nous aimait. Enfin, on l'imaginait, parce que oralement, ça n'est jamais sortit de sa bouche. Avec moi, il a toujours été brusque mais à sa manière. N'ayant jamais pu avoir d'enfants il aurait préféré que ma mère ait un garçon, pouvant, j'imagine, l'entrainer et jouer au foot avec lui.

Enfin bref, je doit être en train de me faire des idées. Voyant que cela faisait plusieurs minutes que je ne répondais pas et étais dans mes songes, je me repris et lui répondis.

- "Heu.. oui bonjour madame, oui d'accord. Quels sont les papiers à signer ? "

- "Personnellement, toi, tu n'en as pas mais j'ai préféré que l'on fasse quand même ça devant toi, pour pas qu'il n'y ait de malentendus." me répondit-elle gentiment.

- "Ho oui bien sur, vous avez bien fait."

Pendant que les adultes se préoccupaient des papiers, je me tournais vers Isabella, qui, je voyais bien, allait mal. Tout en chuchotant je lui demanda alors pourquoi était-elle triste.

- "Je vais plus pouvoir te voir si tu pars habiter loin." me dit-elle en faisant une mine boudeuse.

Tout en rigolant de sa grimace, je la rassura alors.

- "Ne t'inquiète pas pour ça. Je n'aurais ni à changer de lycée, ni à déménager. Mon oncle habite juste deux rues plus loin de chez moi. "

- "Ho! Mais c'est génial, en plus c'est encore plus près de chez moi. " me dit-elle avec des yeux aussi brillants que des yeux de petite fille devant une poupée que l'on vient de lui offrir.

L'assistante sociale nous coupa pour nous dire que tout est en ordre et que je pourrais habiter chez mon oncle, dès que j'aurais l'autorisation de sortir, vu que j'ai encore quelques examens à passer. Elle me dit ensuite au revoir et au même moment une infirmière entra demandant à tout le monde de sortir pour venir faire ma toilette. Mon oncle pris alors la parole, souhaitant s'entretenir deux minutes seul à seul avec "sa nièce chérie". L'infirmière sans hésiter lui accorda la durée demandée.

Mon oncle voulant me parler personnellement ? Et puis qu'il m'appelle "nièce chérie" ? Je trouve ça très bizarre, surtout qu'il a l'air en colère et qu'il ne m'appelle jamais avec un surnom affectif. Encore une fois j'espère me faire des idées mais je ne sais pas pourquoi je le sentais mal, même si mon oncle, ne m'a jamais paru méchant.

- "Écoute moi bien petite, tu viens peut être vivre sous mon toit mais ne crois pas que tu pourra faire ce qu'il te plait. C'est ta tante qui a voulu que l'on te recueille, mais tu connais Monica, avec son cœur tendre, voulant toujours aider les autres et puis moi je ne peux rien lui refuser à ma petite femme. " dit-il avec un petit sourire.

D'un coup, son visage devient dur et il me prit durement le visage

- "Ne t'avises surtout pas de prendre tes aises parce que je n'aurais aucun scrupule à te mettre dehors ou dans un foyer. Après tout, tout ça c'est de ta faute. » finit-il de dire, avec un sourire à faire froid dans le dos, en lâchant, et non tendrement, mon visage et en partant en claquant la porte.

Étant déjà tous sortis ; le père d'Isabelle est venu la chercher, l'assistante sociale est partie probablement chez elle, ma tante attendait sûrement sagement à la voiture et l'infirmière étant partie pour nous laisser un peu d'intimité, personne n'a pu assister à ce monologue bien plus que flippant de mon oncle, me laissant abasourdie. L'infirmière rentra.

L'accident était-il de ma faute?

la soirée qui changera ma vie à jamaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant