Saut de l'ange

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Juste un message, un dernier, juste un. Le seul qui est jamais détruit mon existence. Quelques mots gravés à l'encre électronique... Un 'Je t'aime... et ça dépasse le simple cadre de l'amitié...'.

Sa réponse fut cinglante et me laissa une larme glacée sur la joue. Un 'T mort sale PD !!'.

Le monde cruel et homophobe me laissait encore sur le banc de touche à regarder les autres s'aimaient pendant que certains souffrent de cette société qui nous ronge.

C'est la boule au ventre que je descendais les marches du bus. Mes pas se faisaient lourds sur le goudron du trottoir. Ça fait deux semaine que ce message a été reçu... Deux semaines que chaque matin je marche sur ce trottoir en rasant les murs pour ne pas être repéré de trop loin. Deux semaines que je marche en permanence avec ma capuche de mon pull vert pour qu'on ne voit pas mes larmes qui coulent sur mes joues rouges. Rouges d'avoir été frappées, rouge de souffrance et de dégoût, rouge de larmes, rouge de sang qui coule parfois quand ils y vont trop fort.

Mais aujourd'hui est un jour spécial. Un jour unique. Un jour que je mérite.

Je marche toujours sur ce trottoir, perdu dans mes pensées, sans rien voir au dehors. Ni le feu de l'aube, ni les voitures descendant vers le centre. Je marche, le dos courbé les mains croisées dans mes poches. Je passe le portail en présentant ma carte du lycée.

Je les entends derrière moi. J'accélère le pas. Ils accélèrent eux aussi.

Je me sens comme renard pris au piège parmi des clébards de chasseurs qui veulent juste m'étriper et ramener mes entrailles à leur maître.

Je sais qu'Il n'est pas là. Je sais qu'Il m'attend plus loin.

Au détour dans couloir, je le vois apparaître au loin, à l'autre bout du couloir. Il se tient debout. Sur ses lèvres, se dessine un sourire narquois. Un sourire... couvert de sang futur.

Il se tient debout devant moi. Les bras le long du corps, me défiant d'un regard perçant.

Il est vraiment beau. Ses longs cheveux blonds qui tombaient devant ses yeux par moments, ses yeux marrons qui me faisaient frémir.

- Alors ? Il veut allez où le petit PD ?!, me dit-t-il en rigolant avec ses potes.

- Si tu savais...

Je m'approche rapidement de lui puis je l'embrasse.

Ses lèvres étaient chaude et douce contre les miennes. Je me serrai contre lui un peu plus à chaque instant. Ce doux baiser sur nos lèvres me faisait trembler comme une feuille. Je sentait son torse chaud se durcir comme s'il résistait. Je passais ma main sur son dos que j'aurais voulu serrer éternellement. Je lui caressais les cheveux de mon cheveux de mon autre main. Le rêve continuait. Le baiser ne finissait pas.

Sa main se posa sur ma gorge et il serra et me projeta contre le mur.

Ma main frappa le mur avec une telle violence que l'os se brisa. Mon cou craqua et je le bougeais difficilement.

Je me relevais.

- Tu vas mourir !, me cracha t-il au visage.

- Ne te donne pas cette peine.

Je couru vers la porte donnant sur le toit. Je le bousculais pour passer. Il ne me retint même pas.

Le vent soufflait dans mes cheveux longs et noir. La brise matinal me mordait de froid. Je me tenait en équilibre sur le rebord du toit.

Le vent augmenta.

Alexandre, c'était son nom, apparu sur le seuil de la porte. Il paru choqué de me voir là. Ou alors il était choqué que je l'ai embrassé. Peu m'importe pour le moment...

- Nicolas ?

Je ne répondis pas. Un cri venant d'en bas prit mon attention. C'était un jeune fille qui regardait dans ma direction en poussant de grands cris.

- Nicolas ?

Je ne répondis toujours pas.

Le vent augmenta encore.

- Nicolas ?! Je... je...suis désolé...

Je me retournais.

- Je n'aurais jamais du t'aimer !, dis-je.

Alexandre recula, sous le choc.

- Adieu...

- Nicolas ne fait pas ça !

Je pris mon élan. Comme un cygne qui court pour décoller. Je prenais mon envol.

Je couru.

Mon pied toucha le bord du toit. Je fit un saut. Un dernier.

Un saut de l'ange, comme dans une piscine. Mais, ici, en bas, ce n'était pas une piscine qui m'attendait...

J'entendais le cri de ceux qui regardaient.

Je sentis mes os se brisaient quand ils rencontrèrent le béton.

Je sentis mon sang couler de ma bouche.

 Je sentis des larmes coulaient de mes yeux qui se refermaient pour ne plus jamais se rouvrir.

 Les anges ne pleurent jamais...Mais nous ne sommes pas des anges donc nous pleurons...


Saut de l'angeWhere stories live. Discover now