Chapitre 3 - Common Route

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L'être aimé

Je me dirigeai, curieuse, vers la direction de la foule. Que se passe-t-il... Oh non, pas encore !

Sur le sol, au milieu d'une montagne de feuilles froissées, déchirées et réduites en miettes, se trouvait Kimi, essayant de ramasser ses feuilles à travers les larmes qui menaçaient de couler sur ses joues.

Deux fois d'affilée, en deux jours ? Je fronçais les sourcils et serrai la mâchoire, me retenant de frapper quelqu'un. Et qui de toute façon ? Personne ne sait qui il est.

Et alors que j'essayai de me frayer un chemin à travers la foule, j'aperçu la dernière personne dont j'aurai soupçonné l'intervention.

Se rapprochant silencieusement, religieusement presque, Jae Won pris la main de Kimi et la releva d'un coup brusque. Il la regarda alors, de son air méprisant habituel, mais cette fois-çi accompagné d'un soupçon... de colère auquel se mélangeait de la pitié.

« Ne pleure pas pour les idiots qui t'ont fait du mal. Ça serait te rabaisser, ne leur donne pas ce plaisir. » Et de sa voix grave et autoritaire, il continua, en direction de la foule. « Et vous, qu'attendez-vous pour l'aider à ramasser ces papiers ? Essayer de servir à quelque chose au lieu de regarder la scène abrutis. » Suite à son injonction, certains se baissèrent et commencèrent à obéir.

Il sorti ensuite un mouchoir de sa poche et le donna à Kimi, qui n'avait malheureusement pas tari ses larmes. Il ne prit pas un instant de plus pour la réconforter et vînt en ma direction. Il me remarqua et quand il fut à mon niveau, ajouta :

« Oh, tu es là. Va la rejoindre, c'est ton truc de défendre les opprimés non ?" »

« Je ne savais pas que c'était également le tien. »

« Ne te berce pas d'illusions, la foule m'empêchait de passer. »

Pourquoi voudrait-il le nier ? Malgrè son air hautain qu'il préserva tout au long, il avait aidé Kimi, et cela même si il n'avait aucune raison de le faire.

« Et dis à cette idiote de ne plus rien mettre dans son casier. C'est la deuxième fois qu'on le remplis sans son accord, un pauvre crétin doit avoir un double des clés. »

Après cette dernière instruction, il quitta les lieux. Ce n'est pas une mauvaise déduction... comment n'y avais-je pas pensé ? Mais alors que j'y réfléchissai, je pris conscience de Kimi et vint la consoler. Je l'emmenai dehors, loin du vacarme de la horde d'étudiants.

« Kimi, Jae Won m'a fait une remarque très pertinente. Est-ce que tu aurai donné un double des clés à quelqu'un ? »

« N-non... »

« As-tu une idée de comment aurait-il pu se les procurer ? »

« En fait oui j'ai une idée... je les ai perdues. »

...Ça ne nous avance définitivement pas.

« Dorénavant ne mets plus rien dans ton casier. S'il à les clés il pourrait endommager tes affaires ou continuer ce qu'il à fait aujourd'hui et hier. »

« Je vais aller le vider tout de suite. »

pfiou, pauvre Kimi... j'espère voir le bout de cette injustice.

J'arrivai discrètement dans son dos. Je prêtai la plus grande attention à ne surtout pas faire un bruit ou un mouvement trop brusque. Quand je fus assez proche pour distinguer et comprendre les mots, je me mis à lire précautionneusement. Il s'avéra que ce que Sang Ho cachait à chaque fois que j'arrive n'étais d'autres qu'une histoire. Malheureusement je ne comprenais pas grand chose au déroulement, puisque j'étais prise au milieu du récit, mais le style était indéniablement bon, voire excellent.

Alors c'était ça. Pourquoi tient-il tant à le cacher ?

« C'est vraiment bien écrit » Lui chuchotai-je.

Il se retourna nerveusement et ouvris grand les yeux, visiblement surpris de me voir. Peut-être suis-je faite pour une carrière d'espionnage.

Mon voisin détourna alors les yeux sur sa feuille et me remercia faiblement. Je crus déceler du rouge sur ses joues et oreilles, mais je n'en étais pas sûre.

« Alors pour le projet dont j'ai commencé à vous parler la dernière fois. » S'écria soudainement notre professeur. « C'est un projet sur les médias. Pour vendre un produit, il faut le faire connaitre du public et c'est très utile pour ça. Quoi de mieux donc que de savoir comment ce dernier fonctionne ? »

Il continua son explication pendant 20 autres minutes. Et si le tout paraissait moyennement intéressant, la mention de deux noms me firent sursauter.

« Pour ce faire, nous allons collaborer avec le journaliste Kim Seung Joon du journal Cherry. » Le professeur expliqua que le jeune homme viendrait nous donner des conseils et serait là pour répondre à nos questions pendant toutes les séances jusqu'à la fin du projet, à partir du cours prochain.

Il prononça d'autres mots après ça mais je n'y prétai pas attention, bien trop occupée par la nouvelle. La coïncidence était vraiment forte, trop même. J'ouvrai mon portefeuille et y trouvai la carte qu'il m'avait donné. Finalement, peut-être s'avérera-t-elle utile ?

A la fin de la journée, je me dirigeai en direction de chez moi. Notre demeure consistait en une sorte de petit manoir, très luxueusement décoré et spacieux. Les plafonds semblaient tapis de plafond staff classiques qui ajoutaient énormément au côté précieux et ancien du lieu. Les murs étaient principalement blancs, ce qui rendait le tout très éclairé et propre.

Dans le couloir je rencontrai Yūki, en train de se préparer à sortir.

« Mademoiselle Jeung ! Quelle heureuse surprise ! »

« J'habite ici alors la surprise n'est pas si improbable. Et vous pouvez m'appeler Nara. »

« Alors arrêtons également les autres formalités. Et je m'apprétai à partir, alors je suis agréablement surpris de te voir avant mon départ. Je suis venu donner à ton père les photos de sa réception. »

Comme pour confirmer ses dires, ce dernier arriva dans la pièce, une photo en main.

« Dites, monsieur Fujimoto, pourriez vous faire plusieurs doubles de celle-ci ? Oh... Nara, regarde cette photo. »

Il me tendis celle qu'il tenait entre ses mains. C'était une photo de moi -prise sans que je le sache- où je souriai à mon père. Néanmoins le focus était sur mon visage souriant et je me demandai vraiment, comment avait il pu la prendre sans que je m'en aperçoive ? A moins que son zoom fut excellent, il était impossible qu'il ne fut pas tout près tant le plan sur moi était gros.

« Tu ressembles tant à ta mère sur cette photo, je la vois en toi... et ces yeux... »

« Vous êtes en effet particulièrement belle sur cette photo. »

Mon père repris la photo et la regarda encore, complètement nostalgique.

« On avait pas dit plus de formalités ? » Interrogeai-je, chuchotant presque pour que mon père n'entende pas.

« Voyons, je ne me permettrai pas de manquer de respect à la fille de mon patron, et certainement pas devant lui. » Répondit-il sur le même ton, souriant chaleureusement.

« Alors, pourriez vous en développer d'autres, en plus grande taille également ? » Continua mon père.

« Aucun soucis. »

« Bien, et à propos du projet... »

Je m'éloignai d'eux pour rejoindre ma chambre. Je ressassai l'expression de papa en regardant cette photo... ses yeux semblaient vitreux... Ma poitrine brûla en y repensant. On pouvait voir dans son regard toute la peine et l'amour qu'il avait ressenti au cours de ces 14 dernières années.

Le regard d'un homme qui à perdu l'être aimé.

Fears, Flaws & LoveOù les histoires vivent. Découvrez maintenant