30 avril 2018. Il est six heures du matin. Ça y est, c'est le « grand jour ». Le « Jour-J ». Le « D-Day ». C'est aujourd'hui que je pars pour ailleurs. « Autre part », comme diraient les deux frères. Je ne suis pas triste. Enfin, pas vraiment. Je suis sûre que tout un tas de questions vous traverse l'esprit en ce moment même. « Pourquoi n'est-elle pas triste ? Elle quitte sa famille, ses amis... Elle quitte tout. N'a-t-elle pas peur de la mort ? Tout le monde à peur de la mort. Personne ne sait ce qu'il se passe après la mort. Comment peut-elle ne pas avoir peur ? » Pour vous répondre, évidemment que c'est douloureux pour moi de quitter ma famille et mes amis. Mais je ne peux plus vivre dans ce monde, il faut que je disparaisse. Quand je serais là-bas, de l'autre côté, je me sentirais mieux, j'en suis parfaitement sûre. Et puis, de toute façon, je finirai toujours par retrouver mes proches. Tout le monde part un jour, et quand ce jour arrivera, nous nous retrouverons, et tout ira encore mieux. Vous dites qu'on ne sait pas ce qu'il y a après la mort, parce que rien n'a été prouvé scientifiquement. Je suis d'accord, on ne pourra jamais être sûrs de ce qu'il se passe une fois que l'on décède. Mais chacun ses croyances, et personnellement, je ne suis pas croyante, je n'ai pas de religion, mais je pense qu'il est possible qu'il y ait quelque chose après la mort. Vous pensez qu'il n'y a rien parce que ça n'est pas prouvé, moi je pense qu'il est possible qu'il y ait quelque chose parce que rien n'a été prouvé. Enfin bref, assez parler, il faut que je me prépare.
Je vais à la douche, je m'habille simplement, comme tous les autres jours, je fais une queue de cheval rapide, et je commence à préparer mon sac. Je descend prendre mon petit-déjeuner, et je suis accueillie par un cupcake au chocolat surmonté d'une bougie, des grands sourires, et des « joyeux anniversaire » de mes parents et de mon frère. J'en avait presque oublié mon anniversaire avec toutes ces histoires. Ils me prennent tous dans les bras. Une larme coule sur ma joue droite, mais je l'essuie avant qu'ils ne la voient.
« - Bon anniversaire ma chérie, dit ma mère en me prenant dans ses bras. 18 ans c'est pas rien, j'en reviens pas que tu sois déjà majeure.
Ma petite fille est majeure. Encore hier tu étais toute petite et tu disais ton premier « papa »... dit mon père en versant une larme. Papa... dis-je en le prenant dans mes bras, rien n'a changé, j'ai juste un an de plus ! »
Je m'avance vers mon grand frère, qui me regarde. Je fixe ses yeux et m'aperçois qu'ils pétillent. Je lui tape dans l'épaule et lance :
« - Qu'est-ce t'as bouffon ?
Bah rien du tout, pourquoi ? »
Je rigole, comme si moi-même je n'étais pas émue.
« - Tu vas pleurer ! Tu vas pleurer ! Tu vas pleurer !
Pfff, arrête de dire n'importe quoi, va ! Ça fait 18 ans que tu me gâche la vie, pourquoi je pleurerais ? Parce que tout au fond de toi tu m'aime.Euh... Nan, ça risque pas. »
Je fais mine d'être véxée, puis je pars. J'entend des pas courir vers moi.« - Bon allez c'est bon arrête de faire la gueule, bien sur que je t'aime ! Et oui je suis ému que ma petite soeur ait 18 ans aujourd'hui.
Ha ! Je le savais ! Bon, viens la minimoys. »
Il me prend dans les bras et dépose un baiser sur mon front. Je retourne dans la cuisine, et prépare un chocolat chaud, et une tartine de beurre. C'est mon petit rituel tous les matins. Une fois avoir pris mon petit-déjeuner en vitesse, je pars chercher mon sac dans ma chambre, puis redescend.
Avant de partir pour la gare, je prend dans mes bras mes parents et mon frère. J'ai un pincement au coeur quand ma mère prononce les mots « à ce soir », mais je répond quand même la même chose, accompagné d'un sourire. Je me retourne une dernière fois vers eux, je regardent dernière fois ma maison, puis je me tourne vers la porte. Une larme coule sur mon visage, mais je l'essuie du bout de la manche de mon sweat-shirt. J'ouvre la porte, et en la refermant, je chuchote « adieu », sans me retourner.
VOUS LISEZ
Ailleurs
General FictionJe m'appelle Lucie Fournier. Demain, j'aurais 18 ans. Mais demain sera aussi le dernier jour de ma vie. (1 chapitre tous les samedis et mercredis aux alentours de 18h)