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Elly m'a raconté qu'elle avait, elle aussi, vécu quelque chose de traumatisant.

Elle n'osait jamais le dire à qui que ce soit car elle ne voulait pas qu'on la voit pour la fille "fragile" ou encore "sans défense."

Mais surtout, parce qu'elle n'avait aucune preuve pour démontrer ce qu'il s'était passé.

Après la fête, Isac et Elly sont restés pour me tenir compagnie.

Nous sommes installés sur mon lit en tailleur avec des sachets de pop corn à côté de nous et le reste de bières qui restaient de la fête.

J'ai allumé une bougie pour égayer la pièce et avoir une atmosphère plus détendue.

- Je veux entendre ton histoire, dit soudainement Isac en prenant la main d'Elly pour la rassurer.

- Quelle histoire ? dit-elle en retirant sa main petit à petit de lui comme si elle ne voulait pas recevoir aucune compassion.

- Elly. S'il te plaît, insistait Isac.

Je rejoignais Isac à sa demande. J'avais le besoin de connaître cette partie d'elle, son histoire, de quoi elle était constituée. Je désirais savoir son passé et pour ainsi, me dire que c'est une fille qui a vécu des situations qui l'ont bouleversé.

- Pourquoi moi ? s'interrogeait Elly en nous balayant du regard.

- Car je t'ai entendu parlé un jour à Anja d'une expérience traumatisante et... On voudrait la connaître, répondit simplement Isac.

- Les gars... C'est gentil à vous mais... J'ai envie d'oublier vous voyez ? C'est dur de revenir sur des éléments du passé qui nous ont pas plu.

- Aller Elly ! insistait davantage Isac.

En voyant notre persévérance face à son histoire, elle céda.

- Très bien mais je veux que vous me promettez une chose avant que je commence à la raconter.

- Ça dépend ce que c'est, supposait Isac.

- Que tout ce qui est dit ici, reste ici. Dans cette chambre.

- Marché conclu ! m'exclamais-je.

- D'accord. Ça s'est donc déroulé l'année dernière, j'avais quinze ans. Mes parents m'avaient laissé manger et passer la soirée chez une amie le soir. J'avais passé une excellente soirée, la nourriture était bonne, l'alcool était présent. Il y avait tout pour survivre.

- Pas d'accord avec l'alcool, rajoutais-je.

- Chut, laisse moi parler, me reprit Elly. Donc, vers minuit je devais rentrer chez moi car mes parents m'avaient juste laissé passer la soirée chez elle. Mes autres potes étaient restées pour dormir. Malheureusement, aucune d'entre elles ne pouvaient m'accompagner mais ça ne faisait rien car j'habitais pas loin.

- Et donc après t'as vues Britney Spears sur un arbre et vous aviez chanté ensemble c'est ça ? dit sacarstiquement Isac en pouffant de rire.

- Laisse moi parler roooh !

- Oui, laisse la parler ! répliquais-je à mon tour.

- D'accord d'accord, je me tais, s'excusait-il en attrapant le paquet de pop corn à côté de lui.

- Il était minuit passé. Les rues étaient complètement désertes et il faisait froid. C'était au mois de décembre. Je courais presque pour rentrer chez moi. Un moment, je suis passé sous un lampadaire et je pouvais apercevoir une ombre derrière moi, par réflexe, je me suis retourné mais il n'y avait personne.

- Ça commence à me faire peur ton histoire là, coupa la parole Isac une énième fois.

- J'avais ressenti un frisson. Un frisson qui signifiait que je commençais à avoir peur. Je me mis à courir quand un bras surgissant de nulle part me tira dans une ruelle sombre.

Une lueur dans son regard montre qu'elle allait attaquer la partie de l'histoire la plus intense et la plus importante.

- Le premier geste que j'ai effectué c'était de mettre une baffe à celui ou celle qui m'avait attiré dans cet endroit. C'était sûrement l'ombre derrière moi qui m'avait attiré dedans. J'avais peur. Mon cœur battait à mille à l'heure. Soudainement, j'ai reçu une gifle et une voix qui me disait de me taire. C'était une voix d'homme, très mûr. Il me plaqua sur le mur et commença à enlever ma jupe ainsi que ma culotte et...

Les mains d'Elly tremblent et ses yeux sont remplis de larmes. Elle est à deux doigts de craquer. Avec Isac, nous nous rapprochons d'elle pour lui faire un câlin.

- T'es sûre que tu veux continuer ? s'inquiétait Isac.

- Oui.

D'une voix déterminée, elle continue son récit.

- Il avait sa main gauche sur ma bouche pour la garder fermée et sa main droite se baladait sur mon corps. J'essayais de me débattre de toute mes forces mais il était trop tard, il était déjà en moi. À partir de ce moment là, je me suis sentie faible. Je ne cherchais plus à me défendre car je savais que c'était trop tard. Je criais de toute mes forces mais aucun son ne voulait sortir de ma bouche. L'agresseur se retira et partit en courant. Je n'ai pas pu voir comment il ressemblait car il faisait très noir. Automatiquement, je me suis adossé à ce mur et j'ai commencé à pleurer. À chaudes larmes sans m'arrêter. J'ai dû resté là bas pendant au moins deux heures. Ces deux heures m'ont paru une éternité.

- Elly je... Désolé, prit la parole Isac en lui prenant la main.

- Désolé pour quoi ?

- De t'avoir forcé à raconter cette histoire... J'ignorais ce que tu as subis et-

- Isac. Stop. Il fallait bien qu'un jour que vous soyez au courant tout de même.

- Tu as porté plainte j'espère ? demandais-je immédiatement.

- Je n'ai pas essayé.

- QUOI ?! crais-je.

- Anja, écoute. La justice en France c'est de la merde. Tu vas porter plainte car tu as été violé mais soit le gars il aura un avertissement, donc en fait rien ou soit ils veulent des preuves. Je n'ai ni le portrait de mon agresseur, ni aucune preuve, à part mon histoire mais ils vont croire que j'invente donc laisse tomber.

- Elly je-

- Non Anja. J'insiste. Je ne veux pas porter plainte. Point final. Bon, à qui le tour maintenant ?

16 years oldOù les histoires vivent. Découvrez maintenant