Face à l'injustice

Les réseaux sociaux, sources de problèmes et de violence (réquisitoire)

Madame la ministre, mesdames messieurs les jurés, mesdames et messieurs.

J'aurais voulu défendre Marion, l'aider à surmonter le pire. Mais seulement, aujourd'hui, il est trop tard. Marion avait 13 ans et s'est donné la mort le 13 octobre 2018. Marion était une jeune adolescente pleine de vie. Une adolescente épanouie et qui vivait dans la meilleure famille qu'elle aurait pu avoir. Pourquoi ? Pourquoi me demanderiez-vous. Et bien cette ravissante jeune fille était en fait une victime.

Une victime de ces bourreaux qui, derrière leurs écrans, devenaient inhumains. Une fillette persécutée, cyber-harcelée qui ne disait rien. Qui cachait sa souffrance jusqu'au jour où elle à décider de s'exprimer. Mais non, elle n'a pas parlé. Elle a juste laissé une lettre. Une lettre à côté de son corps désormais sans vie.

Dans cette lettre, Marion s'excuse auprès de sa mère de lui avoir désobéit et d'avoir créé un compte derrière son dos. Elle s'excuse aussi d'avoir accepté l'invitation de cet homme qui l'a manipulée afin de pouvoir se procurer des photos d'elle pour les poster sur différents réseaux sociaux.

Pour éviter qu'il y ait d'autres Marion, je veux aujourd'hui accuser les réseaux sociaux pour ceux qui en sont victimes et pour ceux qui se sont donné la mort. Pour que vous tous ici, changiez votre point de vue.

D'après des études menées sur la plateforme Facebook, il y avait en janvier 2018 7.5 millions de comptes Facebook en Belgique soit 65% de la population totale. Sur ces 7.5 millions, 4,56 millions ont entre dix-huit et quarante-quatre ans. Les chiffres sont énormes et parlent d'eux même. Cette même étude nous révèle que 480 000 comptes appartiennent à des jeunes âgés entre treize et dix-sept ans. Soit 480 000 mineurs surfant librement sur ce véritable monstre virtuel qu'est Facebook.

La violence sur les réseaux sociaux, les piratages de compte ou encore l'atteinte à la vie privée ne sont malheureusement pas des phénomènes exceptionnels. Il faut protéger son compte me diriez-vous. Mais comment se protéger de tous les dangers d'internet ? Prenons quelques exemples ; En 2017, les statistiques montraient l'existence de 76 millions de faux comptes ou si nous prenons un autre exemple ; 600 000 comptes Facebook sont victimes de tentative de piratage chaque jour.

Le danger est présent à tout moment. Comment pouvez-vous être sûr que la personne à qui vous parlez est bien la bonne ?

Personne n'est à l'abris de rien sur les réseaux sociaux et cela touche toutes les générations s'y trouvant et partout dans le monde. Car derrière tout pseudo se cache un visage qui n'est peut-être pas toujours bienveillant. Comme celui de l'homme qui s'en ai pris à Marion.

Nous pouvons tous être touchés par ces violences virtuelles mais celles-ci ont également un impact psychologique. Combien de gens se voient dénigrés, humiliés, insultés publiquement ? Combien d'entre vous ont déjà été témoins ou victimes de racisme, de propos homophobes ?

A l'opposé de tout cela, il y a la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme. Dans l'article premier, il est écrit que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits. Qu'ils sont doués de conscience et qu'ils doivent agir les uns envers les autres dans un esprit de fraternité. Comment pouvons-nous en arriver à là sans réagir ? Comment pouvons-nous laisser passer cela ? La violence est hélas déjà présente sur tous les réseaux.

Je m'adresse maintenant à vous, membres du jury et à tous ici présents : imaginez-vous à la place d'une personne taguée sur un post à caractère raciste. Imaginez que vous êtes la victime d'une personne malveillante... Et maintenant, fermez les yeux et imaginez un monde sans tout cela. Un monde sans indifférence. Un monde sans réseaux sociaux.

Merci pour votre compréhension.