J'aurais voulu que tout se soit passé autrement. Je repense à tous les moments que nous avons passés ensemble. À vrai dire, j'y suis contraint, car je ne suis pas sûr qu'y repenser me fasse du bien. En revanche, je suis sûr que cela me fait du mal. Seulement voilà, il a fallu que je repasse devant ce banc. Ce banc où l'on s'est vus pour la première fois. Ce banc en vieux bois, rongé par le Temps, sur lequel nous étions assis, toi, toute de sombre vêtue mais malgré tout si rayonnante et moi, qui t'écoutait parler de ta voix douce et granuleuse, reconnaissable entre mille...
Je savais que ce chemin était mauvais, mais je l'ai tout de même continué. Et là encore, je me rappelle. Je me rappelle de chaque discussion que nous avons eu toi et moi, chacune de tes émotions chez le botaniste, et... Ton rire... Ton rire qui résonne en moi comme dans une grotte. Ne sachant vraiment pourquoi, je continuais mon chemin. Notre chemin. On dit que tous les chemins mènent à Rome, Et bien celui-ci mène au lac. Ce lac où je t'ai tant de fois emmenée pour secrètement nous y comparer. Car tu vois, cet arbre et son reflet dans le lac, ils sont un peu comme toi et moi. Toi, droite et forte, impassible face au Temps. Et moi qui, même troublé par ce Temps, ne peut se détacher de toi... Et voilà. Voilà que tout se met à revenir. Tout. Tu te souviens, cet autre banc, dans le parc ? Sur lequel je t'ai dit je t'aime. Tu te souviens ? Tous nos fous rire sur nos épines ? Nos correspondances hautes en couleurs et nos débats qui, malgré des disputes, se concluaient toujours par de vives étreintes. Tu t'en souviens ? Tous ces moments tard le soir, où l'on se contait nos deux vies ? Car moi, je m'en souviens...
Oh si tu savais comme tout cela me manque... Me voilà dans un bel état désormais. Alors, sous une pluie battante, je rentre, trempé, les lacets défaits et ma veste trainant par terre, laissant la froide pluie se mêler à mes chaudes larmes.
Non, j'aurais voulu que tout se soit passé autrement...
Mais tu es morte.
