J'étais au café de la plage avec un ami, nous parlions lui et moi et puis comme à mon habitude, j'introduisais quelques calembours à nos conversations. Ce n'était pas grand-chose, des jeux de mots la plupart du temps, parfois de simples remarques sur ce qu'il venait de dire. Quoi qu'il en soit, il riait toujours. Il faut dire qu'il était bon public. C'était un bon ami que je connaissais depuis maintenant pas mal d'années et il a toujours eu le rire facile et semblait constamment de bonne humeur. Je lui aurais donné le bon petit diable de la Comtesse de Ségur sans confessions ! Enfin, j'y réfléchirai à deux fois avant parce que j'aime beaucoup ce livre, d'autant plus que celui-ci est un cadeau de mes grand parents... Suite à un habituel tiroir -pourvu qu'il fût commode-, mon ami me fit une remarque qui me laissa de marbre. « Bah alors ? t'as mangé Un clown ? » Je fus sidéré. Car, oui. Aujourd'hui, j'ai mangé un clown. Et ce n'était pas mauvais. Ce n'était même pas prévu à la base, moi, je comptais manger des flageolets. J'adore ça ! Seulement voilà, il était je ne sais qu'elle heure et la fête battait son plein. La fête en question, c'était un anniversaire. Celui du fils de mon voisin en l'occurrence. Comme tous les enfants de son âge, il avait fait venir ses amis chez lui dans le but de le fêter en bonne compagnie. Et quoi de mieux qu'un clown pour pousser la bonne compagnie à son Paroxysme ? Le clown est venu vers 16 heures, il était habillé avec des vêtements traditionnels de clown : nez rouge, perruque bleue, la gueule enfarinée et tout le tralala. Il était très drôle visiblement, puisque les enfants riaient fort. Très fort. Très très fort ! Je les entendais de mon salon alors qu'ils étaient dans le jardin voisin. Je n'entendais qu'eux, ils devaient vraiment bien s'amuser. Non, vraiment, ce clown faisait vraiment très bien son travail. Ça le rendait très appétissant ! Je suis sorti pour voir un peu, prétextant dans ma tête tondre la pelouse. Ce que je fis, finalement. Je réfléchissais à ce que j'allais manger ce soir. Un plat de flageolets me semblait correct. Mais à force de saliver sur ce clown, eh bien j'ai changé d'avis. Manger le clown me paraissait une bien meilleure idée. Par conséquent je suis allé ranger la tondeuse dans ma cabane et j'ai pris un marteau dans la caisse à outil. Par chance, la haie qui sépare mon jardin de celui du voisin n'était pas très haute, elle s'enjambait facilement. Après avoir donc franchi la haie bien taillée par mon voisin qui ne la laissait pas voler de leurs propres ailes et pousser comme elle le voudrait, je suis allé voir le clown pour aller lui dire que je le trouvais très appétissant. Il m'a regardé avec une drôle de tête mais je suppose que c'était parce qu'il était flatté. Quoi qu'il en soit, je l'ai frappé avec mon marteau à la tête. Il est tombé par terre d'un coup, ça m'a un peu agacé mais bon, je me suis dit que c'était peu être indécent de lui en vouloir pour si peu. Enfin quand même... J'ai dû le porter pour le mettre dans mon jardin puis dans ma cuisine. Les enfants riaient toujours autant, ils riaient tellement qu'ils en pleuraient. Puis mon voisin est venu, il n'avait pas l'air normal et n'arrêtait pas de me crier dessus, je n'ai pas bien compris mais je le trouvais appétissant lui aussi. Alors je l'ai frappé aussi. Il est tombé lui aussi de la même manière. Cette fois je me suis un peu agacé. J'avais beau lui dire qu'il pouvait faire un effort, il ne me répondait pas et me regardait avec ses yeux de merlan frit. J'ai dû le porter, lui aussi. Les enfants pleuraient toujours de rire. Moi, ça m'énervait un peu car je voulais manger sans avoir à subir leurs rires toute la soirée... Enfin, j'ai donc dû tout faire tout seul. Je me suis dit que j'allais commencer la préparation maintenant, comme ça ce serait prêt pour ce soir. En regardant bien mon voisin, je me suis dit que ce n'était peut-être pas une bonne idée... Je crois que j'ai eu les yeux plus gros que le ventre... J'ai finalement laissé mon voisin dans le jardin en me disant que quelqu'un en voudrait sûrement à ma place. Et au pire je le donnerai à sa femme quand elle rentrera. Elle sera contente ! J'ai donc décidé de ne cuisiner que le clown. Le problème c'est que je n'avais jamais cuisiné de clown et sur internet il n'y a aucune recette « comment cuisiner un clown » c'est embêtant... Je me suis donc basé sur une recette de bœuf bourguignon, ça doit être pareil après tout. C'était dur de le découper parce qu'il est lourd. Mais une fois que c'était fait, j'ai jeté la tête. Je n'ai jamais aimé la tête. En revanche, j'ai gardé la langue car je sais que mon père adore la langue de bœuf. Une langue de clown, ça doit avoir le même gout... Après avoir découpé le clown en petits morceaux de 3 à 4 centimètres, j'ai fait revenir des oignons et des lardons dans une cocotte assez grande. Puis, j'ai ajouté le clown puis des carottes que j'ai fait revenir aussi. Ensuite j'ai fait un petit bouillon que j'ai versé dans la cocotte. Un peu de vin, d'ail, de sel, de poivre et d'herbes et j'ai laissé mijoter 3 bonne heures (après ébullition bien sûr). Une fois prêt, eh bien il n'y avait plus qu'à manger. Eh bien franchement, ce n'était pas mauvais. J'avais raison. Il y avait bien une ressemblance notoire avec le bœuf. Maintenant que j'y pense, mon père va être content avec sa langue de clown ! J'avais bien fait de ne pas cuisiner mon voisin car je n'avais plus faim. Alors oui, voilà. J'avais mangé un clown. Mais je ne suis pas sûr que ce soit pour ça que mon humour était de sortie...