Une goutte coula le long de la fenêtre, une seconde la suivit. La pluie. Elle soupira. Elle soupira encore une fois, avant de plonger son regard dans un profond vide. Que faire ? Elle ne savait pas. Elle n'avait nulle envie de sortir, ce temps pluvieux la déprimait, mais elle savait bien que ce n'est pas parce qu'il pleut qu'il faut s'empêcher de vivre. Alors elle sortit. Le ciel était peu couvert, le vent souffla peu. Elle n'était vêtu que d'un short et d'un t-shirt. Munie d'un parapluie elle se dirigea vers la sortie.
« Quelle journée de merde » pensait-elle. « Nous sommes en printemps, pas en hiver ! Tu m'entends dame nature ! » s'énerva-t-elle.
Mais qu'avait-elle aujourd'hui ? C'était bien la première fois que celle-ci s'énerva en plein public. De nature calme, sans histoire, elle se mit dans une telle colère que l'on ne pu la reconnaître. Elle se promena. Tout en tenant son parapluie elle marcha d'un pied rapide, trop rapide pour apprécier cette promenade. Nous pouvions penser qu'elle marchait sans but précis, pourtant, tout avait l'air planifié. Elle se dirigea d'un pas toujours aussi rapide en direction de ce qu'elle pensait être juste sur le moment. Mais est-ce véritablement le moment ? N'était-il pas encore trop tôt, n'allait-elle pas succomber à ses cicatrices ? Elle arriva à destination, face à ce cerisier imposant. Cerisier qui lui remémorait tant de souvenirs. Souvenirs remplis d'une noirceur. Noirceur remplis de morts. Elle l'admira. Elle s'approcha de lui. Le toucha des bouts des doigts. Elle n'était pas seule, mais elle ne se préoccupait pas de la jeune demoiselle à côté d'elle. Elle leva de plus en plus la tête jusqu'à tomber en arrière. Un cri retentit, c'était celle de sa voisine.
- Tout va bien ? se précipita-t-elle, quelques secondes après, encore sous le choc
- Oui. Tout va bien.
- Tu es sûre?
- Oui, laisse-moi.
Vraisemblablement, elle ne semblait pas aller si bien, une larme coula sur sa joue, mais l'inconnue ne la vit pas, confondue par les gouttes dégoulinants de la pluie sur la face de celle-ci. Mais était-elle vraiment une inconnue ? Pourquoi se tutoyaient-elles ?
Elle resta là, encore quelques instants, sous les yeux de celle-ci.
Ces yeux semblaient la transpercer, d'une douleur, peut-être de la compassion, ou du mépris, ou alors d'un signe protecteur ? Elle ne savait pas et elle ne voulait pas savoir.
Celle-ci était encore là, à côté d'elle. Sa présence l'a gênait, mais elle ne savait pas quoi dire pour qu'elle parte. Que pouvait-elle dire ? Ce n'était pas comme ci cet endroit lui appartenait. Elle était donc obligée de se coltiner sa présence.
- Qu'est-ce que cela te rappelle ? dit-elle au bout d'un moment,
Elle se mit en tailleur et répondit, d'une voix froide, vide de sentiment « La mort ».
Celle-ci ne semblait pas surprise.
- C'est drôle, moi, elle me rappelle la vie. Elle fleurit, grandit comme nous. Elle subit la pluie, le beau temps. Elle vit comme nous, des jours mauvais, des jours plus gaie. Elle entend les gens se plaindre. Elle voit les gens sourire, les gens remplis d'un bonheur immense. Tu penses qu'elle est heureuse ? Moi je pense que oui. N'est-ce pas magnifique la vie ?
- Oui, si tu le dis, fit-elle de plus en plus agacée.
Cela l'énervait. Que savait-elle ? Qui était-elle pour lui faire une leçon de morale.
De quel droit se permettait-elle. ?
Elle était de plus en plus énervée. Elle se leva. Cette journée l'ennuyait de plus en plus. Elle ignora l'inconnue et fit un pas quand elle l'entendit une dernière fois.
- Tu ne penses pas que le vrai bonheur réside en des choses banales. Comme voir le levé du soleil, entendre les oiseaux voler, voir tes parents le matin, sentir la présence de tes proches, faire les choses que tu aimes malgré les petits ennuis du quotidien ?
La voix douce et passible de cette jeune femme l'agaça. Elle serra les poings retient un souffle avant de l'expulser.
- Ferme la. FERME LA.
Elle se tourna vers elle, et fit pour la première fois depuis leur échange un regard dans sa direction.
- Ferme la ! Ferme la.
Elle n'arrivait pas à dire autre chose, cela se voyait qu'elle était énervée. Pourtant on vit sur le visage de l'inconnue un sourire. Pourquoi souriait-elle ? Ce sourire l'énerva encore plus. Nous ne pouvons pas dire qu'elle était une sainte, malgré qu'elle était vêtue de blanc. Comme elle l'avait si bien dit, elle était le parfait opposé de notre protagoniste.
- Ne t'en va pas, tu as oublié ton parapluie, dit-elle en ramassant l'objet en question.
Elle le prit, en lui arrachant des mains. Celle-ci rigola.
- Tu ne trouves pas ça drôle toi ? Nous avons l'air de deux personnes complètement différentes. Regarde-toi tu es toute en noir ! Elle souffla, puis rajouta un dernier mot. « A la prochaine ! ».
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Le temps d'un récit
Kurzgeschichten« Ose ta vie, toi seul vivra » de Jacques Salomé dans Le courage d'être soi. Elle aimerait vivre cette vie, vivre pleinement cette vie, mais elle n'en a pas le courage. Elle n'a plus aucune volonté, plus aucune conviction. Sa vie était vide de sens...