ELLE AVAIT DE BEAUX YEUX

Bagage

Les images défilent sur l'écran. Des images violentes, explicatives de comment vivre comme les normaux. Matt se sent perdu, certaines scènes lui semblent étranges, il voit des hommes et des femmes se tenir la mains, il découvre le principe du mariage, des couples, de l'amour. Amour. Un mot qu'il découvre pour la première fois. Le monde extérieur en dehors de ses missions semblent l'effrayer. Ce qui lui paraît le plus déroutant, c'est que ce sentiment est présenté de manière schématique, une norme à laquelle chaque individu est confronté dans le but d'avoir une foyer.

Foyer... Famille, cela lui paraît inconnue. Il n'a jamais connu ou même entendu ces termes. Alors le comprendre est encore plus troublant. Les images défilent... La violence, ça, il connaît. Aussi loin qu'il se souvienne, les combats, les coups, il en donne et en reçoit.

Petit... Matt se souvient. Il n'était pas tous les autres enfants, il n'a jamais su pourquoi, mais il a toujours été quasi insensible à la douleur, un garçon meurtri, mais doux et brave. Pour lui apprendre, il recevait bien des coups pour surmonter la douleur lorsqu'elle atteint son paroxysme. Les bleus, les fractures, les entailles, oui il en a eu beaucoup mais désormais, c'est lui qui les fait. Étonnamment, la violence ne lui est pas capitale, au contraire, il préfère l'oublier. Ces semaines de repos l'aideront à s'éloigner de son monde.

Il ne prête guère attention aux images et aux indications de la vidéo, il se replonge dans ce soir... Ses beaux yeux le plonge dans un bien être profond. Que va t il lui dire en la voyant ? Va t il la retrouver ? Se souviendra t elle de lui ?

Les lumières de la salle s'allument, la vidéo s'arrête. Matt est brusqué quelques secondes. Oméga entre dans la pièce, le visage ferme et l'interroge.

-as tu bien tout compris ?

-Oui monsieur, répond Matt.

-Tu es sûr de vouloir partir ?

-Oui monsieur...

-Dans ce cas tes affaires t'attendent dans la sasse, tu sais quoi faire après...

-Oui monsieur.

Matt se lève en direction de la porte.

-Attends, dit Oméga.

Matt se tourne vers lui, la peur d'être découvert, il le sait... Il n'a pas le droit de côtoyer certain normaux, surtout... Il ne peut les côtoyer plus d'une semaine, il doit disparaître tel un doux rêves, mais cela n'est pas dans ses intentions.

-Tiens, dit Oméga en lui tendant une enveloppe.

Matt la saisie, intrigué.

-Tu as de faux papiers d'identités, 5 en tout, des clefs d'appartements dans différentes villes, de l'argent avec une carte bancaire. Pas de dérapage ou d'exentricité compris ?

-Oui monsieur.

-Prends soin de toi. Et reviens quand tu te sentiras mieux. Fais attention le monde extérieur n'est pas aussi bien que l'on pourrait imaginer...

-Je prendrais mes dispositions.

-Bien... Au revoir...

-Au Revoir.

Oméga laisse celui qu'il considère comme son fils s'éloigner de plus en plus, sans se douter un instant qu'il mettra en péril tout ce qu'il a construit pendant des années...

Les portes du garages s'ouvre, une lumière aveuglante s'en dégage, Matt est prêt. Dans son 4x4 noir, il charge ses affaires puis s'installe afin de goûter a ce qu'il n'a jamais connu... La liberté. Lorsqu'il prend la route, un léger pincement au cœur lui prend, il affronte une chose qu'il n'a jamais connu jusque là. La peur de ne pas réussir à lui parler, la retrouver est une chose facile mais prendre son courage à deux mains pour entamer une discussion censé afin de la connaître. Ce n'est pas si facile qu'il paraît, il devra braver l'interdit, désobéir, chose qu'il n'a jamais fait. Ce goût de l'aventure l'amène à se pincer les lèvres, serrer le volant et inspiré un grand coup. L'inconnu s'offre à lui, il est prêt a tout pour elle.